NICOLAS LAFRENSEN
PEINTRE A LA GOUACHE
(1737-1807)
Il n’est point d’amateur d’es-
tampes, parmi ceux ayant un goût
prononcé pour notre charmante
école du xvme siècle, si spirituelle,
si piquante, si réellement fran-
çaise, qui ne connaisse les jolies
compositions de Nicolas Lafren-
sen, dont une grande partie des
gouaches et dessins coloriés a eu
les honneurs de la gravure en
France sous Louis XVI. Les burins
chatoyants de Nicolas Delaunay,
les fac-similé en couleur de Jani-
net, ont donné une seconde et
longue vie à ces scènes intimes ou
légères du temps, quelquefois plus
froides dans l’original , s’égarant souvent à la recherche du fini, cet écueil terre-
à-terre qui fait échec à la fantaisie vivement sentie et prestement enlevée au profit de
la sécheresse d’exécution.
Il s’est présenté au sujet de Lafrensen et de son œuvre, très-curieux à consulter
pour l’histoire des mœurs, du costume et de l’ameublement de l’époque, une particu-
larité assez bizarre : l’interprétation a complètement débordé le texte; les graveurs ont
presque totalement faitoublier le peintre à la gouache, sur lequel on ne possède aucune
donnée en France, où cependant il a séjourné près d’une vingtaine d’années. 11 n’est
point jusqu’à son nom, difficile à omettre sur les estampes d’après ses compositions, qui
n'ait été continuellement défiguré : j’ai relevé plus de vingt variantes de ce malheureux
nom, qui n’avait cependant rien de baroque en son orthographe, et sur une seule pièce,
PEINTRE A LA GOUACHE
(1737-1807)
Il n’est point d’amateur d’es-
tampes, parmi ceux ayant un goût
prononcé pour notre charmante
école du xvme siècle, si spirituelle,
si piquante, si réellement fran-
çaise, qui ne connaisse les jolies
compositions de Nicolas Lafren-
sen, dont une grande partie des
gouaches et dessins coloriés a eu
les honneurs de la gravure en
France sous Louis XVI. Les burins
chatoyants de Nicolas Delaunay,
les fac-similé en couleur de Jani-
net, ont donné une seconde et
longue vie à ces scènes intimes ou
légères du temps, quelquefois plus
froides dans l’original , s’égarant souvent à la recherche du fini, cet écueil terre-
à-terre qui fait échec à la fantaisie vivement sentie et prestement enlevée au profit de
la sécheresse d’exécution.
Il s’est présenté au sujet de Lafrensen et de son œuvre, très-curieux à consulter
pour l’histoire des mœurs, du costume et de l’ameublement de l’époque, une particu-
larité assez bizarre : l’interprétation a complètement débordé le texte; les graveurs ont
presque totalement faitoublier le peintre à la gouache, sur lequel on ne possède aucune
donnée en France, où cependant il a séjourné près d’une vingtaine d’années. 11 n’est
point jusqu’à son nom, difficile à omettre sur les estampes d’après ses compositions, qui
n'ait été continuellement défiguré : j’ai relevé plus de vingt variantes de ce malheureux
nom, qui n’avait cependant rien de baroque en son orthographe, et sur une seule pièce,