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Winckelmann, Johann Joachim
Histoire de l'art chez les anciens: avec des notes historiques et critiques de différens auteurs (Band 1) (II[1793/94]) — Paris, 1794

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https://doi.org/10.11588/diglit.11575#0090
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lxxxvj ELOGE

caractéristiques d'un esprit que la nature a destiné à être un anti-
quaire.

Il faut de plus qu'une étoile propice y ait joint encore d'autres
avantages. Les anciens monumens de l'art ne sont pas rassemblés
dans un seul endroit, mais se trouvent répandus dansdifférens pays.
Pour les voir tous il ne faut pas se renfermer dans l'Italie, mais par-
courir aussi l'Angleterre,l'Espagne, la France, 1 Allemagne, et
alors même beaucoup de choses resteront encore inconnues. Cepen-
dant l'antiquaire tel que nous le concevons ici, doit au moins avoir
vu et étudié les plus grands ouvrages de l'art, et s'être formé des
autres une connoissance historique, qu'il peut acquérir par les
dessins, les gravures , les copies , les pâtes et les descriptions.

De toutes ces qualités que peuvent donner la nature, l'amour
de savoir et des circonstances heureuses, Winkelmann en possé-
doit peut-être plus que n'en a jamais eu aucun antiquaire. La litté-
rature grecque et latine, ainsi que la critique grammaticale des
langues lui étoient devenues plus familières qu'elles ne Tavoient
été jusqu'alors aux amateurs de l'antiquité, tant par ses études
comme disciple, que par les enseignemens qu'il donna lui-même
comme maître; car la littérature grecque, qui est l'ame et le flam-
beau de la science de l'antiquité, est rarement le partage de ceux
qui se piquent de l'étudier. Ce seul avantage sufHsoit déjà pour
distinguer Winkelmann des antiquaires de l'Italie. Il avoit lu les
meilleurs auteurs anciens ; il avoit formé son goût sur celui des
grands modèles de la Grèce; il s'étoit rempli l'imagination des
tableaux d'Homère et de Platon; il avoit accumulé un trésor de
connoissances mythologiques, historiques et poétiques, même
avant qu'il eût songé à les appliquer aux ouvrages de l'art des
anciens. Le loisir dont il jouit ensuite dans une grande et belle
bibliothèque contribua à lui donner une profonde érudition même
dans les ouvrages de plusieurs langues modernes , et la solitude,
la beauté du lieu qu'il habitoit, les rêveries platoniciennes dont
il nourrissoit son esprit^ tout servit à préparer son ame à l'enthou-
 
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