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VASES ET RÉCIPIENTS
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dessins, on aperçoit pourtant sans peine que les vases
en question datent réellement d’une époque à laquelle
la décoration géométrique a perdu sa fraîcheur. Bien
que le travail des deux coupes reproduites ci-dessus
soit encore relativement soigné, elles font pourtant
l’impression d’un art vieilli. Souvent le potier se
contente même de dessiner les ornements linéaires
d’une manière sommaire et sans doute très hâtive-
ment. L’exécution négligée des zigzags sur n° 871
est caractéristique du style tardif. Notre pl. 37 donne
l’occasion de les comparer au dessin du même motif
usité à l’époque du beau style géométrique (n° 862).
La qualité de la terre et du vernis est dans certains
cas (p. e. dans les nos 870—872) d’une nature si parti-
culière qu’on est autorisé à rapporter les vases en
question à la même fabrique qui a produit divers
genres de poteries bien connues datant du 7e siècle
(v. ci-après, nos 1010 et 1026; cf. Vroulia, p. 45—47
et 56). Seulement les vases à décor géométrique sont
évidemment plus anciens. Lors de l’établissement
de la colonie de Vroulia, c’est-à-dire au commence-
ment du 7è siècle, ils avaient tombé en désuétude.
La production de cet atelier particulier, qui a été
situé sans doute dans l’île de Rhodes, mais dont la
localisation précise est encore inconnue, a donc
commencé au 8e siècle au moins: c’est à cette époque
qu’il faut rapporter les vases dont il s’agit ici.
B (nos 884—890). Une autre petite classe de
poteries, qui date également de l’époque géométrique
tardive, se signale par son aspect pauvre et monotone.
Ce sont des coupes à boire des deux types principaux,
kantharos et skyphos, à paroi assez mince et en général
de petite taille. Elles sont faites avec une terre
chamois foncé, à surface imparfaitement polie et
apparemment un peu poreuse. Le vernis, d’un noir
brun sans lustre, a une tendance à s’écailler; plus
rarement la couleur du vernis tire sur le rouge brun.
Comme nous n’avons trouvé à Lindos que des
fragments de ce genre de poteries, nous reproduisons
ci-après (fig. 31) une coupe complète découverte dans
la nécropole d’Exochi (près de Lartos). Comme
dans ce spécimen, les anses avec la partie adjacente
et la partie inférieure des coupes sont toujours cou-
vertes de vernis. La décoration est très pauvre.
Elle se borne à une ou deux frises, occupées soit par
des triangles quadrillés et par des zigzags horizontaux
(n° 888), soit, plus souvent, par des groupes de zigzags
verticaux, d’une exécution sommaire et affectant
souvent l’aspect de traits légèrement ondulés; quel-
quefois ils ressemblent même à un S allongé et peu
sinué. Ce dernier type représente une forme du zig-
zag encore plus dégénérée que l’autre, dont les nom-
breux coudes ont paru au potier trop onéreux à
dessiner. D’autres styles, p. e. le sicyonien, ont
mieux conservé la forme originelle de telles frises à
zigzags verticaux.
Ce genre dégénéré se place évidemment vers la
fin du style géométrique. D’après son aspect général,
on pourrait même être disposé à le faire descendre
encore plus bas, c’est-à-dire après la fin du 8è siècle.
Mais deux observations s’opposent à une telle chrono-
logie. Les vases en question sont largement représen-
tés dans la nécropole d’Exochi, qui contenait presque
exclusivement des poteries de style géométrique,
et d’autre part ils font défaut à Vroulia, où les trou-
vailles céramiques ont fourni des échantillons de
presque tous les genres de vases usités dans l’île de
Rhodes pendant le 7e siècle.
*867. Fragment d’une petite pyxis à anse demi-
circulaire. H 0.065. La forme a été usitée à Rhodes
tant aux temps mycéniens (Furtwaengler-Loesch-
cke, Myk. Vas., pl. 7, n° 36; pl. 16, n° 104) qu’à
l’époque subgéométrique (Bottier, Vases du Louvre,
Fig. 31. Skyphos, trouvé dans la nécropole d’Exochi, près de
Lartos (île de Rhodes). 1 : 3.
pl. 10, n° A 286); cf. une pyxis mycénienne de Crète:
AJA 1901, p. 274, pl. 6, n° 4. Au-dessous de l’anse,
petit reste d’un guerrier casqué; l’ornementation du
fragment se compose d’ailleurs de triangles qua-
drillés superposés et d’un oiseau aquatique.
*868. Fragment de l’épaule avec une petite partie
de la panse d’une pyxis semblable. L 0.057. Sur
l’épaule, série de losanges divisés en petits losanges
noirs et blancs; sur la panse, reste d’un méandre
haché.
869 CA. Fragment de l’épaule d’une pyxis ou
d’une aiguière. L 0.067. Décoration verticale: raies
parallèles, damier, »chien courant «.
*870. Petit fragment d’une petite aiguière ou
d’un vase semblable. Décoration verticale: trois
raies parallèles alternant avec trois étoiles super-
posées à huit branches.
*871 CA. Deux fragments d’un petit skyphos, à
paroi verticale. Décoration, exécutée avec peu de
soin, en frises et en métopes séparées par des lignes
parallèles : oiseaux hachés, zigzags superposés, triangle
rempli de losanges quadrillés, zigzag horizontal.
*872. Deux fragments du côté vertical d’un
skyphos semblable, trouvés à Kopria. Dimensions
VASES ET RÉCIPIENTS
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dessins, on aperçoit pourtant sans peine que les vases
en question datent réellement d’une époque à laquelle
la décoration géométrique a perdu sa fraîcheur. Bien
que le travail des deux coupes reproduites ci-dessus
soit encore relativement soigné, elles font pourtant
l’impression d’un art vieilli. Souvent le potier se
contente même de dessiner les ornements linéaires
d’une manière sommaire et sans doute très hâtive-
ment. L’exécution négligée des zigzags sur n° 871
est caractéristique du style tardif. Notre pl. 37 donne
l’occasion de les comparer au dessin du même motif
usité à l’époque du beau style géométrique (n° 862).
La qualité de la terre et du vernis est dans certains
cas (p. e. dans les nos 870—872) d’une nature si parti-
culière qu’on est autorisé à rapporter les vases en
question à la même fabrique qui a produit divers
genres de poteries bien connues datant du 7e siècle
(v. ci-après, nos 1010 et 1026; cf. Vroulia, p. 45—47
et 56). Seulement les vases à décor géométrique sont
évidemment plus anciens. Lors de l’établissement
de la colonie de Vroulia, c’est-à-dire au commence-
ment du 7è siècle, ils avaient tombé en désuétude.
La production de cet atelier particulier, qui a été
situé sans doute dans l’île de Rhodes, mais dont la
localisation précise est encore inconnue, a donc
commencé au 8e siècle au moins: c’est à cette époque
qu’il faut rapporter les vases dont il s’agit ici.
B (nos 884—890). Une autre petite classe de
poteries, qui date également de l’époque géométrique
tardive, se signale par son aspect pauvre et monotone.
Ce sont des coupes à boire des deux types principaux,
kantharos et skyphos, à paroi assez mince et en général
de petite taille. Elles sont faites avec une terre
chamois foncé, à surface imparfaitement polie et
apparemment un peu poreuse. Le vernis, d’un noir
brun sans lustre, a une tendance à s’écailler; plus
rarement la couleur du vernis tire sur le rouge brun.
Comme nous n’avons trouvé à Lindos que des
fragments de ce genre de poteries, nous reproduisons
ci-après (fig. 31) une coupe complète découverte dans
la nécropole d’Exochi (près de Lartos). Comme
dans ce spécimen, les anses avec la partie adjacente
et la partie inférieure des coupes sont toujours cou-
vertes de vernis. La décoration est très pauvre.
Elle se borne à une ou deux frises, occupées soit par
des triangles quadrillés et par des zigzags horizontaux
(n° 888), soit, plus souvent, par des groupes de zigzags
verticaux, d’une exécution sommaire et affectant
souvent l’aspect de traits légèrement ondulés; quel-
quefois ils ressemblent même à un S allongé et peu
sinué. Ce dernier type représente une forme du zig-
zag encore plus dégénérée que l’autre, dont les nom-
breux coudes ont paru au potier trop onéreux à
dessiner. D’autres styles, p. e. le sicyonien, ont
mieux conservé la forme originelle de telles frises à
zigzags verticaux.
Ce genre dégénéré se place évidemment vers la
fin du style géométrique. D’après son aspect général,
on pourrait même être disposé à le faire descendre
encore plus bas, c’est-à-dire après la fin du 8è siècle.
Mais deux observations s’opposent à une telle chrono-
logie. Les vases en question sont largement représen-
tés dans la nécropole d’Exochi, qui contenait presque
exclusivement des poteries de style géométrique,
et d’autre part ils font défaut à Vroulia, où les trou-
vailles céramiques ont fourni des échantillons de
presque tous les genres de vases usités dans l’île de
Rhodes pendant le 7e siècle.
*867. Fragment d’une petite pyxis à anse demi-
circulaire. H 0.065. La forme a été usitée à Rhodes
tant aux temps mycéniens (Furtwaengler-Loesch-
cke, Myk. Vas., pl. 7, n° 36; pl. 16, n° 104) qu’à
l’époque subgéométrique (Bottier, Vases du Louvre,
Fig. 31. Skyphos, trouvé dans la nécropole d’Exochi, près de
Lartos (île de Rhodes). 1 : 3.
pl. 10, n° A 286); cf. une pyxis mycénienne de Crète:
AJA 1901, p. 274, pl. 6, n° 4. Au-dessous de l’anse,
petit reste d’un guerrier casqué; l’ornementation du
fragment se compose d’ailleurs de triangles qua-
drillés superposés et d’un oiseau aquatique.
*868. Fragment de l’épaule avec une petite partie
de la panse d’une pyxis semblable. L 0.057. Sur
l’épaule, série de losanges divisés en petits losanges
noirs et blancs; sur la panse, reste d’un méandre
haché.
869 CA. Fragment de l’épaule d’une pyxis ou
d’une aiguière. L 0.067. Décoration verticale: raies
parallèles, damier, »chien courant «.
*870. Petit fragment d’une petite aiguière ou
d’un vase semblable. Décoration verticale: trois
raies parallèles alternant avec trois étoiles super-
posées à huit branches.
*871 CA. Deux fragments d’un petit skyphos, à
paroi verticale. Décoration, exécutée avec peu de
soin, en frises et en métopes séparées par des lignes
parallèles : oiseaux hachés, zigzags superposés, triangle
rempli de losanges quadrillés, zigzag horizontal.
*872. Deux fragments du côté vertical d’un
skyphos semblable, trouvés à Kopria. Dimensions