230
MÉLANGES ASSYRIOLOGIQUES
tomber l'instrument de son activité. Ne disons-nous pas en français d'un homme pares-
seux ou découragé qu'il laisse tomber ses bras de découragement ou de fatigue?
3° Dans plusieurs passages consacrés à rénumération de membres du corps, le mot
ahu vient immédiatement avant les mots qui désignent les jambes ou les pieds, u..g.
Descente d'Istàr, recto, 11,12 : murus a-hi a[-nà a-hi-]su munis sêpî a[-na sêpî]-su;
III R. 65, 44-46, b; IV Harper (n° 348), Km. 67, recto, 6, 7; V Harper (n° 460),
K. 1250, verso, 6. Cette relation établie entre ahu et sêpu est assez étrange si ahu
signifie «côté»; elle est toute naturelle s'il signifie «bras». Or, ce sens ressort non
seulement de la position du mot, mais encore de tout le contexte.
III R. 65, 44-46, b, il est question en effet des présages tirés "de la conformation
d'un isbu, c'est-à-dire d'un animal né avant terme ou dans des conditions défectueuses
(voir Jensen; KB., VI, p. 342), et en particulier de la position de ses kursinnu :
summa is-bu ina a-hi-su sa imitti kur-sin-ni a-hi-tum us-qa-lal. . .
summa is-bu ina irbi{bi)-su kur-sin-na-a-tum a-fya-a-tum us-qa-lal. . .
summa is-bu ina iq-bi imitti-su kur-sin-ni a-hi-tum us-qa-lal
Je ne puis pas préciser le sens de kursinnu, mais, d'après le même texte, 1. 39, b,
le quadrupède a quatre kursinnu, ceux de devant et ceux de derrière. Ce mot désigne
donc probablement une partie de la jambe, ou plutôt peut-être d'après la 1. 46, une partie
du pied. Donc, si le mot ahi, 1. 44, signifiait « côté », le scribe n'aurait pas dit kursinni
ahitum, « un kursinnu autre » que celui qui convient, mais simplement kursinni, car
il n'est aucune partie de la jambe qui doive se placer au côté. La présence du qualificatif
ahitu prouve donc que ce qu'il y a d'anormal dans cet isbu, ce n'est pas que son ahu
droit soit pourvu d'un kursinnu, mais qu'il soit pourvu d'un kursinnu qui n'est pas le
sien; donc, ahu signifie ici «jambe»; littéralement « bras de quadrupède ».
De plus, à la ligne suivante, il y a évidemment un mot sous-entendu après irbi,
« quatre » : « Si un isbu a d'autres kursinnu à ses quatre. » Quel peut être ce mot si ce
n'est ahi, la partie du corps nommée immédiatement au-dessus dans la ligne précé-
dente, et comme un animal n'a pas quatre côtés, encore à ce point de vue ahu ne peut
désigner que « les jambes » de l'animal.
IV Harper (n° 348), Rm. 67, recto, 6-8, le scribe rappelle la plainte que le roi lui
a adressée sur son état maladif : a-hi-ia se-pi-ia la-mu-qa-a-a ù-ma-a ênê'2-ia la a-pat-ti,
« mes ahu, mes pieds, sont sans force; et encore : je ne puis pas ouvrir mes yeux ». —
Mais on ne dit pas des côtés qu'ils sont sans force, on dit qu'ils sont douloureux; cela se
dit très bien, au contraire, des bras comme des jambes. Ici encore, ahu a donc le sens
de « bras ».
Il en est de même dans V Harper (n° 460), K. 1250, verso : a-hu à sêpa~ siparri
il-ta-kan-su, « on lui a mis des fers au bras et aux pieds ». On ne met pas de fers
aux côtés.
La locution que nous avons ici répond absolument à celles où figurent les mots
isqâti et biriti, « entraves », « fers » : ina sissi is-qa-ti parzilli bi-ri-ti parzilli utam-
meha qâtà u sêpâ, V R. 3, 59, etc.; voir Delitzsch, AHW., p. 147, b.
MÉLANGES ASSYRIOLOGIQUES
tomber l'instrument de son activité. Ne disons-nous pas en français d'un homme pares-
seux ou découragé qu'il laisse tomber ses bras de découragement ou de fatigue?
3° Dans plusieurs passages consacrés à rénumération de membres du corps, le mot
ahu vient immédiatement avant les mots qui désignent les jambes ou les pieds, u..g.
Descente d'Istàr, recto, 11,12 : murus a-hi a[-nà a-hi-]su munis sêpî a[-na sêpî]-su;
III R. 65, 44-46, b; IV Harper (n° 348), Km. 67, recto, 6, 7; V Harper (n° 460),
K. 1250, verso, 6. Cette relation établie entre ahu et sêpu est assez étrange si ahu
signifie «côté»; elle est toute naturelle s'il signifie «bras». Or, ce sens ressort non
seulement de la position du mot, mais encore de tout le contexte.
III R. 65, 44-46, b, il est question en effet des présages tirés "de la conformation
d'un isbu, c'est-à-dire d'un animal né avant terme ou dans des conditions défectueuses
(voir Jensen; KB., VI, p. 342), et en particulier de la position de ses kursinnu :
summa is-bu ina a-hi-su sa imitti kur-sin-ni a-hi-tum us-qa-lal. . .
summa is-bu ina irbi{bi)-su kur-sin-na-a-tum a-fya-a-tum us-qa-lal. . .
summa is-bu ina iq-bi imitti-su kur-sin-ni a-hi-tum us-qa-lal
Je ne puis pas préciser le sens de kursinnu, mais, d'après le même texte, 1. 39, b,
le quadrupède a quatre kursinnu, ceux de devant et ceux de derrière. Ce mot désigne
donc probablement une partie de la jambe, ou plutôt peut-être d'après la 1. 46, une partie
du pied. Donc, si le mot ahi, 1. 44, signifiait « côté », le scribe n'aurait pas dit kursinni
ahitum, « un kursinnu autre » que celui qui convient, mais simplement kursinni, car
il n'est aucune partie de la jambe qui doive se placer au côté. La présence du qualificatif
ahitu prouve donc que ce qu'il y a d'anormal dans cet isbu, ce n'est pas que son ahu
droit soit pourvu d'un kursinnu, mais qu'il soit pourvu d'un kursinnu qui n'est pas le
sien; donc, ahu signifie ici «jambe»; littéralement « bras de quadrupède ».
De plus, à la ligne suivante, il y a évidemment un mot sous-entendu après irbi,
« quatre » : « Si un isbu a d'autres kursinnu à ses quatre. » Quel peut être ce mot si ce
n'est ahi, la partie du corps nommée immédiatement au-dessus dans la ligne précé-
dente, et comme un animal n'a pas quatre côtés, encore à ce point de vue ahu ne peut
désigner que « les jambes » de l'animal.
IV Harper (n° 348), Rm. 67, recto, 6-8, le scribe rappelle la plainte que le roi lui
a adressée sur son état maladif : a-hi-ia se-pi-ia la-mu-qa-a-a ù-ma-a ênê'2-ia la a-pat-ti,
« mes ahu, mes pieds, sont sans force; et encore : je ne puis pas ouvrir mes yeux ». —
Mais on ne dit pas des côtés qu'ils sont sans force, on dit qu'ils sont douloureux; cela se
dit très bien, au contraire, des bras comme des jambes. Ici encore, ahu a donc le sens
de « bras ».
Il en est de même dans V Harper (n° 460), K. 1250, verso : a-hu à sêpa~ siparri
il-ta-kan-su, « on lui a mis des fers au bras et aux pieds ». On ne met pas de fers
aux côtés.
La locution que nous avons ici répond absolument à celles où figurent les mots
isqâti et biriti, « entraves », « fers » : ina sissi is-qa-ti parzilli bi-ri-ti parzilli utam-
meha qâtà u sêpâ, V R. 3, 59, etc.; voir Delitzsch, AHW., p. 147, b.