DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Goncourt, Edmond de; Goncourt, Jules de: Eisen
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0071
EISEN
armi les livres d’art et de luxe du
xvme siècle, il en est un qui est
une merveille et un chef-d’œuvre,
l’exemple sans égal de la richesse
d’un livre. Cet ouvrage, le grand
monument et le triomphe de la
vignette, qui domine et couronne
toutes les illustrations du temps,
nous l’avons nommé pour tous les
amateurs, en en parlant : ce sont
les « Contes de La Fontaine, »
l’édition dite des Fermiers géné-
raux et méritant ce baptême de
leurs noms, vrai livre royal des
derniers financiers Mécènes, une
des plus belles dépenses de l’Argent intelligent et sensuel du règne de
Louis XV.
De ce livre pour lequel nulle dépense n’a été ménagée, de ce livre où
les images se pressent et annoncent chaque conte, où les meilleurs gra-
veurs se sont disputé les planches, où Cholïard a jeté presque à chaque
page ses ingénieux culs-de-lampe; de ce livre, le modèle inimitable de
la gravure galante décorant le conte libre, une page, la première d’un
des deux volumes, montre, comme un pendant du portrait de La Fontaine,
le portrait du dessinateur ; Charles Eisen l.
Ce dessinateur français sort de souche flamande, de peintres fla-
mands. Il a pour père François Eisen, qui était venu de Bruxelles cher-
cher fortune à Valenciennes, dans cette province encore annexée à l’art
de la Flandre. Marié là en 1716, François Eisen y peignait des saintetés
I. Ce portrait a été gravé par Ficquet, d’après une peinture de Vispré.
I. — tt,” PÉRIODE. 9
armi les livres d’art et de luxe du
xvme siècle, il en est un qui est
une merveille et un chef-d’œuvre,
l’exemple sans égal de la richesse
d’un livre. Cet ouvrage, le grand
monument et le triomphe de la
vignette, qui domine et couronne
toutes les illustrations du temps,
nous l’avons nommé pour tous les
amateurs, en en parlant : ce sont
les « Contes de La Fontaine, »
l’édition dite des Fermiers géné-
raux et méritant ce baptême de
leurs noms, vrai livre royal des
derniers financiers Mécènes, une
des plus belles dépenses de l’Argent intelligent et sensuel du règne de
Louis XV.
De ce livre pour lequel nulle dépense n’a été ménagée, de ce livre où
les images se pressent et annoncent chaque conte, où les meilleurs gra-
veurs se sont disputé les planches, où Cholïard a jeté presque à chaque
page ses ingénieux culs-de-lampe; de ce livre, le modèle inimitable de
la gravure galante décorant le conte libre, une page, la première d’un
des deux volumes, montre, comme un pendant du portrait de La Fontaine,
le portrait du dessinateur ; Charles Eisen l.
Ce dessinateur français sort de souche flamande, de peintres fla-
mands. Il a pour père François Eisen, qui était venu de Bruxelles cher-
cher fortune à Valenciennes, dans cette province encore annexée à l’art
de la Flandre. Marié là en 1716, François Eisen y peignait des saintetés
I. Ce portrait a été gravé par Ficquet, d’après une peinture de Vispré.
I. — tt,” PÉRIODE. 9