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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 25.1903

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Lacau, Pierre: Métathèses apparentes en égyptien
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12430#0151

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MÉTATHÈSES APPARENTES EN ÉGYPTIEN

139

MÉTATHÈSES APPARENTES EN ÉGYPTIEN

par

Pierre Lacau

Les métathèses sont très fréquentes en égyptien à toutes les époques. On en a
relevé de nombreux exemples parfaitement sûrs'. Mais l'étude de ce phénomène, assez
complexe clans toutes les langues au seul point de vue phonétique2, présente en égyp-
tien une difficulté spéciale qui tient à la nature du système graphique employé.

On a constaté depuis longtemps que les scribes changent très facilement Tordre
naturel des signes pour obtenir un meilleur groupement : pour I X pour

1_û|^3. Le désir de placer les lettres d'une manière plus agréable suffit à déformer

complètement l'aspect extérieur d'un groupe, sa lecture restant d'ailleurs identique.
Dès lors, quand nous rencontrons un mot sous une double orthographe, nous devons
nécessairement nous demander si nous ne sommes pas en présence d'un changement
purement graphique, avant d'admettre que le déplacement des signes correspond à une
métathèse réelle. C'est une question préalable qui s'impose.

Je voudrais précisément examiner aujourd'hui toute une série de métathèses qui
me semblent purement apparentes et sans portée phonétique.

Je rappelle comment on peut s'expliquer très naturellement le sentiment qui guidait
les scribes. Toute ligne verticale ou horizontale'' formait un espace nettement limité
par deux traits équidistants. Pour remplir cet espace d'une manière qui ne fut pas
choquante, on devait naturellement chercher à équilibrer aussi exactement que possible
les vides et les pleins, les noirs et les blancs. C'était à la fois économiser la place et
éviter des trous clans l'ensemble de la ligne. Il faut nécessairement oublier ici nos
systèmes graphiques modernes, composés de deux ou trois douzaines de lettres presque
amorphes et d'égale importance, à peu près, comme apparence extérieure. Les signes
hiéroglyphiques, au contraire, constituent un ensemble de formes extrêmement diffé-
rentes les unes des autres et en même terrffxs très fixes, puisqu'elles sont la représenta-
tion d'objets déterminés. Pour faïr/e' tenir côte à côte dans une ligne des figures aussi
précises et aussi opposées, on modifia de Jbonne heure leurs proportions relatives. La

1. Consulter Maspero, Mg. Zeit., 1882, p. 131; Erman, jEcj. Zeit., XXIX, p. 88, et JEg. Qram. (1902), § 78;
Max Mùllkr, AZg. Zeit., XXXII, p. 27 et sqq. — Mais c'est M. Sethe qui le premier a cherché à grouper les
faits d'une manière systématique. Dans le volume I de son Verbum, consacré à la phonétique, il a examiné les
différentes métathèses auxquelles chaque consonne pouvait être soumise. Je m'appuie naturellement ici sur les
matériaux considérables qu'il a réunis. Toutes les références que j'ajoute aux formes qu'il a citées ont pour but
de mieux montrer la fréquence du phénomène sous l'Ancien-Empire et d'écarter absolument l'hypothèse qu'on
aurait affaire à de simples erreurs de scribes.

2. On sait que la métathèse et la dissimilation sont en linguistique les phénomènes qui semblent les plus
capricieux et les plus difficiles à réduire en lois.

. 3. Erman, JEg. Gram. (1894), § 7. Dans la seconde édition (1902), M. Erman semble abandonner cette
explication pour les deux exemples cités ici. Cf. §§ 7 et 78.

4. Peu importe en ce moment laquelle des deux directions a dû précéder l'autre (cf. Erman, ALg. Gram.
(1902), § 5) : il y a eu, je crois, des groupements artificiels différents, qui étaient plus spécialement nécessaires
dans chacun de ces deux cas.
 
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