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Revue égyptologique — 1.1880

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Nr. 2-3
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Revillout, Eugène: Premier extrait de la chronique de Paris: le roi Amasis et les mercenaires, selon les données d'Hérodote et les renseignements de la chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.10048#0097

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Premier extrait de la chronique démotique de Paris.

79

la population, — dont l'indignation avait hâté la ruine de la patrie, — s'arrêta toute saisie
devant un pareil résultat, qu'il aurait été cependant facile de prévoir. La mémoire d'Amasis
bénéficia même un peu de cet état de choses. C'était le dernier roi d'Egypte, et quoique
on lui reprochât tous les malheurs de son pays, on s'arrêtait cependant tout ému devant
l'infortune de sa propre famille, qui avait accompagné celle de la patrie. De là un senti-
ment mixte, tenant à la fois du reproche et de la pitié. La violation sacrilège de la sépul-
ture d'Amasis parut en quelque sorte impossible à ses plus cruels ennemis, et Hérodote nous
dit à ce sujet : « Les Égyptiens veulent dire que ce ne fut le corps d'Amasis qui souffrit
»tous ces opprobres, mais fut d'un autre Égyptien de mesme et pareil âge qu'Amasis : lequel
» ayant entendu, comme ils disent, de l'oracle, ce qui luy estoit avenir après sa mort, lit
» ensevelir dans sa tombe ce corps ainsi fouetté par les Perses, et commanda à son fils, que
» son corps fust mis en quelque recoin de la cave. Combien qu'il m'est avis que le commande-
» ment d'Amasis n'a point de fondement; mais les Égyptiens veulent ainsi révérer ces choses. »
Tout homme digne de ce nom révère en effet le malheur, et quand ce malheur incarne en
quelque sorte le malheur publie, les larmes viennent même sur le coupable, et il se fait une
paix sur cette tombe. Il manque bien des colonnes à cette partie de notre chronique. Sans
quoi nous trouverions sans doute sur Amasis quelque complainte analogue à celle que nous
lisons au revers du même papyrus au sujet du roi Nechtaneb. Nous aurons plus tard à
traiter en détails cet autre chapitre de la chronique regardant les dynasties d'Amyrtée,
Nephéritès, Hakoris etc. et leurs luttes contre les Perses. Cependant nous ne pouvons résister
à la tentation d'en donner dès maintenant un avant goût en reproduisant l'élégie composée
au sujet de la seconde conquête persane.

L'auteur se figure le roi Xechtaneb se revêtant de tous ses insignes royaux pour une
cérémonie, et s'enorgueillissant de sa puissance au point de penser, comme Hérodote nous
le raconte d'Apriôs : « que Dieu même n'eut su lui faire perdre son royaume, tant lui était
» avis qu'il était bien assuré de toutes parts. » D'après ces données, il1 s'écrie :

«Je me suis revêtu de la tête aux pieds — dis-tu? — J'ai fait resplendir le basilique
» d'or2. — On ne l'écartera pas de ma tête ! — Il dit cela le roi Nechtaneb. »

« Ma pourpre3 (royale) est sur mon dos. — Mes vêtements resplendissent sur mon dos.
» — On ne les en écartera pas ! »

«Le sceptre est en ma main, à ce qu'il dit. — Est-ce-que, par hasard, tu n'a pas
» dit dans ton cœur : La puissance suprême est dans ma main. — On ne l'écartera pas
» de moi ! »

« Le sceptre de la puissance suprême — qui resplendit sur toi — c'est le yopes4 . . .
» qu'on l'appelle. »

1 Pour des raisons que nous expliquerons dans un prochain article, nous ne tiendrons pas compte de
la division en chapitres, qui sépare le gros de cette composition de sa conclusion naturelle.

2 L'uraus, qui servait de coiffure royale aux Pharaons.

3 J'ai pris le mot pourpre, pour mieux faire comprendre l'idée égyptienne. Mais les rois d'Egypte
avaient des vêtements royaux qui n'étaient point en pourpre.

4 Le xopes était l'arme traditionelle des Pharaons. Notre chroniqueur en fait aussi un sceptre et il
lui attribue une sorte de puissance divine inconsciente, pour celui qui le tient. Nous trouvons la même
idée dans le prophète-tribun Sénuti à propos du glaive sacré qui frappe en entraînant en quelque sorte le
bras qui le tient. Voir notre vie de Sénuti.
 
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