CHAPELLE D'UN MNÉVIS DE RAM SES III
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CHAPELLE D'UN MNÉVIS DE RAMSÈS III
PAR
Ahmed-Bey Kamal
Dans mon ouvrage sur Héliopolis, publié en 1896 (p. 7-8), j'avais fait l'observation,
après dix-huit mois de fouilles, qu'il était indispensable, avant de mettre en vente la
plaine héliopolitaine, de n'en céder que les parcelles déjà sondées. Malheureusement
aucune mesure de conservation n'a été prise à cet égard, si bien que non seulement la
plaine a été vendue, mais aussi tous les endroits environnant la ville sacrée du Soleil.
La conséquence cle cette conduite a été que nous trouvons maintenant, dans ces
terrains vendus aux particuliers, des monuments précieux qui auraient pu être con-
servés sur place, si le terrain était resté propriété de l'État.
Au mois d'avril 1902, un Grec, du nom d'Ambroise Jean, soupçonnant pouvoir
trouver quelques monuments dans un terrain situé à Arabe-Abou-Tawil, au nord
d'Héliopolis, passa un acte sous seing privé avec le propriétaire nommé El-Hag
Mohamed Abou-Tawil, par lequel ce dernier l'autorisa a fouiller dans sa propriété,
sous condition de partager la valeur des objets antiques qu'il pourrait y trouver dans
la proportion d'un tiers au propriétaire et de deux tiers an Grec. Les fouilles exécutées
par ce dernier mirent à jour le tombeau d'un taureau Mnévis1, bâti par Ramsès III.
Dès que les murs parurent, il vint directement me trouver chez moi et me donna le
détail de sa découverte. Voyant l'importance de ce monument, et aidé par M. A. Bar-
santi, conservateur-restaurateur au Musée, j'obtins de M. le Directeur général l'achat
de cette chapelle pour le prix de trente livres sterling.
Au nord d'Héliopolis, à deux kilomètres environ, existait un cimetière antique,
qui renfermait des tombeaux destinés à recevoir les momies des taureaux Mnévis re-
montant à la XXe dynastie, et celles de leurs adorateurs à cette époque et aux temps
postérieurs. Presque toutes les stèles funéraires2 et les débris qu'on en a recueillis de ce
cimetière sont ornés de représentations de Mnévis, qui est l'incarnation du soleil. L'an
dernier, un tombeau de ce dieu local fut découvert et emporté à l'insu du Musée. Le
tombeau de cette année a été fait de quatre assises, dont les trois supérieures sont cou-
vertes de représentations et d'inscriptions, et la dernière reste en blanc. Il n'a qu'une
seule porte ouvrant au sud vers la ville du Soleil et mesurant lm 20 de large. Cette
porte était bouchée .par une seule dalle. La chapelle elle-même a 5m86 de large sur
7m79 de long, et elle était couverte par dix dalles ne portant ni inscriptions ni repré-
1. Numéro d'inventaire 35736.
2. Cf. p. 194 de mon étude sur Héliopolis, la stèle de (I £\A (I ^\ H?*, blanchisseur au temple du
Soleil.
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CHAPELLE D'UN MNÉVIS DE RAMSÈS III
PAR
Ahmed-Bey Kamal
Dans mon ouvrage sur Héliopolis, publié en 1896 (p. 7-8), j'avais fait l'observation,
après dix-huit mois de fouilles, qu'il était indispensable, avant de mettre en vente la
plaine héliopolitaine, de n'en céder que les parcelles déjà sondées. Malheureusement
aucune mesure de conservation n'a été prise à cet égard, si bien que non seulement la
plaine a été vendue, mais aussi tous les endroits environnant la ville sacrée du Soleil.
La conséquence cle cette conduite a été que nous trouvons maintenant, dans ces
terrains vendus aux particuliers, des monuments précieux qui auraient pu être con-
servés sur place, si le terrain était resté propriété de l'État.
Au mois d'avril 1902, un Grec, du nom d'Ambroise Jean, soupçonnant pouvoir
trouver quelques monuments dans un terrain situé à Arabe-Abou-Tawil, au nord
d'Héliopolis, passa un acte sous seing privé avec le propriétaire nommé El-Hag
Mohamed Abou-Tawil, par lequel ce dernier l'autorisa a fouiller dans sa propriété,
sous condition de partager la valeur des objets antiques qu'il pourrait y trouver dans
la proportion d'un tiers au propriétaire et de deux tiers an Grec. Les fouilles exécutées
par ce dernier mirent à jour le tombeau d'un taureau Mnévis1, bâti par Ramsès III.
Dès que les murs parurent, il vint directement me trouver chez moi et me donna le
détail de sa découverte. Voyant l'importance de ce monument, et aidé par M. A. Bar-
santi, conservateur-restaurateur au Musée, j'obtins de M. le Directeur général l'achat
de cette chapelle pour le prix de trente livres sterling.
Au nord d'Héliopolis, à deux kilomètres environ, existait un cimetière antique,
qui renfermait des tombeaux destinés à recevoir les momies des taureaux Mnévis re-
montant à la XXe dynastie, et celles de leurs adorateurs à cette époque et aux temps
postérieurs. Presque toutes les stèles funéraires2 et les débris qu'on en a recueillis de ce
cimetière sont ornés de représentations de Mnévis, qui est l'incarnation du soleil. L'an
dernier, un tombeau de ce dieu local fut découvert et emporté à l'insu du Musée. Le
tombeau de cette année a été fait de quatre assises, dont les trois supérieures sont cou-
vertes de représentations et d'inscriptions, et la dernière reste en blanc. Il n'a qu'une
seule porte ouvrant au sud vers la ville du Soleil et mesurant lm 20 de large. Cette
porte était bouchée .par une seule dalle. La chapelle elle-même a 5m86 de large sur
7m79 de long, et elle était couverte par dix dalles ne portant ni inscriptions ni repré-
1. Numéro d'inventaire 35736.
2. Cf. p. 194 de mon étude sur Héliopolis, la stèle de (I £\A (I ^\ H?*, blanchisseur au temple du
Soleil.
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