33i
OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
332
partie supérieure du vase est ornée de bandes hori-
zontales, larges et étroites, peintes avec un vernis noir
peu luisant et entre lesquelles est inséré, à la hauteur
des anses, un zigzag horizontal.
1201 b. Amphorisque semblable, mal conservé,
dont l'épaule a été décorée d’un zigzag horizontal.
Vases annulaires à -plusieurs goulots en forme de vases
miniature.
Ce type particulier a été traité par M. Orsi (MA
XVII, p. 629 sq.), à propos de la publication d’un
fragment trouvé à Gela et datant du 7e siècle [op. c.,
p. 631, fig. 446). Les exemplaires lindiens remontent
à la même époque, à en juger d’après la technique
et la décoration (dans les cas où il y en a), qui per-
mettent de les classer dans le groupe des vases
archaïques ou subgéométriques. Les autres spécimens
connus proviennent de localités bien éloignées l’une
de l’autre. Le téménos d’Aphrodité à Naukratis en
a donné plusieurs [Naukratis, II, p. 41, pl. 7, n° 3);
d’autres ont été découverts à Eleusis (AM 1898,
p. 304 sq.), dans un sanctuaire de Gela (MA, l. c.) et
dans le Héraion de Kroton (NS 1911, suppl., p. 117,
fig. 100); un exemplaire du Musée National d’Athènes
(n° d’inv. 12690, cf. Nicole, Catalogue, n° 783) est
originaire de la Béotie, un autre, surmonté de quatre
petits vases et muni en outre d’un goulot particulier,
se trouve parmi les vases chypriotes du même musée.
Je rapporte au 7e siècle encore le vase de Kourtes,
qui est regardé comme mycénien par Xanthoudidès
(BSA XII, p. 17, fig. 3) et d’autres savants; on ne
pourra alléguer, en faveur de la date mycénienne, ni
les circonstances de la trouvaille, qui sont inconnues,
ni les débris d’un vase analogue découvert à Skyros,
également par des paysans (BSA XI, p. 79). Pour
un spécimen mycénien incontestable, v. p. 332, note.
La même forme de vase se trouve encore, mais rare-
ment, après l’époque archaïque: un exemplaire du
Musée National d’Athènes (n° 547, découvert à
Megara et portant une aiguière, une coupe à une anse
et un cratère campaniforme) ne peut être antérieur
au 4e siècle. MM. Rubensohn (AM 1898, l. c.), Orsi
et d’autres voudraient attribuer à ces vases singuliers
la dénomination de kerchnos (kernos) qui semble
peu fondée et qui est très justement rejetée par M.
Couve (Daremberg-Saglio, s. v. Kernos): les petits
vases sont toujours percés en bas et mis en communi-
cation avec le creux de l’anneau qui leur sert de base,
ce qui conviendrait très mal à la destination d’un
kernos telle qu’elle nous a été transmise par Polémon
(fragm. 88 = Athénaios, p. 478 d). Il faut encore
noter que la dédicace dans des sanctuaires différents
dérive évidemment de coutumes sacrales qui ont été
communes à plusieurs cultes. Loeschcke voit avec
plus de raison dans les vases en question l’imitation
d’une espèce de support pour la vaisselle (B ph. W
1898, p. 222), dont il retrouve la forme dans la base
du »Satyre buveur« du Louvre (BCH 1895, pl. 19 — 20) ;
cf., pour cette base, un »ring-stand« corinthien suppor-
tant quatre skyphoi, conservé au British Muséum
(n° A 1347). Loeschcke renvoie encore à des ana-
logies chypriotes de haute antiquité (AM 1886, p. 239,
Beilage 3, nos 1 —2 = Ohnefalsch-Richter, Kypros,
p. 283): on pourrait bien, en effet, croire originaire de
Chypre la mode d’offrir de tels vases aux dieux et
aux défunts U J’ai signalé plus haut un exemplaire
chypriote du Musée d’Athènes; un autre, de style
»gréco-phénicien« est au British Muséum, v. BMC,
Vases, I 2, C 811 (avec les références; pour d’autres
spécimens chypriotes, v. Myres, Handbook, nos 521
— 523 et 899 — 902; Dussaud, Les civilisations
préhelléniques, 2e éd., p. 358, fig. 262). Un exemplaire
du Musée National d’Athènes (n° 2067, trouvé à
Malesina; cf. le catalogue de Nicole n° 858) occupe
une position intermédiaire entre nos vases et le
» Satyre buveur « du Louvre. L’existence de vases
annulaires à trois pieds [Naukratis, l. c.) fournit un
argument ultérieur en faveur de l’interprétation de
Loeschcke, qui se recommande aussi par la forme
même qu’affectent les goulots: coupe à boire, aiguière,
amphore, cratère ou hydrie. On verra enfin que cette
interprétation s’accorde bien avec l’explication que
nous donnerons plus loin des dédicaces fréquentes
de petites coupes à boire.
Signalons encore que nos vases n’ont qu’une
ressemblance superficielle avec les récipients multi-
ples qu’on trouve dans les dépôts funéraires d’époques
et de pays divers (tombeaux d’Aphidna, vase de
Duenos, etc.).
Puisque l’état très fragmentaire des numéros
suivants n’en recommande pas la publication par le
dessin, j’ai photographié un exemplaire complet du
British Muséum (n° A 1557, 67 — 5 — 6—49) qui donne
une idée assez exacte de la forme originelle de l’en-
semble dont nos fragments ont fait partie (v. fig. 48).
Cette pièce, qui est façonnée avec une terre de couleur
chocolat et peinte en vernis noir brun sans lustre,
a été fournie au musée par Salzmann; elle est pro-
bablement originaire de l’île de Rhodes. L’anneau
1 Je connais un seul spécimen de facture mycénienne, v. Martin
P. Nilsson, Minoan-Mycenaean religion, p. 117, fig. 21 (trouvé à
Mycènes). Malgré la ressemblance de forme, il se distingue claire-
ment de la série traitée dans notre texte. — Les flacons mycéniens
à récipient annulaire (CVA, Copenhague, Mus. Nat., pl. 46, n° 9;
Maiuri, Jalisos, fig. 65, n° 41; cf. Friis Johansen, Vases Sicyoniens,
p. 27, note 4) ne paraissent avoir aucun rapport direct avec les
vases que nous étudions ici.
OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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partie supérieure du vase est ornée de bandes hori-
zontales, larges et étroites, peintes avec un vernis noir
peu luisant et entre lesquelles est inséré, à la hauteur
des anses, un zigzag horizontal.
1201 b. Amphorisque semblable, mal conservé,
dont l'épaule a été décorée d’un zigzag horizontal.
Vases annulaires à -plusieurs goulots en forme de vases
miniature.
Ce type particulier a été traité par M. Orsi (MA
XVII, p. 629 sq.), à propos de la publication d’un
fragment trouvé à Gela et datant du 7e siècle [op. c.,
p. 631, fig. 446). Les exemplaires lindiens remontent
à la même époque, à en juger d’après la technique
et la décoration (dans les cas où il y en a), qui per-
mettent de les classer dans le groupe des vases
archaïques ou subgéométriques. Les autres spécimens
connus proviennent de localités bien éloignées l’une
de l’autre. Le téménos d’Aphrodité à Naukratis en
a donné plusieurs [Naukratis, II, p. 41, pl. 7, n° 3);
d’autres ont été découverts à Eleusis (AM 1898,
p. 304 sq.), dans un sanctuaire de Gela (MA, l. c.) et
dans le Héraion de Kroton (NS 1911, suppl., p. 117,
fig. 100); un exemplaire du Musée National d’Athènes
(n° d’inv. 12690, cf. Nicole, Catalogue, n° 783) est
originaire de la Béotie, un autre, surmonté de quatre
petits vases et muni en outre d’un goulot particulier,
se trouve parmi les vases chypriotes du même musée.
Je rapporte au 7e siècle encore le vase de Kourtes,
qui est regardé comme mycénien par Xanthoudidès
(BSA XII, p. 17, fig. 3) et d’autres savants; on ne
pourra alléguer, en faveur de la date mycénienne, ni
les circonstances de la trouvaille, qui sont inconnues,
ni les débris d’un vase analogue découvert à Skyros,
également par des paysans (BSA XI, p. 79). Pour
un spécimen mycénien incontestable, v. p. 332, note.
La même forme de vase se trouve encore, mais rare-
ment, après l’époque archaïque: un exemplaire du
Musée National d’Athènes (n° 547, découvert à
Megara et portant une aiguière, une coupe à une anse
et un cratère campaniforme) ne peut être antérieur
au 4e siècle. MM. Rubensohn (AM 1898, l. c.), Orsi
et d’autres voudraient attribuer à ces vases singuliers
la dénomination de kerchnos (kernos) qui semble
peu fondée et qui est très justement rejetée par M.
Couve (Daremberg-Saglio, s. v. Kernos): les petits
vases sont toujours percés en bas et mis en communi-
cation avec le creux de l’anneau qui leur sert de base,
ce qui conviendrait très mal à la destination d’un
kernos telle qu’elle nous a été transmise par Polémon
(fragm. 88 = Athénaios, p. 478 d). Il faut encore
noter que la dédicace dans des sanctuaires différents
dérive évidemment de coutumes sacrales qui ont été
communes à plusieurs cultes. Loeschcke voit avec
plus de raison dans les vases en question l’imitation
d’une espèce de support pour la vaisselle (B ph. W
1898, p. 222), dont il retrouve la forme dans la base
du »Satyre buveur« du Louvre (BCH 1895, pl. 19 — 20) ;
cf., pour cette base, un »ring-stand« corinthien suppor-
tant quatre skyphoi, conservé au British Muséum
(n° A 1347). Loeschcke renvoie encore à des ana-
logies chypriotes de haute antiquité (AM 1886, p. 239,
Beilage 3, nos 1 —2 = Ohnefalsch-Richter, Kypros,
p. 283): on pourrait bien, en effet, croire originaire de
Chypre la mode d’offrir de tels vases aux dieux et
aux défunts U J’ai signalé plus haut un exemplaire
chypriote du Musée d’Athènes; un autre, de style
»gréco-phénicien« est au British Muséum, v. BMC,
Vases, I 2, C 811 (avec les références; pour d’autres
spécimens chypriotes, v. Myres, Handbook, nos 521
— 523 et 899 — 902; Dussaud, Les civilisations
préhelléniques, 2e éd., p. 358, fig. 262). Un exemplaire
du Musée National d’Athènes (n° 2067, trouvé à
Malesina; cf. le catalogue de Nicole n° 858) occupe
une position intermédiaire entre nos vases et le
» Satyre buveur « du Louvre. L’existence de vases
annulaires à trois pieds [Naukratis, l. c.) fournit un
argument ultérieur en faveur de l’interprétation de
Loeschcke, qui se recommande aussi par la forme
même qu’affectent les goulots: coupe à boire, aiguière,
amphore, cratère ou hydrie. On verra enfin que cette
interprétation s’accorde bien avec l’explication que
nous donnerons plus loin des dédicaces fréquentes
de petites coupes à boire.
Signalons encore que nos vases n’ont qu’une
ressemblance superficielle avec les récipients multi-
ples qu’on trouve dans les dépôts funéraires d’époques
et de pays divers (tombeaux d’Aphidna, vase de
Duenos, etc.).
Puisque l’état très fragmentaire des numéros
suivants n’en recommande pas la publication par le
dessin, j’ai photographié un exemplaire complet du
British Muséum (n° A 1557, 67 — 5 — 6—49) qui donne
une idée assez exacte de la forme originelle de l’en-
semble dont nos fragments ont fait partie (v. fig. 48).
Cette pièce, qui est façonnée avec une terre de couleur
chocolat et peinte en vernis noir brun sans lustre,
a été fournie au musée par Salzmann; elle est pro-
bablement originaire de l’île de Rhodes. L’anneau
1 Je connais un seul spécimen de facture mycénienne, v. Martin
P. Nilsson, Minoan-Mycenaean religion, p. 117, fig. 21 (trouvé à
Mycènes). Malgré la ressemblance de forme, il se distingue claire-
ment de la série traitée dans notre texte. — Les flacons mycéniens
à récipient annulaire (CVA, Copenhague, Mus. Nat., pl. 46, n° 9;
Maiuri, Jalisos, fig. 65, n° 41; cf. Friis Johansen, Vases Sicyoniens,
p. 27, note 4) ne paraissent avoir aucun rapport direct avec les
vases que nous étudions ici.