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Lutz, Jules [Hrsg.]; Perdrizet, Paul [Hrsg.]
Speculum humanae salvationis (1): Text — Leipzig: Hiersemann, 1907

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https://doi.org/10.11588/diglit.49738#0356
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DRITTER TEIL.

SCHLUSSBETRACHTUNG

ciple fidèle de saint Augustin, qui s’était tant préoccupé
de la typologie de l’Ancien Testament, le Jansénisme voit
bien que les figures sont une partie essentielle du dogme
catholique. L’Apologie de Pascal devait comporter un cha-
pitre sur les figures. A l’inverse des scolastiques, Pascal
avait compris que la démonstration de la religion catho-
lique était une question d’autorité, et que la première
autorité à alléguer, c’était l’Ancien Testament, interprété,
non quant à la lettre, mais quant au sens caché.
A la vérité, Pascal se proposait de « parler contre les
trop grands figuratifs» L «Il y a, dit-il, des figures claires
et démonstratives, mais il y en a d’autres qui semblent
un peu tirées par les cheveux » 2. On peut croire qu’il
eût trouvé plus d’une de celles-ci dans le Speculum, s’il
l’avait lu. Mais lui-même ne s’exposait-il pas à sa propre
critique, quand il reconnaissait dans « Joseph innocent, en
prison entre deux criminels, Jésus-Christ en la croix entre
deux larrons 3 » ? Une fois posé le principe que l’Ancien
Testament est figuratif, comment décider que telle figure
est « démonstrative », et telle autre « tirée par les
cheveux » ? La méthode figurative se meut, par définition,
dans l’arbitraire. Un mystique ne peut donc, sans incon-
séquence, taxer de subtilité le S. H. S., il s’édifiera, au
contraire, à détailler cette construction si bien ordonnée.
Tout au plus aura-t-il le droit de regretter que l’auteur,
mal instruit, comme on l’était de son temps, de l’histoire

sainte, ait confondu, avec les récits de l’Ancien Testament,
des légendes apocryphes dont plusieurs provenaient des
rabbins. Mais cette réserve est de peu d’importance. Ce
qu’il faut comprendre, c’est que le symbolisme figuratif
est, pour le catholique, un mode non seulement licite,
mais obligatoire d’exégèse. On conçoit, à la rigueur, le
catholicisme dégagé de la scolastique, on ne le conçoit
pas affranchi du symbolisme préfiguratif. Jésus-Christ n’a
point fait de syllogismes ni confondu la raison et la foi.
Mais il a dit qu’il était venu pour accomplir les pro-
phéties, et le Nouveau Testament fait déjà du Christ
ressuscité l’antitype de Jonas. Le symbolisme figuratif a
donc pour lui l’autorité de l’Evangile. Il a, aussi, l’auto-
rité des Pères, ceux des premiers siècles, saint Augustin
en tête, et ceux de la seconde période du christianisme,
Isidore, Raban Maur et, à leur suite, tous les docteurs du
Moyen âge. Le catholicisme, pour être vraiment immuable,
serait donc obligé de pratiquer ce symbolisme comme la
méthode la plus profonde d’interprétation des livres saints.
Mais le fait qu’un prêtre d’aujourd’hui a pu, d’une façon
désinvolte, le jeter par-dessus bord, prouve assez que ce
mode d’exégèse semble suranné à d’autres encore qu’aux
esprits affranchis, et que le catholicisme, sur ce point
comme sur d’autres, accomplit insensiblement, sourde-
ment, sous l’action lente des idées extérieures, une inévi-
table évolution.

1 Pensées, édit. Havet, t. Il, p. 175. " Id-> t. IL p. I.
3 Id., t. II, p. 2. Les mystiques n’avaient pas attendu Pascal pour insister sur les conformités mystérieuses de l’histoire de Joseph avec
celle de Jésus : dans le Mistère du Viel Testament, Dieu explique pourquoi il permet que le fils de Rachel soit injustement persécuté par ses
frères :
C’est seulement
Pour figurer les Escriptures
Et montrer par grosses figures
L’envye que les Juifs auront
Sus mon filz, quand ils penseront
Qu’il sera leur roy, leur seigneur (v. 16936-16941).

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