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VASES ET RÉCIPIENTS
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a pu être reconstruit. Les croquis reproduits ci-
joint (fig. 34) en font voir la forme et la construction.
Dimensions de cette pièce (inv. 64—10—7: 1985
—1991): long. 0.425, larg. 0.155, H 0.22. Les quatre
pieds, qui portent le dessus, sont clairement indiqués
par la décoration peinte. Ils sont réunis entre eux
par des plaques pleines. Pour l’ornement qui se trouve
sur le support de la table, en haut (torsade, dont les
yeux circulaires renferment huit rayons), on peut
citer les parallèles suivants : amphore eubéenne :
Thera, II, p. 15, fig. 6 et p. 212, fig. 419 a; aiguière
eubéenne: MA XXII, pl. 32, n° 1 (= Dugas, La
céramique des Cyclades, pl. 13); vase chypriote: BMC,
Vases, I 2, p. 138, fig. 271 (C 732). La source de ce
motif est à chercher dans l’art hittite. Sur des bases
de colonnes du 9e siècle, découvertes à Sendjirli (v.
Mitteil. aus den oriental. Sammlungen, Berlin, XIV,
pl. 53), on trouve les yeux d’une torsade analogue dé-
corés de rosaces. Les exemples grecs que nous venons
de citer présentent le même motif transposé dans le
style géométrique et, par conséquent, simplifié. Dans
l’art archaïque il affecte une forme qui se rapproche
plus des modèles orientaux, p. e. sur les revêtements
architecturaux en terre cuite, v. MA XXV, pl. 19
(Athénaion de Syracuse) ; XLI Programm zum
Winckelmannsfeste, pl. 4, etc.
Une extrémité d’une table pareille, dont la déco-
ration se compose d’autres motifs géométriques, est
également au British Muséum (inv. 64—10—7:
1995), v. fig. 35; il paraît que l’autre extrémité de la
même pièce est figurée dans Salzmann, Nécropole
de Camiros, pl. 29 en haut. On trouve sur la même
planche (en bas) le fragment d’une troisième table,
dont la décoration est d’un style différent et évidem-
ment d’une époque plus avancée.
Cette espèce de table se confond, par ses côtés
pleins, avec un autre meuble, à savoir le coffre dans
lequel on déposait les vêtements, et qui figure déjà
dans l’épopée homérique. Que ces meubles, table
et coffre, étaient de forme pareille, c’est ce qui ressort
clairement d’un bas-relief archaïque de Lokroi (v.
Orsi dans Bollettino d’arte III, nov.-déc. 1909, fig. 5).
Il est probable que la même pièce a pu servir soit de
table, soit de coffre, en levant le dessus. En tout cas,
les imitations de coffres archaïques, découvertes dans
diverses contrées du monde ancien, sont comparables,
comme forme et comme décoration, aux petites tables
dont nous venons de parler. Citons à titre d’exemples
un coffret en terre cuite de style géométrique apulien
du musée de Berlin et un autre, trouvé à Thèbes et
publié Jb 1888, p. 356—358. En Chypre, les coffrets
miniature correspondants étaient souvent faits en
pierre calcaire, v. Atl. Cesnola Coll., I, pl. 79; Ohne-
falsch-Richter, Kypros, pl. 133 et 199 ; ci-après n° 1859.
Vases archaïques grecs-orientaux.
Vases chypriotes.
La chute de l’ancienne civilisation mycénienne,
vers 1200 av. J.-C., fut suivie, dans l'île de Chypre
comme en Grèce, par une période de décadence qui
a duré environ deux siècles et pendant laquelle le
commerce avec les pays environnants, très vif au 2e
millénaire *, cessa presque entièrement. Ce n’est
Fig. 35. Fragment d’une table votive, conservé au British Mu-
séum (croquis de l’auteur), i : 4.
qu’après la fin de cette époque qu’on voit se renou-
veler les rapports commerciaux de l’île. Nous avons
mentionné plus haut (p. 232) l’importation assez
clairsemée en Chypre de vases du style du Dipylon.
L’exportation aux pays grecs de marchandises chypri-
otes a commencé à peu près dans le même temps; des
influences de types chypriotes se font valoir déjà
dans la céramique géométrique d’Athènes (v. AM
1918, pl. 4, n° 1; pl. 6, n° 5). A en juger par les trou-
vailles, cette exportation a atteint son maximum
pendant le 8e siècle, désigné par M. Myres comme
époque du »seapower of Cyprus« (Handbook of the
Cesnola Collection, p. XXXIV). Encore après ce temps,
au 7e siècle, voire même au commencement du 6e, elle
était assez importante, notamment dans l’île de
Rhodes et sur la côte carienne. Nous avons traité
1 II semble pourtant que l’île de Rhodes a pris peu de part à
ce commerce. On ne connaît jusqu’ici, que je sache, que deux ob-
jets d’origine chypriote indiscutable trouvés dans l’île, à savoir
deux vases en forme d’animaux (taureau, canard), mis au jour dans
la nécropole mycénienne d’Ialysos, v. Maiuri, Jalisos (1926), p. 163,
tombe 31, n° 21, fig. 90 et p. 91, t. 15, n° 12, fig. 100.
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a pu être reconstruit. Les croquis reproduits ci-
joint (fig. 34) en font voir la forme et la construction.
Dimensions de cette pièce (inv. 64—10—7: 1985
—1991): long. 0.425, larg. 0.155, H 0.22. Les quatre
pieds, qui portent le dessus, sont clairement indiqués
par la décoration peinte. Ils sont réunis entre eux
par des plaques pleines. Pour l’ornement qui se trouve
sur le support de la table, en haut (torsade, dont les
yeux circulaires renferment huit rayons), on peut
citer les parallèles suivants : amphore eubéenne :
Thera, II, p. 15, fig. 6 et p. 212, fig. 419 a; aiguière
eubéenne: MA XXII, pl. 32, n° 1 (= Dugas, La
céramique des Cyclades, pl. 13); vase chypriote: BMC,
Vases, I 2, p. 138, fig. 271 (C 732). La source de ce
motif est à chercher dans l’art hittite. Sur des bases
de colonnes du 9e siècle, découvertes à Sendjirli (v.
Mitteil. aus den oriental. Sammlungen, Berlin, XIV,
pl. 53), on trouve les yeux d’une torsade analogue dé-
corés de rosaces. Les exemples grecs que nous venons
de citer présentent le même motif transposé dans le
style géométrique et, par conséquent, simplifié. Dans
l’art archaïque il affecte une forme qui se rapproche
plus des modèles orientaux, p. e. sur les revêtements
architecturaux en terre cuite, v. MA XXV, pl. 19
(Athénaion de Syracuse) ; XLI Programm zum
Winckelmannsfeste, pl. 4, etc.
Une extrémité d’une table pareille, dont la déco-
ration se compose d’autres motifs géométriques, est
également au British Muséum (inv. 64—10—7:
1995), v. fig. 35; il paraît que l’autre extrémité de la
même pièce est figurée dans Salzmann, Nécropole
de Camiros, pl. 29 en haut. On trouve sur la même
planche (en bas) le fragment d’une troisième table,
dont la décoration est d’un style différent et évidem-
ment d’une époque plus avancée.
Cette espèce de table se confond, par ses côtés
pleins, avec un autre meuble, à savoir le coffre dans
lequel on déposait les vêtements, et qui figure déjà
dans l’épopée homérique. Que ces meubles, table
et coffre, étaient de forme pareille, c’est ce qui ressort
clairement d’un bas-relief archaïque de Lokroi (v.
Orsi dans Bollettino d’arte III, nov.-déc. 1909, fig. 5).
Il est probable que la même pièce a pu servir soit de
table, soit de coffre, en levant le dessus. En tout cas,
les imitations de coffres archaïques, découvertes dans
diverses contrées du monde ancien, sont comparables,
comme forme et comme décoration, aux petites tables
dont nous venons de parler. Citons à titre d’exemples
un coffret en terre cuite de style géométrique apulien
du musée de Berlin et un autre, trouvé à Thèbes et
publié Jb 1888, p. 356—358. En Chypre, les coffrets
miniature correspondants étaient souvent faits en
pierre calcaire, v. Atl. Cesnola Coll., I, pl. 79; Ohne-
falsch-Richter, Kypros, pl. 133 et 199 ; ci-après n° 1859.
Vases archaïques grecs-orientaux.
Vases chypriotes.
La chute de l’ancienne civilisation mycénienne,
vers 1200 av. J.-C., fut suivie, dans l'île de Chypre
comme en Grèce, par une période de décadence qui
a duré environ deux siècles et pendant laquelle le
commerce avec les pays environnants, très vif au 2e
millénaire *, cessa presque entièrement. Ce n’est
Fig. 35. Fragment d’une table votive, conservé au British Mu-
séum (croquis de l’auteur), i : 4.
qu’après la fin de cette époque qu’on voit se renou-
veler les rapports commerciaux de l’île. Nous avons
mentionné plus haut (p. 232) l’importation assez
clairsemée en Chypre de vases du style du Dipylon.
L’exportation aux pays grecs de marchandises chypri-
otes a commencé à peu près dans le même temps; des
influences de types chypriotes se font valoir déjà
dans la céramique géométrique d’Athènes (v. AM
1918, pl. 4, n° 1; pl. 6, n° 5). A en juger par les trou-
vailles, cette exportation a atteint son maximum
pendant le 8e siècle, désigné par M. Myres comme
époque du »seapower of Cyprus« (Handbook of the
Cesnola Collection, p. XXXIV). Encore après ce temps,
au 7e siècle, voire même au commencement du 6e, elle
était assez importante, notamment dans l’île de
Rhodes et sur la côte carienne. Nous avons traité
1 II semble pourtant que l’île de Rhodes a pris peu de part à
ce commerce. On ne connaît jusqu’ici, que je sache, que deux ob-
jets d’origine chypriote indiscutable trouvés dans l’île, à savoir
deux vases en forme d’animaux (taureau, canard), mis au jour dans
la nécropole mycénienne d’Ialysos, v. Maiuri, Jalisos (1926), p. 163,
tombe 31, n° 21, fig. 90 et p. 91, t. 15, n° 12, fig. 100.