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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 26.1904

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Lacau, Pierre: Textes religieux, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12681#0072

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TEXTES RELIGIEUX

plaires les plus fautifs sont les plus précieux, non pas naturellement pour l'établisse-
ment du texte lui-même, mais pour la phonétique et la morphologie de la langue. Dans
l'écriture hiéroglyphique, une part considérable des sons nous échappent. L'ortho-
graphe normale et classique nous donne seulement l'aspect extérieur du mot. Quand
nous avons affaire à des scribes suffisamment ignorants ou distraits, des fautes dans
lesquelles le son l'emporte sur la forme nous font pénétrer à l'intérieur même du
mot et saisir les modifications intimes que l'orthographe traditionnelle et correcte ne
trahit jamais (place des voyelles, place de l'accent, état construit, etc.).

Nos copies sont successives et s'étendent souvent sur de longues périodes. Or, ce
sont des copies de textes compris au moins en gros et appartenant à la langue parlée,
c'est-à-dire subissant dans une certaine mesure le sort de cette langue parlée. Par
suite, ces textes sont susceptibles d'être rajeunis volontairement ou inconsciemment
(tandis que le texte d'un auteur classique, par exemple, demeure fixé une fois pour
toutes). Souvent on respectait le texte aveuglément, surtout dans les passages qu'on
comprenait mal, mais souvent aussi on le rajeunissait. Les changements portent sur
le vocabulaire : un terme vieilli peut être remplacé; ou sur la grammaire : une forme
verbale, une tournure, une préposition, disparaissent pour faire place à d'autres plus
récentes. On saisit sur le vif la chronologie des faits grammaticaux clans une même
localité et les particularités dialectales distinguant les différentes localités. Que l'on
réfléchisse à l'importance qu'aurait pour un romaniste une série de copies successives
d'une même prière, en français par exemple, dans lesquelles se refléteraient plus ou
moins complètement les modifications de la langue du IXe au XVIe siècle. Ce sont
des documents cle même ordre et de même portée que nous avons en égyptien. Évi-
demment l'intérêt ne consiste pas seulement ici à rétablir le texte dans sa correction
primitive, mais encore et surtout à suivre les modifications qu'il a subies.

Je publierai tous les chapitres sans commentaire. Cette méthode est toujours dan-
gereuse, et la vraie garantie de correction d'un texte, c'est la discussion de chaque
mot. Mais une traduction sommaire est à la portée cle tous les égyptologues et une
traduction commentée retarderait par trop cette publication. Il faut aller au plus
pressé. Il ne s'agit pas ici de donner une édition critique, mais de réunir des matériaux
pour en faire une. J'ai voulu simplement mettre à la disposition du lecteur tous les
éléments que peut fournir la collation des manuscrits pour l'établissement du texte.
C'est, de toutes façons, un travail préalable nécessaire. Je le publie tel quel, sans en
tirer aucune conclusion pour le moment.

Je donne une transcription des hiéroglyphes cursifs1. J'ai reproduit tous les
signes dont je ne voyais pas la transcription hiéroglyphique, en multipliant les points
d'interrogation partout où l'on pouvait hésiter sur la forme réelle. J'ai conservé sans
exception toutes les particularités orthographiques, même les plus insignifiantes en
apparence. Dans une écriture aussi complexe, une quantité de procédés et d'habitudes
graphiques ont varié suivant les époques et les localités : ce sont des éléments impor-

1. Je laisse doue de côté toute la paléographie qui demanderait une étude spéciale.
 
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