CERCLE DE L’UNION ARTISTIQUE
Le Cercle de l’Union artistique vient d’ouvrir son
exposition dans le splendide hôtel qu’il occupe maintenant,
place Vendôme. Celui de la rue de Choiseul, où il était installé
auparavant, s’est trouvé sur le tracé d'une voie nouvelle, et
a disparu sous le marteau des démolisseurs. Le nouveau
local est mieux distribué que l’ancien, mais il faut recon-
naître que l’exposition des peintures a quelquefois été plus
brillante. S’il est vrai, comme on le dit, que les artistes,
membres du cercle, réservent pour leurs seuls ouvrages le
droit de figurer dans leur Salon, ils sentiront bientôt qu’un
bon tableau ne gagne rien à être à côté de l’œuvre impar-
faite d’un amateur. Combien une pareille exposition serait
instructive pour les artistes et intéressante pour le public, si,
à côté des œuvres nées d’hier, on voyait celles qui ont en-
thousiasmé une autre génération, si on pouvait faire une
comparaison entre le goût du jour et celui de la veille!
Telle qu’elle est, l’exposition de l’Union artistique offre
assurément de l’intérêt, mais au même titre que celle des
Champs-Élysées dont elle semble être une annexe, tandis
ques nou voudrions qu’elle fût exclusivement composée
d’œuvres choisies. C’est dans ce sens que nous l’exami-
nerons, en ne nous arrêtant qu^aux toiles qui nous ont paru
les plus intéressantes.
Allons droit à M. Cabanel, qui a trois tableaux à
l’Union artistique. Le talent.de M. Cabanel présente plusieurs faces. Il a montré dans
son Poète florentin avec quelle distinction il entendait la peinture de genre, et ceux
qui aiment les sujets mythologiques se rappellent encore avec plaisir la Nymphe en-
levée par nn faune et la Naissance de Vénus. Les tableaux de l’Union artistique
montrent chez l’artiste un besoin de réalité positive, inséparable pour lui d’une sorte
de rêverie langoureuse inhérente à son tempérament. Une lithographie de ces toiles
pourrait aisément faire un titre de romance : pourtant, ce sont des tableaux faits
d’après nature, et la construction ferme et savante du dessin montre un artiste nourri
de fortes études. C’est cette qualité si rare aujourd’hui qui fait oublier l’aspect un peu
Le Cercle de l’Union artistique vient d’ouvrir son
exposition dans le splendide hôtel qu’il occupe maintenant,
place Vendôme. Celui de la rue de Choiseul, où il était installé
auparavant, s’est trouvé sur le tracé d'une voie nouvelle, et
a disparu sous le marteau des démolisseurs. Le nouveau
local est mieux distribué que l’ancien, mais il faut recon-
naître que l’exposition des peintures a quelquefois été plus
brillante. S’il est vrai, comme on le dit, que les artistes,
membres du cercle, réservent pour leurs seuls ouvrages le
droit de figurer dans leur Salon, ils sentiront bientôt qu’un
bon tableau ne gagne rien à être à côté de l’œuvre impar-
faite d’un amateur. Combien une pareille exposition serait
instructive pour les artistes et intéressante pour le public, si,
à côté des œuvres nées d’hier, on voyait celles qui ont en-
thousiasmé une autre génération, si on pouvait faire une
comparaison entre le goût du jour et celui de la veille!
Telle qu’elle est, l’exposition de l’Union artistique offre
assurément de l’intérêt, mais au même titre que celle des
Champs-Élysées dont elle semble être une annexe, tandis
ques nou voudrions qu’elle fût exclusivement composée
d’œuvres choisies. C’est dans ce sens que nous l’exami-
nerons, en ne nous arrêtant qu^aux toiles qui nous ont paru
les plus intéressantes.
Allons droit à M. Cabanel, qui a trois tableaux à
l’Union artistique. Le talent.de M. Cabanel présente plusieurs faces. Il a montré dans
son Poète florentin avec quelle distinction il entendait la peinture de genre, et ceux
qui aiment les sujets mythologiques se rappellent encore avec plaisir la Nymphe en-
levée par nn faune et la Naissance de Vénus. Les tableaux de l’Union artistique
montrent chez l’artiste un besoin de réalité positive, inséparable pour lui d’une sorte
de rêverie langoureuse inhérente à son tempérament. Une lithographie de ces toiles
pourrait aisément faire un titre de romance : pourtant, ce sont des tableaux faits
d’après nature, et la construction ferme et savante du dessin montre un artiste nourri
de fortes études. C’est cette qualité si rare aujourd’hui qui fait oublier l’aspect un peu