40 UN MONUMENT NOUVEAU DE SHESHONQ I"
Les fiefs étaient naturellement d'une étendue proportionnée à l'importance de la fonc-
tion, et, dans un cas tel que le présent, ils payaient une quote-part d'impôt d'autant plus
forte qu'ils étaient eux-mêmes plus riches, par suite, que la fonction était plus relevée
dans la hiérarchie. La liste de notre monument, si elle était intacte, nous fournirait le
cadre de l'administration de la principauté d'Héracléopolis aux débuts de la XXIIe dy-
nastie. C'est en tête le généralissime des armées locales, avec une fortune telle qu'à
lui seul il paie presque le sixième de l'impôt, soixante bœufs, soit deux mois de boeufs :
ici, le titulaire est Nemarôti lui-même. Le domaine suivant est celui qui constitue le
douaire de la mère ou de la femme du généralissime, ici, ce semble, Isemkhabiou :
(rois bœufs. Les deux domaines suivants appartiennent encore à des chefs militaires, le
général des Touharou ^ \*T^\ d'Oùasim.ariya et celui des Tou/iarou d'Héracléo-
polis : je crois, sans pouvoir Paffirmer; que les Touharou étaient des colons militaires
astreints héréditairement au service, et, en ce cas, les Touharou d'Oùasimarîya seraient
les descendants d'une colonie militaire installée à Héracléopolis par Ramsès II et qui
aurait conservé le nom de son fondateur, comme firent plus tard les colonies militaires
macédoniennes au Fàyoum. Leur cote, qui est de dix bœufs pour chacun des domaines,
montre l'importance du rôle que jouait leur chef dans l'administration provinciale.
Après ces hauts personnages, c'est le tour du sacerdoce et des fonctionnaires militaires
de second rang, chefs des soldats de marine, majordome du généralissime, intendants
militaires, scribes des forteresses. Le temple d'Harsaphès et son clergé avaient, ainsi
qu'il convenait à l'apanage et aux serviteurs du grand dieu local, la suprématie sur les
autres temples et les autres clergés; Khnoumourà ne venait qu'après lui. Il y a pourtant
dans l'énumération des personnages tels que le prophète du dieu-scribe Thot, dont je
ne m'explique pas la place. Les villes sont énumérées nommément : c'était la commu-
nauté qui payait. Leurs noms sont composés parfois avec des noms d'homme, probable-
ment celui du fondateur, comme c'est le cas, aujourd'hui encore, pour les villages
qui se sont formés autour de l'ëzbèh d'un riche propriétaire. Une seule d'entre elles me
parait pouvoir être, dès à présent, placée sur le terrain, une n ~ç==^ & Pousiri, qui est
probablement Abousir-el-Malak. Quant aux ^>j^@ ( ( ( ouahâou, ils sont représentés,
comme je l'ai dit, surtout par les corporations ou par les individus qui fréquentent la
zone bordière du nome, par des personnages attachés aux bestiaux grands et petits, par
des jardiniers, des artisans, des carriers, des maçons, les prêtres des petites chapelles
établies dans la région, tous gens assez pauvres, puisque leur quote-part s'élève à
trente-cinq bœufs en tout : les fabricants de chars figurent dans cette catégorie, proba-
blement parce qu'ils étaient en rapport perpétuel, parleur métier, avec les |^P| ^ ^ ^
Khonaît ou forêts claires du canton.
On voit par ces quelques observations quel intérêt s'attache à ce monument unique
en son genre jusqu'à présent : il pourra fournir la matière d'un très beau mémoire à
qui voudra l'étudier de plus près que je n'ai le temps de le faire.
Milon-la-Chapelle, 12 septembre 1908.
G. Masfkro.
Les fiefs étaient naturellement d'une étendue proportionnée à l'importance de la fonc-
tion, et, dans un cas tel que le présent, ils payaient une quote-part d'impôt d'autant plus
forte qu'ils étaient eux-mêmes plus riches, par suite, que la fonction était plus relevée
dans la hiérarchie. La liste de notre monument, si elle était intacte, nous fournirait le
cadre de l'administration de la principauté d'Héracléopolis aux débuts de la XXIIe dy-
nastie. C'est en tête le généralissime des armées locales, avec une fortune telle qu'à
lui seul il paie presque le sixième de l'impôt, soixante bœufs, soit deux mois de boeufs :
ici, le titulaire est Nemarôti lui-même. Le domaine suivant est celui qui constitue le
douaire de la mère ou de la femme du généralissime, ici, ce semble, Isemkhabiou :
(rois bœufs. Les deux domaines suivants appartiennent encore à des chefs militaires, le
général des Touharou ^ \*T^\ d'Oùasim.ariya et celui des Tou/iarou d'Héracléo-
polis : je crois, sans pouvoir Paffirmer; que les Touharou étaient des colons militaires
astreints héréditairement au service, et, en ce cas, les Touharou d'Oùasimarîya seraient
les descendants d'une colonie militaire installée à Héracléopolis par Ramsès II et qui
aurait conservé le nom de son fondateur, comme firent plus tard les colonies militaires
macédoniennes au Fàyoum. Leur cote, qui est de dix bœufs pour chacun des domaines,
montre l'importance du rôle que jouait leur chef dans l'administration provinciale.
Après ces hauts personnages, c'est le tour du sacerdoce et des fonctionnaires militaires
de second rang, chefs des soldats de marine, majordome du généralissime, intendants
militaires, scribes des forteresses. Le temple d'Harsaphès et son clergé avaient, ainsi
qu'il convenait à l'apanage et aux serviteurs du grand dieu local, la suprématie sur les
autres temples et les autres clergés; Khnoumourà ne venait qu'après lui. Il y a pourtant
dans l'énumération des personnages tels que le prophète du dieu-scribe Thot, dont je
ne m'explique pas la place. Les villes sont énumérées nommément : c'était la commu-
nauté qui payait. Leurs noms sont composés parfois avec des noms d'homme, probable-
ment celui du fondateur, comme c'est le cas, aujourd'hui encore, pour les villages
qui se sont formés autour de l'ëzbèh d'un riche propriétaire. Une seule d'entre elles me
parait pouvoir être, dès à présent, placée sur le terrain, une n ~ç==^ & Pousiri, qui est
probablement Abousir-el-Malak. Quant aux ^>j^@ ( ( ( ouahâou, ils sont représentés,
comme je l'ai dit, surtout par les corporations ou par les individus qui fréquentent la
zone bordière du nome, par des personnages attachés aux bestiaux grands et petits, par
des jardiniers, des artisans, des carriers, des maçons, les prêtres des petites chapelles
établies dans la région, tous gens assez pauvres, puisque leur quote-part s'élève à
trente-cinq bœufs en tout : les fabricants de chars figurent dans cette catégorie, proba-
blement parce qu'ils étaient en rapport perpétuel, parleur métier, avec les |^P| ^ ^ ^
Khonaît ou forêts claires du canton.
On voit par ces quelques observations quel intérêt s'attache à ce monument unique
en son genre jusqu'à présent : il pourra fournir la matière d'un très beau mémoire à
qui voudra l'étudier de plus près que je n'ai le temps de le faire.
Milon-la-Chapelle, 12 septembre 1908.
G. Masfkro.