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OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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398. Fusaïole solide. H 0.008, D 0.025. La
décoration se compose d’yeux de dé et de traits
gravés, disposés irrégulièrement. L’os est tout teint
en vert, couleur provenant probablement de l’oxyde
d’un fuseau en bronze, maintenant disparu (cf. n°
345)·
399. Quatre fusaïoles solides à surface unie, sans
décoration. H 0.005—0.007, L> 0.021—0.033.
*400. Fusaïole fait d’un os tubulaire, décoré
de deux bandes horizontales de trois lignes parallèles.
H 0.017, D 0.024. Le bâtonnet qui a été inséré dans
la cavité naturelle de l’os manque. On voit des
traces de couleur rouge.
*401 a. Même type. H 0.02, D 0.028. La sur-
face est divisée en zones horizontales; dans l’une de
celles-ci, groupes de traits rayonnants gravés.
401 b. Fusaïole semblable, décoré de deux lignes
horizontales. H 0.017, D 0.026.
401 c. Fragment d’un fusaïole semblable. H 0.02.
*402. Fusaïole fait d’un os tubulaire. H 0.017,
D 0.026. Au pourtour, une zone horizontale, limitée
en haut et en bas par deux lignes parallèles et remplie
d’une série d’yeux de dé. Le bâtonnet inséré est
conservé en place. Traces de couleur rouge.
*403. Même type. H 0.026, D 0.037. Près
du sommet, une zone horizontale, remplie d’une série
d’yeux de dé et dans laquelle on voit des traces de
couleur rouge. La surface est d’ailleurs décorée
de séries verticales d’yeux de dé, de triangles et de
bandes obliques formées par des traits parallèles
rapprochés. Les plaques insérées manquent, ainsi
qu’une partie d’un côté.
Pesons de métier.
Je maintiens le nom conventionnel de pesons de
métier pour les objets de terre cuite classés sous
les nos 404—405, bien que certains archéologues les
expliquent différemment. Truhelka a émis l’hypo-
thèse plus ingénieuse que vraisemblable que les
ustensiles pyramidaux déterrés dans les palahttes de
Donja Dolina auraient servi à faire bouillir la soupe
et à la garder chaude, v. WMB IX, p. 37 sq. ; XI,
p. 21. Une opinion semblable a été prononcée par
Koldewey (Lesbos, p. 40) : il les explique comme
supports de chaudron qui auraient formé, trois
ensemble, une espèce de trépied pritimif; cf. encore
T. Eric Peet, The stone and bronze âges in Italy and
Sicily (1909), p. 506 (station de Tozzeg en Hongrie).
Vis-à-vis de tels essais fondés sur les matériaux d’une
seule trouvaille regardés séparément, nous soutenons
la nécessité de tenir compte de la propagation très
vaste des objets en question, des variations de la
forme et des autres faits observés dans les différents
lieux de trouvaille. On ne peut douter que ce ne soit
le même instrument qui ait été trouvé dans la Troade
préhistorique et dans les débris des sanctuaires grecs,
dans l’Europe méridionale et au-delà des frontières
du monde classique jusque dans le Nord de Jutland,
où l’on a fait dernièrement (à Fredsoe dans l’île de
Mors) une trouvaille particulièrement instructive.
Il faut donc que l’explication de l’instrument tienne
compte de son usage généralement répandu, et qu’elle
convienne tant à la civilisation du monde classique
qu’à la vie des barbares.
En certains endroits, on a déterré les objets en
question disposés en une ou en deux séries et entremê-
lés avec des restes d’objets en bois qu’on peut tenir
pour les débris d’un métier de tisserand. Les pein-
tures de vases qui représentent le métier grec font
voir que la chaîne y était appesantie par une série
de petits poids, tout à fait comme dans certains mé-
tiers verticaux des temps modernes. La forme de
nos objets démontre qu’ils étaient destinés à être
suspendus par un fil, l’extérieur simple que c’étaient
des objets d’un usage de tous les jours. Les variations
de la grandeur s’accordent bien avec l’emploi supposé;
la nature du tissu plus ou moins fin comportait à cet
égard une certaine différence, aussi pouvait-on réunir
par un seul peson un nombre plus ou moins grand des
fils de la chaîne L D’autre part, la forme se main-
tient avec une persistance remarquable depuis les
temps préhistoriques jusque vers le commencement
de notre ère, signe évident de ce qu’elle était bien
appropriée à un usage défini qui ne changeait guère
de siècle en siècle 1 2 3 4. Tout cela nous porte à main-
tenir, jusqu’à nouvel ordre, l’opinion traditionnelle 3
sur l’emploi de nos objets 4.
Les pièces coniques ne représentent qu’une variété
1 Une trouvaille faite dans une palafitte (v. Anzeiger f. schweiz.
Alterthumskunde 1884·—87, p. 426), et qui semble représenter
l’appareil complet d’un métier, comprend 12 pesons, c’est-à-dire le
même nombre qui est employé dans un métier ancien, parfaitement
conservé, des îles Faeroé qui est au Musée National de Copenhague
(v. AM 1911, p. 149 sq.). — A Fredsoe (v. ci-dessus) les débris
d’une maison incendiée furent fouillés en 1928 pour le Musée National
de Copenhague par le professeur Hatt. Vers l’extrémité orientale
de la maison, on découvrit une cinquantaine de pesons pyramidaux
de terre cuite, gisant en deux endroits séparés avec des restes car-
bonisés qui proviennent probablement de deux métiers différents.
La trouvaille, qui n’a pas encore été soumise à une étude appro-
fondie, paraît dater du 4e siècle après J.-C.
2 M. Orsi a même vu des pesons semblables en plein usage dans
un pays calabrais, v. MA XVII, p. 680, note 1.
3 Cf. BJ XLI (1866), p. 12 sq.; p. 20; pl. 2.
4 II est facile à comprendre et ne fait point de difficulté que la
I forme de nos pesons a été donnée quelquefois aux poids ordinaires
en plomb ou en bronze; voir Priene, p. 392 sq.; MA XVII, p. 679,
fig. 510: poids pyramidal en bronze, provenant d'une localité
inconnue de la Sicile et portant l’inscription courante des poids
publics δαμοσία.
OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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398. Fusaïole solide. H 0.008, D 0.025. La
décoration se compose d’yeux de dé et de traits
gravés, disposés irrégulièrement. L’os est tout teint
en vert, couleur provenant probablement de l’oxyde
d’un fuseau en bronze, maintenant disparu (cf. n°
345)·
399. Quatre fusaïoles solides à surface unie, sans
décoration. H 0.005—0.007, L> 0.021—0.033.
*400. Fusaïole fait d’un os tubulaire, décoré
de deux bandes horizontales de trois lignes parallèles.
H 0.017, D 0.024. Le bâtonnet qui a été inséré dans
la cavité naturelle de l’os manque. On voit des
traces de couleur rouge.
*401 a. Même type. H 0.02, D 0.028. La sur-
face est divisée en zones horizontales; dans l’une de
celles-ci, groupes de traits rayonnants gravés.
401 b. Fusaïole semblable, décoré de deux lignes
horizontales. H 0.017, D 0.026.
401 c. Fragment d’un fusaïole semblable. H 0.02.
*402. Fusaïole fait d’un os tubulaire. H 0.017,
D 0.026. Au pourtour, une zone horizontale, limitée
en haut et en bas par deux lignes parallèles et remplie
d’une série d’yeux de dé. Le bâtonnet inséré est
conservé en place. Traces de couleur rouge.
*403. Même type. H 0.026, D 0.037. Près
du sommet, une zone horizontale, remplie d’une série
d’yeux de dé et dans laquelle on voit des traces de
couleur rouge. La surface est d’ailleurs décorée
de séries verticales d’yeux de dé, de triangles et de
bandes obliques formées par des traits parallèles
rapprochés. Les plaques insérées manquent, ainsi
qu’une partie d’un côté.
Pesons de métier.
Je maintiens le nom conventionnel de pesons de
métier pour les objets de terre cuite classés sous
les nos 404—405, bien que certains archéologues les
expliquent différemment. Truhelka a émis l’hypo-
thèse plus ingénieuse que vraisemblable que les
ustensiles pyramidaux déterrés dans les palahttes de
Donja Dolina auraient servi à faire bouillir la soupe
et à la garder chaude, v. WMB IX, p. 37 sq. ; XI,
p. 21. Une opinion semblable a été prononcée par
Koldewey (Lesbos, p. 40) : il les explique comme
supports de chaudron qui auraient formé, trois
ensemble, une espèce de trépied pritimif; cf. encore
T. Eric Peet, The stone and bronze âges in Italy and
Sicily (1909), p. 506 (station de Tozzeg en Hongrie).
Vis-à-vis de tels essais fondés sur les matériaux d’une
seule trouvaille regardés séparément, nous soutenons
la nécessité de tenir compte de la propagation très
vaste des objets en question, des variations de la
forme et des autres faits observés dans les différents
lieux de trouvaille. On ne peut douter que ce ne soit
le même instrument qui ait été trouvé dans la Troade
préhistorique et dans les débris des sanctuaires grecs,
dans l’Europe méridionale et au-delà des frontières
du monde classique jusque dans le Nord de Jutland,
où l’on a fait dernièrement (à Fredsoe dans l’île de
Mors) une trouvaille particulièrement instructive.
Il faut donc que l’explication de l’instrument tienne
compte de son usage généralement répandu, et qu’elle
convienne tant à la civilisation du monde classique
qu’à la vie des barbares.
En certains endroits, on a déterré les objets en
question disposés en une ou en deux séries et entremê-
lés avec des restes d’objets en bois qu’on peut tenir
pour les débris d’un métier de tisserand. Les pein-
tures de vases qui représentent le métier grec font
voir que la chaîne y était appesantie par une série
de petits poids, tout à fait comme dans certains mé-
tiers verticaux des temps modernes. La forme de
nos objets démontre qu’ils étaient destinés à être
suspendus par un fil, l’extérieur simple que c’étaient
des objets d’un usage de tous les jours. Les variations
de la grandeur s’accordent bien avec l’emploi supposé;
la nature du tissu plus ou moins fin comportait à cet
égard une certaine différence, aussi pouvait-on réunir
par un seul peson un nombre plus ou moins grand des
fils de la chaîne L D’autre part, la forme se main-
tient avec une persistance remarquable depuis les
temps préhistoriques jusque vers le commencement
de notre ère, signe évident de ce qu’elle était bien
appropriée à un usage défini qui ne changeait guère
de siècle en siècle 1 2 3 4. Tout cela nous porte à main-
tenir, jusqu’à nouvel ordre, l’opinion traditionnelle 3
sur l’emploi de nos objets 4.
Les pièces coniques ne représentent qu’une variété
1 Une trouvaille faite dans une palafitte (v. Anzeiger f. schweiz.
Alterthumskunde 1884·—87, p. 426), et qui semble représenter
l’appareil complet d’un métier, comprend 12 pesons, c’est-à-dire le
même nombre qui est employé dans un métier ancien, parfaitement
conservé, des îles Faeroé qui est au Musée National de Copenhague
(v. AM 1911, p. 149 sq.). — A Fredsoe (v. ci-dessus) les débris
d’une maison incendiée furent fouillés en 1928 pour le Musée National
de Copenhague par le professeur Hatt. Vers l’extrémité orientale
de la maison, on découvrit une cinquantaine de pesons pyramidaux
de terre cuite, gisant en deux endroits séparés avec des restes car-
bonisés qui proviennent probablement de deux métiers différents.
La trouvaille, qui n’a pas encore été soumise à une étude appro-
fondie, paraît dater du 4e siècle après J.-C.
2 M. Orsi a même vu des pesons semblables en plein usage dans
un pays calabrais, v. MA XVII, p. 680, note 1.
3 Cf. BJ XLI (1866), p. 12 sq.; p. 20; pl. 2.
4 II est facile à comprendre et ne fait point de difficulté que la
I forme de nos pesons a été donnée quelquefois aux poids ordinaires
en plomb ou en bronze; voir Priene, p. 392 sq.; MA XVII, p. 679,
fig. 510: poids pyramidal en bronze, provenant d'une localité
inconnue de la Sicile et portant l’inscription courante des poids
publics δαμοσία.