L'ÉCRITURE DES TABLETTES DE L'ÉPOQUE D'URUKAGINA
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son obliquité et subsiste sous la forme d'un apex initial, la deuxième devient horizon-
tale et la dernière est représentée par un clou vertical. La tête a conservé la position
qu'elle occupait dans les étapes successives par lesquelles a passé le clou, en passant
progressivement de la direction oblique primitive à la verticalité. Il semble même que
le scribe, après avoir admis dans les seuls trois signes SU, DA, ID cette forme anor-
male, s'est plu à l'accentuer, pour bien montrer qu'elle était voulue; peut-être aussi
considérait-il le large empâtement donné à la tête du clou comme très propre à rappeler
la protubérance de la base du pouce, telle qu'elle existait dans l'image primitive.
En résumé, â cette époque où l'écriture sur argile atteint un degré de régularité et
d'élégance qui ne sera pas dépassé, tout en conservant des réminiscences souvent sai-
sissantes des images primitives, tous les signes dérivés de l'image de la'main (n° 13)
sont définis par les caractères suivants :
— Une série de lignes horizontales figurant les doigts;
— Un apex oblique figurant le pouce, une large tête de clou placé du même coté
que l'apex et correspondant à la protubérance de la base du pouce.
Cette définition générale nous permet de rattacher d'une façon certaine à l'image de
la main une forme archaïque dont l'assimilation avait échappé à Amiaud et à Delitzsch.
C'est' le signe n° 10 de notre tableau, assimilé à GAB par Scheil, n° 192 de son Recueil.
Le signe moderne est devenu méconnaissable, mais sa signification sumelu « main
gauche » était de nature à faire présumer son origine; la forme qu'il affecte à l'époque
d'Urukaginâ équivaut à une démonstration rigoureuse de la légitimité de l'assimilation.
S'il est incontestable que le signe n° 10 est la représentation du bras gauche, il
en résulte que le signe DA (n° 5), qui a une forme inverse et auquel nous connaissons
la signification vague de « côté », dérive de l'image du bras droit; par suite aussi, le
signe SU, usité avec l'idée générale de « main » et souvent avec le sens de « réunion »,
est spécialement la main droite.
Il a pu exister un signe dérivé de la main gauche. Il n'a pas encore été retrouvé
isolé, mais il fait partie intégrante du signe GAB; de plus, dans les tablettes d'Uru-
kaginâ et dans l'obélisque de Manistu-irba, on le trouve fréquemment en composition
avec KA dans le signe composé karibu. Il se distingue du signe SU en ce que le pouce
se trouve à la partie supérieure au lieu d'être à la partie inférieure (voir nos 38, 39, 41).
En ce qui concerne spécialement l'époque d'Urukaginâ, je ne saurais trop insister
sur la scrupuleuse exactitude avec laquelle les scribes distinguaient par la position de
l'apex et de la tête du clou les signes dérivant des images de la main gauche et de la
main droite.
Les caractères distinctifs sont assez précis pour permettre de classer, parmi les
signes dérivés des images des deux mains, un signe dont l'origine a échappé jusqu'à
présent à toutes les investigations.
On rencontre assez fréquemment dans les tablettes d'Urukaginâ et de ses prédéces-
seurs immédiats un signe composé du signe SE et d'un autre signe très compliqué,
dans lequel je n'hésite pas à reconnaître une main gauche superposée à une main droite.
Dans les tablettes de l'époque de Sargon, la forme se modifie un peu, les deux clous
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son obliquité et subsiste sous la forme d'un apex initial, la deuxième devient horizon-
tale et la dernière est représentée par un clou vertical. La tête a conservé la position
qu'elle occupait dans les étapes successives par lesquelles a passé le clou, en passant
progressivement de la direction oblique primitive à la verticalité. Il semble même que
le scribe, après avoir admis dans les seuls trois signes SU, DA, ID cette forme anor-
male, s'est plu à l'accentuer, pour bien montrer qu'elle était voulue; peut-être aussi
considérait-il le large empâtement donné à la tête du clou comme très propre à rappeler
la protubérance de la base du pouce, telle qu'elle existait dans l'image primitive.
En résumé, â cette époque où l'écriture sur argile atteint un degré de régularité et
d'élégance qui ne sera pas dépassé, tout en conservant des réminiscences souvent sai-
sissantes des images primitives, tous les signes dérivés de l'image de la'main (n° 13)
sont définis par les caractères suivants :
— Une série de lignes horizontales figurant les doigts;
— Un apex oblique figurant le pouce, une large tête de clou placé du même coté
que l'apex et correspondant à la protubérance de la base du pouce.
Cette définition générale nous permet de rattacher d'une façon certaine à l'image de
la main une forme archaïque dont l'assimilation avait échappé à Amiaud et à Delitzsch.
C'est' le signe n° 10 de notre tableau, assimilé à GAB par Scheil, n° 192 de son Recueil.
Le signe moderne est devenu méconnaissable, mais sa signification sumelu « main
gauche » était de nature à faire présumer son origine; la forme qu'il affecte à l'époque
d'Urukaginâ équivaut à une démonstration rigoureuse de la légitimité de l'assimilation.
S'il est incontestable que le signe n° 10 est la représentation du bras gauche, il
en résulte que le signe DA (n° 5), qui a une forme inverse et auquel nous connaissons
la signification vague de « côté », dérive de l'image du bras droit; par suite aussi, le
signe SU, usité avec l'idée générale de « main » et souvent avec le sens de « réunion »,
est spécialement la main droite.
Il a pu exister un signe dérivé de la main gauche. Il n'a pas encore été retrouvé
isolé, mais il fait partie intégrante du signe GAB; de plus, dans les tablettes d'Uru-
kaginâ et dans l'obélisque de Manistu-irba, on le trouve fréquemment en composition
avec KA dans le signe composé karibu. Il se distingue du signe SU en ce que le pouce
se trouve à la partie supérieure au lieu d'être à la partie inférieure (voir nos 38, 39, 41).
En ce qui concerne spécialement l'époque d'Urukaginâ, je ne saurais trop insister
sur la scrupuleuse exactitude avec laquelle les scribes distinguaient par la position de
l'apex et de la tête du clou les signes dérivant des images de la main gauche et de la
main droite.
Les caractères distinctifs sont assez précis pour permettre de classer, parmi les
signes dérivés des images des deux mains, un signe dont l'origine a échappé jusqu'à
présent à toutes les investigations.
On rencontre assez fréquemment dans les tablettes d'Urukaginâ et de ses prédéces-
seurs immédiats un signe composé du signe SE et d'un autre signe très compliqué,
dans lequel je n'hésite pas à reconnaître une main gauche superposée à une main droite.
Dans les tablettes de l'époque de Sargon, la forme se modifie un peu, les deux clous