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Revue égyptologique — 1.1880

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Nr. 4
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Revillout, Eugène: Les arts égyptiens: (Étude du papyrus 65 de Leyde)
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https://doi.org/10.11588/diglit.10048#0195

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Les aets égyptiens.

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des incantateurs et des magiciens. 11 semble qu'en asseryissant la vallée du Nil les Romains
avaient du même coup asservi le monde entier à toutes les superstitions de leur conquête.
E est vrai que ces superstitions pouvaient invoquer la tradition de bien des siècles. — On
se rappelle les luttes de Moïse dans l'Exode contre les sorciers égyptiens. Eh bien! si l'on
admet la concordance chronologique proposée par notre illustre maître E. de Rougé, nous
avons justement, en égyptien même, d'une part, un procès de sorcellerie contemporain du
Pharaon de l'Exode1 et, d'une autre part, un roman dont l'intrigue repose toute entière sur
la croyance à la sorcellerie et qui a pour héros le frère de ce pharaon2, habile sorcier lui-
même3. Le roman a été publié en mot à mot et commenté par moi4. Je n'ai donc plus à
y revenir. Quant au procès, expliqué pour la première fois par M. Chabas5, je me permettrai
de le placer encore sous les yeux du lecteur; car il prouve, avec des détails fort intéressants,

ceux de Porphyre et de Jamblique à propos du corps d'Osiris que les sorciers menaçaient de jeter à
Typhon ; car ce manuel d'incantations, certainement rédigé par des païens, contient, comme l'affirmait Origône,
les noms de Sabaoth, do Jaho et Adonaï, voir même de Michaé'l etc. etc. Seulement, par les expressions:
«joints avec les mots auxquels ceux qui savent ont l'habitude de les joindre». Origône entendait-il donc
les noms des divinités païennes ? Une incantation contenue au folio XIV de notre papyrus tendrait à le faire
penser en assimilant Jaho Sabaoth Adonaï à Osiris et en joignant Michaé'l à Anubis.

Quant à l'astrologie, qui rentrait aussi bien que la magie dans les arts égyptiens, il paraît qu'Origène
y avait également foi. Il considère les astres comme des puissances célestes éclairées de la lumière de la
sagesse divine, raisonnables, pouvant pécher et se convertir (-api ap^cov B, a VII, 2, 3, 4, 5; B, B, VIII, 3,-
y.a-a Keaoou, e, 10, 11, 12). Il concède qu'ils ont une influence sur les choses d'ici bas, et peut-être même
peuvent les annoncer, comme des prophètes. Si l'on ne doit pas les adorer, c'est qu'on ne doit pas adorer
les plus grands prophètes et que d'ailleurs les astres «préfèrent eux-même que nous nous en remettions à
»Dieu auquel ils portent nos prières, plutôt que de nous adresser à eux et de leur faire partager avec
»Dieu nos vœux et nos supplications'» (y.a-a. KeXctou, e, 11). Bien entendu, il leur attribue à chacun une âme,
âme qu'il croit avoir existé avant la création du monde et devoir subsister après la destruction de la matière,
afin de recevoir alors la récompense ou la punition suivant ses mérites et ses démérites. (^Epi ap^tov B, a
VII, B, B, VIII.) Ce sont des âmes fixées à une substance matérielle qui est leur corps: animam solis anti-
guiorem esse alliyatione ejus ad corpus .... dit la traduction de Eufpin qui remplace le texte perdu. Les
astres sont en hiérarchie parmi les puissances célestes. Les vrais gnostiques, prétendant tout savoir, ne s'en
tenaient pas là: ils racontaient en détail l'histoire des astres. Ainsi, dans un ouvrage copte, traduit par
ScinvAnzE, sous le nom de Pistis Sophia, les astres sont représentés comme dos puissances ou des chefs
i[^xM11 dont plusieurs ont péché et qui ont été liés à la sphère. (Voir mon travail intitulé : Vie et sen-
tences de Sccundus, p. 12.) Ajoutons que, de même que notre papyrus grec assimile Osiris à Sabaoth, de même
la Pistis Sophia assimile Sabaoth à Jupiter,,en laissant également aux autres astres animés leurs noms païens.

1 Selon les données citées plus haut, les deux pharaons sous lesquels Moïse aurait vécu, seraient
Kamsès II et son fils Menephta. Ce serait sous Menephta que se serait faite l'exode du peuple juif.

2 Setna -/a em uas, héros de ce roman, est bien connu, grâce surtout aux belles découvertes de M. Ma-
riette dans le Sérapéum de Mémphis. C'était le frère de Menephta.

3 Notre roman démotique n'est pas le seul témoin de cette tradition. Le papyrus hiératique 3248,
d'époque saïte, atteste que Xaemuas découvrit le livre magique, appelé livre de Thot par le roman, et cela
dans des conditions semblables à celles que nous trouvons dans notre récit démotique, c'est-à-dire par
suite d'un sacrilège. Du reste avant cette découverte Setna possédait déjà ses talismans, ses livres d'in-
cantation (voir mon Setna, p. 105 et 106 et ma Chrestomathie démotique p. 429 in fine) bref tout l'attirail d'un
sorcier. Toute sa préoccupation était aux sciences secrètes. (Voir la préface de ma Setna p. 4 et suiv.)

4 Le Roman de Setna, chez Leroux, éditeur.

5 Papyrus magique Harris, p. 170 et suiv. M. Devéria a donné aussi une nouvelle version de ce texte
p. 124 et suiv. de son travail sur le Papyrus judiciaire de Turin, papyrus qui, il l'a démontré, se rapportait
à la même affaire. C'était une conspiration contre Eamsès III ayant pour complices des employés du palais

et même des femmes du harem séduites sans doute par les amatoria (W^^s^^ waaa ^flfl $h\ de

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Penhuiban. Quant aux ligures de cire I _.^ïsLIwwa y l elles ont joué un grand rôle dans les

procès de sorcellerie et même dans les affaires criminelles intentées au moyen-âge. Ceux qui avaient fait
des figures de cire du roi pour l'envoulter et le faire périr, étaient soigneusement mis à mort. Les papyrus
 
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