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INTRODUCTION
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populaires sur des générations phéniciennes de prêtres
de Poséidon I. Timachidas et Diodoros ont tenu
compte (l’un et l’autre d’après Polyzalos), de la
manière particulière à eux, de ces traditions, en
insérant Kadmos dans la série des héros adorants
qui ont honoré Athana Lindia par un don 3 4 ; celui de
Kadmos porte même une inscription en caractères
phéniciens 3.
Commencement Π esj- probable que l’importation
de la navigation
rhodienne. des marchandises étrangères dont
nous venons de parler s’est pratiquée au commence-
ment par des navires phéniciens, mais les Rhodiens
ont appris de bonne heure à naviguer sur la mer envi-
ronnant leurs côtes et à faire concurrence aux Phéni-
ciens en plusieurs endroits du bassin oriental de la
Méditerranée. C’est un fait, dont témoigne aussi leur
établissement à Naukratis qui remonte au 7e siècle
au moins. Il faut placer avant cette époque les temps
où les Phéniciens dominaient la mer à l’exclusion
d’autres navigateurs. Que les Rhodiens, dès le commen-
cement du 7e siècle, aient été eux-mêmes des navi-
gateurs, cela se manifeste par la fondation de leurs
colonies et d’autres manières indiscutables. Ce fait
se reflète même dans le petit monde des dons votifs:
l’idée d’hommes de mer 4 n’a pu être développée et
acceptée que dans une nation maritime. A partir
du 7e siècle, le commerce des Phéniciens a cherché
des buts plus lointains; ils ont navigué sur le bassin
occidental de la Méditerranée et même au delà.
Nous avons signalé plus haut quelle importance
il faut attribuer aux rapports entretenus avec les
côtes asiatiques, et plus spécialement avec l’île de
Chypre, en ce qui concerne le développement du
mobilier votif.
Il pourrait paraître surprenant
Rapports occidentaux.
que les relations occidentales de
Lindos — nous pensons aux colonies établies en
Sicile —- aient laissé très peu de traces dans nos trou-
vailles. On ne peut, en effet, citer comme témoins
certains que quelques types de fibules, nos 103 et 105,
soit particuliers à la Sicile, soit d’origine italienne,
mais répandus en Sicile. D.G. Hogarth croit ori-
ginaires de la Sicile la plus grande partie des parures
en ambre jaune qui ont été découvertes à Ephesos,
v. Efihesus, p. 213—214. Sans doute, les objets
lindiens en ambre (nos 250—269) proviennent des
mêmes sources que ceux d’Ephesos. Mais l’hypo-
thèse relative à l’origine sicilienne de ceux-ci me
paraît fort douteuse; cf., ci-dessous, la notice des
nos 250 sq.
1 Diodor. 5, 58, 2.
2 Chronique du temple, chap. III; Diodor., 1. c.
3 Cf. Chronique du temple, p. 388.
4 Cf. plus haut, p. 29.
A partir du milieu du 6 siecle, les
, , Rapports grecs,
rapports avec les contrées lointaines
paraissent avoir cessé, s’il faut en juger d’après nos
trouvailles. La ville de Lindos est incorporée de plus
en plus dans les limites de la civilisation grecque.
D’abord, la ville est influencée surtout par l’Ionie,
d’où provient la grande masse de terres cuites et aussi
une quantité plus restreinte des vases. Plus tard,
les rapports avec le continent grec gagnent en impor-
tance. L’exportation des poteries sicyoniennes, corin-
thiennes et athéniennes s’étend jusqu’à l’île de Rhodes,
et aussi quelques genres de terres cuites votives sont
originaires du continent grec, p. e. le petit groupe de
figurines archaïques (nos 2179—2182) que nous avons
cru pouvoir localiser à Corinthe.
Appendices I—IV:
Notes sur quelques endroits de
trouvaille.
I. Spécimen des couches archaïques.
Pendant les jours 21—27 janvier 1903 nous
fouillâmes dans les carrés X 9—10 une couche de dé-
bris qui occupait une aire d’environ 25 m2, et qui
reposait soit sur le rocher vif, soit sur le sol vierge
formé par la décomposition du calcaire. Cette couche,
épaisse d’environ un demi-mètre, contenait exclusive-
ment des objets archaïques sans immixtion d’objets
plus récents. Une partie en avait pourtant été dé-
truite par la construction de deux citernes médiévales
ou plus récentes, dont les fondations descendaient
jusqu’au rocher vif.
Nous avons signalé plus haut (p. 6) les caractères
généraux de cette couche et d’autres semblables.
Elle se composait de terre, de petits cailloux, d’osse-
ments d’animaux, de fragments de charbon et de
divers objets antiques, tout cela collé ensemble de
manière à former un conglomérat presque cohérent.
Vu ces conditions, les fouilles de cet endroit étaient
confiées à un seul ouvrier habile.
Les objets mis au jour dans la couche dont nous
parlons étaient à peu près contemporains de ceux
qu’on exhuma plus tard à Vroulia, dont les trouvailles
ont été datées par K.-F. Kinch de l’époque 670—57°
av. J.-C. (voir Vroulia, p. 89). Les objets fournis par
la couche en question étaient peut-être en partie d’un
aspect un peu plus récent. Nous serions disposés à leur
indiquer comme limite inférieure le milieu du 6e siècle
av. J.-C. Il y a seulement deux pièces dont on serait
tenté à avancer la date, à savoir les terres cuites
ioniennes nos 2106 et 2329. Ce genre de figurines
faisait défaut à Vroulia, sans doute parce qu’il n’était
INTRODUCTION
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populaires sur des générations phéniciennes de prêtres
de Poséidon I. Timachidas et Diodoros ont tenu
compte (l’un et l’autre d’après Polyzalos), de la
manière particulière à eux, de ces traditions, en
insérant Kadmos dans la série des héros adorants
qui ont honoré Athana Lindia par un don 3 4 ; celui de
Kadmos porte même une inscription en caractères
phéniciens 3.
Commencement Π esj- probable que l’importation
de la navigation
rhodienne. des marchandises étrangères dont
nous venons de parler s’est pratiquée au commence-
ment par des navires phéniciens, mais les Rhodiens
ont appris de bonne heure à naviguer sur la mer envi-
ronnant leurs côtes et à faire concurrence aux Phéni-
ciens en plusieurs endroits du bassin oriental de la
Méditerranée. C’est un fait, dont témoigne aussi leur
établissement à Naukratis qui remonte au 7e siècle
au moins. Il faut placer avant cette époque les temps
où les Phéniciens dominaient la mer à l’exclusion
d’autres navigateurs. Que les Rhodiens, dès le commen-
cement du 7e siècle, aient été eux-mêmes des navi-
gateurs, cela se manifeste par la fondation de leurs
colonies et d’autres manières indiscutables. Ce fait
se reflète même dans le petit monde des dons votifs:
l’idée d’hommes de mer 4 n’a pu être développée et
acceptée que dans une nation maritime. A partir
du 7e siècle, le commerce des Phéniciens a cherché
des buts plus lointains; ils ont navigué sur le bassin
occidental de la Méditerranée et même au delà.
Nous avons signalé plus haut quelle importance
il faut attribuer aux rapports entretenus avec les
côtes asiatiques, et plus spécialement avec l’île de
Chypre, en ce qui concerne le développement du
mobilier votif.
Il pourrait paraître surprenant
Rapports occidentaux.
que les relations occidentales de
Lindos — nous pensons aux colonies établies en
Sicile —- aient laissé très peu de traces dans nos trou-
vailles. On ne peut, en effet, citer comme témoins
certains que quelques types de fibules, nos 103 et 105,
soit particuliers à la Sicile, soit d’origine italienne,
mais répandus en Sicile. D.G. Hogarth croit ori-
ginaires de la Sicile la plus grande partie des parures
en ambre jaune qui ont été découvertes à Ephesos,
v. Efihesus, p. 213—214. Sans doute, les objets
lindiens en ambre (nos 250—269) proviennent des
mêmes sources que ceux d’Ephesos. Mais l’hypo-
thèse relative à l’origine sicilienne de ceux-ci me
paraît fort douteuse; cf., ci-dessous, la notice des
nos 250 sq.
1 Diodor. 5, 58, 2.
2 Chronique du temple, chap. III; Diodor., 1. c.
3 Cf. Chronique du temple, p. 388.
4 Cf. plus haut, p. 29.
A partir du milieu du 6 siecle, les
, , Rapports grecs,
rapports avec les contrées lointaines
paraissent avoir cessé, s’il faut en juger d’après nos
trouvailles. La ville de Lindos est incorporée de plus
en plus dans les limites de la civilisation grecque.
D’abord, la ville est influencée surtout par l’Ionie,
d’où provient la grande masse de terres cuites et aussi
une quantité plus restreinte des vases. Plus tard,
les rapports avec le continent grec gagnent en impor-
tance. L’exportation des poteries sicyoniennes, corin-
thiennes et athéniennes s’étend jusqu’à l’île de Rhodes,
et aussi quelques genres de terres cuites votives sont
originaires du continent grec, p. e. le petit groupe de
figurines archaïques (nos 2179—2182) que nous avons
cru pouvoir localiser à Corinthe.
Appendices I—IV:
Notes sur quelques endroits de
trouvaille.
I. Spécimen des couches archaïques.
Pendant les jours 21—27 janvier 1903 nous
fouillâmes dans les carrés X 9—10 une couche de dé-
bris qui occupait une aire d’environ 25 m2, et qui
reposait soit sur le rocher vif, soit sur le sol vierge
formé par la décomposition du calcaire. Cette couche,
épaisse d’environ un demi-mètre, contenait exclusive-
ment des objets archaïques sans immixtion d’objets
plus récents. Une partie en avait pourtant été dé-
truite par la construction de deux citernes médiévales
ou plus récentes, dont les fondations descendaient
jusqu’au rocher vif.
Nous avons signalé plus haut (p. 6) les caractères
généraux de cette couche et d’autres semblables.
Elle se composait de terre, de petits cailloux, d’osse-
ments d’animaux, de fragments de charbon et de
divers objets antiques, tout cela collé ensemble de
manière à former un conglomérat presque cohérent.
Vu ces conditions, les fouilles de cet endroit étaient
confiées à un seul ouvrier habile.
Les objets mis au jour dans la couche dont nous
parlons étaient à peu près contemporains de ceux
qu’on exhuma plus tard à Vroulia, dont les trouvailles
ont été datées par K.-F. Kinch de l’époque 670—57°
av. J.-C. (voir Vroulia, p. 89). Les objets fournis par
la couche en question étaient peut-être en partie d’un
aspect un peu plus récent. Nous serions disposés à leur
indiquer comme limite inférieure le milieu du 6e siècle
av. J.-C. Il y a seulement deux pièces dont on serait
tenté à avancer la date, à savoir les terres cuites
ioniennes nos 2106 et 2329. Ce genre de figurines
faisait défaut à Vroulia, sans doute parce qu’il n’était