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OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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qu’on pourrait augmenter, que les oeufs d’autruche
étaient appréciés comme des curiosités dès une époque
reculée, et qu’ils jouaient aussi un rôle dans la super-
stition et les croyances populaires: cela suffit pour
expliquer leur présence dans le sanctuaire de Lindos,
comme dans le Héraion d’Argos (v. Heraeum, II,
P· 353)> dans l’Athénaion de Syracuse, etc.
564 CA. Ossements d’animaux. Les couches de
débris archaïques fouillies dans la partie méridionale
de l’acropole étaient mélangées de particules de char-
bon et de fragments d’ossements d’animaux. Nous
n’avons pas ramassé tous ces débris, dont beaucoup
étaient tellement réduits par l’action de l’homme et
par l’humidité qu’ils ne prêteraient guère à la déter-
mination zoologique. Parmi les mieux conservés
j’ai cependant pu faire une collection assez grande
et assez variée pour faire voir quelles espèces d’ani-
maux étaient représentées dans les couches en question.
Ces ossements ont été soumis à l’examen de feu Herluf
Winge, inspecteur du Musée Zoologique de Copen-
hague, qui s’était chargé pendant une longue série
d’années de la détermination des ossements trouvés
dans les fouilles préhistoriques en Danemark. M.
Winge m’a gracieusement donné là-dessus les renseigne-
ments suivants:
»Poissons: quelques vertèbres dorsales de squales
et une vertèbre d’un grand poisson osseux.
Lepus europaeus (lièvre) : fragment d’un os ili-
aque.
Cervus dama (daim) : fragment d’un os frontal
avec la partie inférieure d’une branche; bout inférieur
d’un humérus.
Sus scrofa domest. (cochon) : partie d’une mâchoire
supérieure d’un cochon adulte; fragment d’une
mâchoire inférieure portant les dents de lait; frag-
ment d’une mâchoire inférieure d’un petit porc; un
os métatarsien.
Ovis aries (mouton, de petite race) : nombreux
ossements, pour la plus grande partie provenant de
bêtes adultes. On distingue les os suivants : fragments
d’au moins neuf mâchoires inférieures droites et
d’autant de mâchoires inférieures gauches; les bouts
de sept humérus droits et de cinq humérus gauches;
fragments de deux os métacarpiens et de trois os
métatarsiens.
Bos taurus domest. (boeuf, de petite race):
divers ossements de boeufs adultes, entre ceux-ci
des fragments de quatre mâchoires inférieures et
quatre astragales.
Tous les os sont cassés sauf les plus petits. Les
os de cochon sont évidemment plus récents que les
autres, qui ont tous l’aspect caractéristique que
présentent les ossements trouvés dans les gisements
danois de l’âge de fer et des époques encore plus
reculées. On les rapportera sans hésitation à l’anti-
quité grecque ; mais il faut avouer que des os gisant à
fleur de terre peuvent affecter à peu près le même
aspect sans remonter à une époque aussi reculée «.
Les observations de Winge s’accordent parfaitement
avec les conclusions qu’on peut tirer des circonstances
des trouvailles, à savoir que le gros des ossements
d’animaux remonte à la période archaïque. Les
os de cochon font seuls exception : ils datent du moyen
âge ou de temps plus récents et ont été mélangés
accidentellement avec les débris plus anciens. Tous
les autres ossements représentent, avec les petits
ex-voto mis de côté et rejetés, les rebuts du temple
archaïque : ils doivent provenir des banquets faits
dans le sanctuaire (voir l’introduction, p. 11).
Une mention particulière est due à un certain
nombre d’ossements qui ont été trouvés ensemble
sous les degrés de l’escalier archaïque (pl. 1, F). Par
conséquent, toute idée d’une immixtion postérieure
est exclue: tous ces ossements appartiennent à l’é-
poque antécédant la construction de l’escalier. De plus,
ils ont été mieux protégés contre l’action de l’humi-
dité et de l’atmosphère que les ossements susmen-
tionnés; il faut surtout relever que les brisures nette-
ment conservées permettent certaines conclusions qui
ne sont pas dépourvues d’importance. Cette trou-
vaille a été soumise à l’examen de M. Degerbôl,
successeur de Herluf Winge, qui a bien voulu me
fournir la détermination suivante:
»Ovis aries (mouton) : deux molaires postérieures
des deux côtés d’une mâchoire inférieure.
Cervus dama (daim) : restes du corps et des mem-
bres de deux individus au moins: atlas; deuxième
vertèbre thoracique; deux bouts inférieurs de l’humé-
rus gauche; moitié supérieure d’un radius gauche;
fragments des deux côtés d’un bassin; fragments
d’un fémur et d’un tibia gauches; trois phalanges;
deux astragales différents; os de talon gauche. De
plus, la partie du milieu d’un os métacarpien qui
paraît trop petit pour provenir d’un daim et qui
ressemble plutôt à l’os correspondant d’un chevreuil
(cervus capreolus)«.
Les os longs ont été cassés d’une manière parti-
culière, illustrée par la fig. 24 et qui nous est bien
connue par les nombreuses trouvailles d’ossements
faites dans les stations préhistoriques, analogie qui
n’a pas non plus échappé à l’observation de M. Deger-
bôl. Sans doute, on a écrasé à dessein le milieu des
os afin d’extraire la moelle. Cette particularité fournit
donc une preuve ultérieure, s’il en est besoin, de la
justesse de l’hypothèse exposée ci-dessus sur la pro-
venance des ossements d’animaux trouvés dans le
sanctuaire.
OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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qu’on pourrait augmenter, que les oeufs d’autruche
étaient appréciés comme des curiosités dès une époque
reculée, et qu’ils jouaient aussi un rôle dans la super-
stition et les croyances populaires: cela suffit pour
expliquer leur présence dans le sanctuaire de Lindos,
comme dans le Héraion d’Argos (v. Heraeum, II,
P· 353)> dans l’Athénaion de Syracuse, etc.
564 CA. Ossements d’animaux. Les couches de
débris archaïques fouillies dans la partie méridionale
de l’acropole étaient mélangées de particules de char-
bon et de fragments d’ossements d’animaux. Nous
n’avons pas ramassé tous ces débris, dont beaucoup
étaient tellement réduits par l’action de l’homme et
par l’humidité qu’ils ne prêteraient guère à la déter-
mination zoologique. Parmi les mieux conservés
j’ai cependant pu faire une collection assez grande
et assez variée pour faire voir quelles espèces d’ani-
maux étaient représentées dans les couches en question.
Ces ossements ont été soumis à l’examen de feu Herluf
Winge, inspecteur du Musée Zoologique de Copen-
hague, qui s’était chargé pendant une longue série
d’années de la détermination des ossements trouvés
dans les fouilles préhistoriques en Danemark. M.
Winge m’a gracieusement donné là-dessus les renseigne-
ments suivants:
»Poissons: quelques vertèbres dorsales de squales
et une vertèbre d’un grand poisson osseux.
Lepus europaeus (lièvre) : fragment d’un os ili-
aque.
Cervus dama (daim) : fragment d’un os frontal
avec la partie inférieure d’une branche; bout inférieur
d’un humérus.
Sus scrofa domest. (cochon) : partie d’une mâchoire
supérieure d’un cochon adulte; fragment d’une
mâchoire inférieure portant les dents de lait; frag-
ment d’une mâchoire inférieure d’un petit porc; un
os métatarsien.
Ovis aries (mouton, de petite race) : nombreux
ossements, pour la plus grande partie provenant de
bêtes adultes. On distingue les os suivants : fragments
d’au moins neuf mâchoires inférieures droites et
d’autant de mâchoires inférieures gauches; les bouts
de sept humérus droits et de cinq humérus gauches;
fragments de deux os métacarpiens et de trois os
métatarsiens.
Bos taurus domest. (boeuf, de petite race):
divers ossements de boeufs adultes, entre ceux-ci
des fragments de quatre mâchoires inférieures et
quatre astragales.
Tous les os sont cassés sauf les plus petits. Les
os de cochon sont évidemment plus récents que les
autres, qui ont tous l’aspect caractéristique que
présentent les ossements trouvés dans les gisements
danois de l’âge de fer et des époques encore plus
reculées. On les rapportera sans hésitation à l’anti-
quité grecque ; mais il faut avouer que des os gisant à
fleur de terre peuvent affecter à peu près le même
aspect sans remonter à une époque aussi reculée «.
Les observations de Winge s’accordent parfaitement
avec les conclusions qu’on peut tirer des circonstances
des trouvailles, à savoir que le gros des ossements
d’animaux remonte à la période archaïque. Les
os de cochon font seuls exception : ils datent du moyen
âge ou de temps plus récents et ont été mélangés
accidentellement avec les débris plus anciens. Tous
les autres ossements représentent, avec les petits
ex-voto mis de côté et rejetés, les rebuts du temple
archaïque : ils doivent provenir des banquets faits
dans le sanctuaire (voir l’introduction, p. 11).
Une mention particulière est due à un certain
nombre d’ossements qui ont été trouvés ensemble
sous les degrés de l’escalier archaïque (pl. 1, F). Par
conséquent, toute idée d’une immixtion postérieure
est exclue: tous ces ossements appartiennent à l’é-
poque antécédant la construction de l’escalier. De plus,
ils ont été mieux protégés contre l’action de l’humi-
dité et de l’atmosphère que les ossements susmen-
tionnés; il faut surtout relever que les brisures nette-
ment conservées permettent certaines conclusions qui
ne sont pas dépourvues d’importance. Cette trou-
vaille a été soumise à l’examen de M. Degerbôl,
successeur de Herluf Winge, qui a bien voulu me
fournir la détermination suivante:
»Ovis aries (mouton) : deux molaires postérieures
des deux côtés d’une mâchoire inférieure.
Cervus dama (daim) : restes du corps et des mem-
bres de deux individus au moins: atlas; deuxième
vertèbre thoracique; deux bouts inférieurs de l’humé-
rus gauche; moitié supérieure d’un radius gauche;
fragments des deux côtés d’un bassin; fragments
d’un fémur et d’un tibia gauches; trois phalanges;
deux astragales différents; os de talon gauche. De
plus, la partie du milieu d’un os métacarpien qui
paraît trop petit pour provenir d’un daim et qui
ressemble plutôt à l’os correspondant d’un chevreuil
(cervus capreolus)«.
Les os longs ont été cassés d’une manière parti-
culière, illustrée par la fig. 24 et qui nous est bien
connue par les nombreuses trouvailles d’ossements
faites dans les stations préhistoriques, analogie qui
n’a pas non plus échappé à l’observation de M. Deger-
bôl. Sans doute, on a écrasé à dessein le milieu des
os afin d’extraire la moelle. Cette particularité fournit
donc une preuve ultérieure, s’il en est besoin, de la
justesse de l’hypothèse exposée ci-dessus sur la pro-
venance des ossements d’animaux trouvés dans le
sanctuaire.