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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 5, Text): Anatomie descriptive et physiologique: organes de la digestion, de la dépuration urinaire et de la génération, embryotomie — Paris, 1839

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https://doi.org/10.11588/diglit.18362#0026
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SPLANCHNOLOGIE.

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cérébro-spinal dont les nerfs viennent, des deux .côtés, se mêler
dans ces organes à ceux de l'appareil ganglionaire, et les fait
ainsi participer à la symétrie des organes doubles de la vie ani-
male, d'une manière d'autant plus parfaite cpie les nerfs cérébro-
spinaux y sont plus nombreux. C'est précisément le cas de la
cavité buccale, du voile du palais, du pharynx, à la partie supé-
rieure du tube digestif-, du rectum à sa partie inférieure. C'est le
fait aussi de la vessie, de l'urèthre et des organes génitaux; la ma-
trice avec ses annexes et le vagin chez la femme; chez l'homme,
la prostate et le pénis, qui sont médians, animés par un grand
nombre de nerfs rachidiens et par cela même complètement
symétriques. Poursuivons cette idée. On a remarqué aussi que
les organes impairs sont d'autant plus asymétriques qu'ils s'é-
cartent davantage de la ligne médiane; exemple : le foie, la rate,
l'estomac. Mais la raison qui nous paraît la plus concluante,
c'est que ces organes ne possèdent que des nerfs splanchniques,
car le pneumogastrique lui-même, malgré son origine, se con-
duit par ses fonctions comme le grand sympathique. Et la preuve
que c'est aux nerfs splanchniques qu'est dû le défaut de symé-
trie, c'est que, d'une part, le pancréas, situé en travers de la
ligne médiane, n'en est pas moins asymétrique; l'intestin grêle
qui s'écarte peu de cette ligne, est asymétrique dans son en-
semble, et n'offre qu'une symétrie imparfaite même dans les
('eux moitiés de son canal. Le cœur, peu dévié aussi de la ligne
médiane, et formé par l'accolement de deux organes, n'en est
pas moins asymétrique. Enfin, les viscères doubles ou pairs eux-
mêmes, les poumons, les reins, les capsules surrénales, situés pa-
rallèlement des deux côtés de la ligne médiane, et cpii semble-
raient devoir être régulièrement symétriques, ne le sont pas
pourtant. La symétrie, comme l'observent Meckel et M.Huschke,
ne commence qu'avec la réunion des deux canaux latéraux de
ces appareils en un seul canal médian; exemple : des deux bron-
ches en une seule trachée-artère, des deux voies urinaires en un
seul urèthre ; cela est vrai : mais observons aussi qu'avec cette
fusion des deux appareils en un seul interviennent, des deux
côtés, les nerfs cérébro-spinaux, mélangés sur la ligne médiane
avec l'appareil nerveux splanchnique. Enfin, si à tous ces exem-
ples on ajoute la symétrie des glandes mammaires et des deux
groupes latéraux de glandes salivaires, les deux genres d'appa-
reils recevant des nerfs cérébro-spinaux, symétrie encore bien
plus complète que celle de la glande médiane thyroïde, animée
par le nerf mixte pneumo-gastrique, on voit donc que c'est l'ap-
pareil nerveux cérébro-spinal qui décide, dans les organes
splanchniques où il envoie des nerfs, de la symétrie bilatérale,
son caractère propre, et qu'il transmet à tous les appareils placés
sous son influence.

Maintenant que nous tenons un fil conducteur pour nous
guider dans ce labyrinthe de la forme organique, nous allons
nous rendre compte d'une autre espèce de symétrie signalée aussi
par Meckel et M. Huschke, el qui, en général, a beaucoup oc-
cupé les anatomistes allemands de l'école deKielmaier et Okèn.
Il s'agit de la symétrie verticale ou de celle qui se manifeste entre
les extrémités opposées de l'appareil splanchnique, du centre
vers le haut et vers le bas : c'est cette symétrie que l'école alle-
mande nomme par polarisation, distinction qu'il faut définir, si
l'on veut y mettre un peu de clarté, par l'opposition aux deux
bouts, d'appareils analogues de formes et antagonistes de
fonctions.

Ainsi, à partir de la première vertèbre lombaire, les organes
des deux grandes cavités splanchniques sus et sons-diaphragma-

tique (la poitrine et l'abdomen), et ceux mêmes situés au-delà,
semblent, dit-on, s'équilibrer dans une véritable symétrie. Aux
deux poumons correspondent les deux reins ; au pharynx, l'esto-
mac; à la cavité orale, et encore au pharynx, le cloaque et le
rectum du fœtus; aux glandes salivaires, les testicules chez
l'homme et les ovaires chez la femme, etc. Par la même opposition
polajique, vers l'extrémité céphalique, la fonction se rapporte à
l'ingestion et à la nutrition, tandis que vers l'extrémité pelvienne
elle a pour objet l'excrétion et l'éjection.

Nous n'avons pas à discuter les embarras qui naissent de ces
rapprochemens forcés où, pour établir et compléter le parallèle
entre des appareils qui se repoussent, ici le même organe s'op-
pose à plusieurs, tandis que là tant d'autres organes, qui ne. trou-
vent pas à s'appareiller, sont passés sous silence. Qu'il nous suf-
fise de constater un fait vrai, l'absence de symétrie dans les
appareils splanchniques, et son apparition croissante à mesure
que l'on approche de leurs extrémités. Malgré la réalité de cette
symétrie verticale, elle n'avait été accueillie pourtant par aucun
des anatomistes français, qui semblaient fermer les yeux à l'évi-
dence du fait, pour ne pas accepter du même coup l'étrange ex-
plication théorique qu'on lui avait donnée. Mais, au contraire,
en voyant dans la nature différente de leurs nerfs la cause des
modifications de forme que subissent les organes, tout s'explique :
au niveau de la première vertèbre lombaire, c'est-à-dire du
centre nerveux splanchnique (amas des ganglions solaires), sont
les organes les plus asymétriques (foie, rate, pancréas, estomac).
A mesure que l'on s'éloigne de ce centre épigastrique, les organes,
aux plexus nerveux ganglionaires desquels se mêlent, par les
pneumo-gastriques et les cordons du grand sympathique, un
plus grand nombre de nerfs cérébro-spinaux, commencent à
montrer plus de symétrie ; ( exemple : d'une part, poumons et
cœur, d'autre part, intestins, reins, capsules surrénales, etc.).
Enfin, aux extrémités où interviennent directement en grand
nombre les nerfs cérébro-spinaux, mêlés aux plexus des gan-
glions et du grand sympathique, la symétrie, qui augmente de
plus en plus dans les appareils en masse, finit par être complète
dans la succession de leurs parties, à mesure qu'elles passent de
la vie organique à la vie animale, ou du mouvement involontaire
au mouvement volontaire; exemple : à une extrémité, tube
laryngo-trachéal, pharynx, cavité buccale; à l'autre extrémité,
rectum, vessie, organes génitaux.

Plus tard, dans l'anatomie philosophique, passant des nerfs
aux fonctions dont ils sont les agens, nous trouverons, dans la dif-
férence de leur destination, la cause première des modifications
de forme entre les organes des deux grands appareils nerveux.

La symétrie, existant d'abord dans les organes nerveux céré-
bro-spinaux, sera le propre des appareils de la vie animale, par
la nécessité de diviser le corps en deux masses pour la succession
des actes dans le milieu physique. Et ces deux masses doivent être
parfaitement harmoniées et équilibrées, c'est-à-dire exactement
semblables dans leur ensemble et les parties qui les composent,
puisqu'elles doivent tantôt agir d'ensemble ou séparément,
comme les organes des sens, tantôt s'accorder ou se succéder
régulièrement d'un côté à l'autre, comme les organes de la lo-
comotion.

L'asymétrie, au contraire, manifestée d'abord dans lès nerfs
splanchniques, sera, dans leurs appareils, le résultat de fonc-
tions nombreuses et très variées, toutes disparates, mais toutes
nécessaires; d'où il suit que les organes, chargés de ces fonctions,
devant s'accommoder les uns aux autres, et se partager l'espace
 
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