Entretiens philosophiques d'une chatte et d'un chacal.
153
avaient cours à cette époque, et, comme Hérode — qui avait résolu de tuer le Christ, —
comme Vespasien — qui avait renversé Jérusalem — l'adversaire des rois-Messies de Thèbes
tenta d'usurper jusqu'à leur mission prétendue providentielle, qu'il se fit attribuer par deux
conciles successifs des prêtres d'Egypte. De là certaines améliorations — (transitoires et de
courte durée) — mais qui selon la tradition égyptienne appartenaient au roi Messie. Épiphane
abandonna de la sorte définitivement la réforme calendarique d'Évergète — réforme qui offus-
quait les idées religieuses des prêtres — pour en revenir au cycle divin de l'année Sothiaque,
auquel il présida comme Ptàh, à la façon des Ramessides. Il se fit aussi couronner solennelle-
ment à MempMs, selon les anciens rites, et permit aux prêtres de rédiger eux-mêmes son apo-
théose, au lieu d'en dicter tous les termes, comme l'avait fait Evergète. Il ne rendit pas, il est
vrai, en totalité les neter hotep des dieux, mais il augmenta cependant les revenus laissés aux
temples, et rétablit sous ce rapport les choses sur le pied où elles étaient la première année
de son père, en renonçant aux innovations cruelles de Philopator qui avaient été cause de
la révolution. Bref il saisit tous les moyens qui permettaient de lui appliquer les anciens
textes, et qui pouvaient servir de prétexte au titre de « dieu bienfaisant et resplendissant »
que lui donne le décret de Eosette. Le Messie était arrivé; et quand Anchtu fut définitive-
ment battu, et la Thébaïde remise au terrible gouvernement militaire d'un général, le roi put
croire qu'il était devenu, en effet, un nouvel Horus et il ne manqua sans doute pas d'Égyptiens
pour lui dire la même chose que certains juifs disaient, selon les historiens, à leur christ
Vespasien. Il en est malheureusement ainsi à toutes les époques et sous tous les gouverne-
ments.
(La, suite au prochain numéro.)
Nota.
Vu la grande importance des textes qui précèdent, nous en donnons en appendice le
mot à mot complet. Plusieurs de nos lecteurs nous ont fait la même demande pour les textes
concernant le roi Amasis et les mercenaires (voir le numéro précédent de la Revue) et nous
avons cru devoir les satisfaire au moins pour les parties que les lacunes ne viennent point
interrompre.
ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES
D'UNE CHATTE ÉTHIOPIENNE ET D'UN PETIT CHACAL KOUF1.
(Analyse du papyrus 384 de Leyde. Monuments de Leyde, de m. Leemass, 11° partie, fol. ccxv et suiv.)
La découverte d'un livre philosophique est un fait tout à fait nouveau dans l'histoire
des déchiffrements égyptiens. Jusqu'ici on a bien trouvé — et en assez grand nombre —
des livres de maximes morales, analogues à celles que la Bible nous offre dans les Proverbes
— mais rien de semblable comme sujet à Job chez les Hébreux ou aux dialogues de Platon
chez les Grecs, aucun ouvrage, en un mot, destiné à l'examen des grandes questions relatives
à l'homme ou aux destinées de l'univers. La raison de cette abstention est fort naturelle.
153
avaient cours à cette époque, et, comme Hérode — qui avait résolu de tuer le Christ, —
comme Vespasien — qui avait renversé Jérusalem — l'adversaire des rois-Messies de Thèbes
tenta d'usurper jusqu'à leur mission prétendue providentielle, qu'il se fit attribuer par deux
conciles successifs des prêtres d'Egypte. De là certaines améliorations — (transitoires et de
courte durée) — mais qui selon la tradition égyptienne appartenaient au roi Messie. Épiphane
abandonna de la sorte définitivement la réforme calendarique d'Évergète — réforme qui offus-
quait les idées religieuses des prêtres — pour en revenir au cycle divin de l'année Sothiaque,
auquel il présida comme Ptàh, à la façon des Ramessides. Il se fit aussi couronner solennelle-
ment à MempMs, selon les anciens rites, et permit aux prêtres de rédiger eux-mêmes son apo-
théose, au lieu d'en dicter tous les termes, comme l'avait fait Evergète. Il ne rendit pas, il est
vrai, en totalité les neter hotep des dieux, mais il augmenta cependant les revenus laissés aux
temples, et rétablit sous ce rapport les choses sur le pied où elles étaient la première année
de son père, en renonçant aux innovations cruelles de Philopator qui avaient été cause de
la révolution. Bref il saisit tous les moyens qui permettaient de lui appliquer les anciens
textes, et qui pouvaient servir de prétexte au titre de « dieu bienfaisant et resplendissant »
que lui donne le décret de Eosette. Le Messie était arrivé; et quand Anchtu fut définitive-
ment battu, et la Thébaïde remise au terrible gouvernement militaire d'un général, le roi put
croire qu'il était devenu, en effet, un nouvel Horus et il ne manqua sans doute pas d'Égyptiens
pour lui dire la même chose que certains juifs disaient, selon les historiens, à leur christ
Vespasien. Il en est malheureusement ainsi à toutes les époques et sous tous les gouverne-
ments.
(La, suite au prochain numéro.)
Nota.
Vu la grande importance des textes qui précèdent, nous en donnons en appendice le
mot à mot complet. Plusieurs de nos lecteurs nous ont fait la même demande pour les textes
concernant le roi Amasis et les mercenaires (voir le numéro précédent de la Revue) et nous
avons cru devoir les satisfaire au moins pour les parties que les lacunes ne viennent point
interrompre.
ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES
D'UNE CHATTE ÉTHIOPIENNE ET D'UN PETIT CHACAL KOUF1.
(Analyse du papyrus 384 de Leyde. Monuments de Leyde, de m. Leemass, 11° partie, fol. ccxv et suiv.)
La découverte d'un livre philosophique est un fait tout à fait nouveau dans l'histoire
des déchiffrements égyptiens. Jusqu'ici on a bien trouvé — et en assez grand nombre —
des livres de maximes morales, analogues à celles que la Bible nous offre dans les Proverbes
— mais rien de semblable comme sujet à Job chez les Hébreux ou aux dialogues de Platon
chez les Grecs, aucun ouvrage, en un mot, destiné à l'examen des grandes questions relatives
à l'homme ou aux destinées de l'univers. La raison de cette abstention est fort naturelle.