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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1912

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Ratouis de Limay, Paul: Le buste du poète Robbé de Beauveset par J.-B. Lemoyne
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https://doi.org/10.11588/diglit.18478#0082

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68 —

M. Paul Vitry avait eu raison de pressentir devant ce
buste anonyme un homme de lettres ou un comédien; on
peut dire que Robbé de Beauveset a été l’un et l’autre.
Poète de l’école licencieuse de Piron et de Grécourt,
infatué de sa muse au point de se décerner à lui-même le
titre d’Arioste français, il a composé quantité d’odes,
d’épîtres badines ou sérieuses, de contes impies ou licen-
cieux, et c’est à bon droit que les Mémoires du temps
ont relevé les excès de sa muse « polissonne » et vulgaire. Il
faut pourtant lui reconnaître un esprit alerte, une verve
amusante, et parfois un certain bonheur d’expression. Il
fréquenta la Cour et la Ville et, ici comme là, ses poésies
égrillardes lui valurent de nombreux admirateurs, depuis
Louis XV et la du Barry jusqu’à Ch.-Nicolas Cochin qui
le considère comme « l’homme qui possède les plus rares
qualités qui soyent estimés chés les hommes », jusqu’à
Joseph Vernet qui voudrait bien que ses tableaux « fissent
aux yeux de ceux qui les voient l’effet que font ses pein-
tures sur l’âme de ceux qui les lisent », et même jusqu’au
feuillant dom Bruzetin qui se félicitera toujours d’avoir
entendu ce « poète sublime ».

J’ai entre les mains, et je publierai peut-être quelque
jour la correspondance que Robbé, pendant quarante ans,
entretint avec Desfriches, son oncle par alliance, qu’il met
au courant de l’événement du jour, des nouvelles, — vraies
ou fausses, — qui circulent, et aussi de ses escapades, de
ses bonnes fortunes, des mystifications dont il a été l’au-
teur. Un jour il lui fera le récit des scènes des convul-
sionnaires de Saint-Médard auxquelles il prit une part
active, un autre jour il lui contera la visite qu’il a faite, au
château de Versailles, à la du Barry, belle-sœur de son
ami intime le comte Jean du Barry. Et il semble bien que
revive dans cette correspondance le personnage à l’air sar-
castique que j’ai cru reconnaître dans le buste de la col-
lection de M. Jacques Doucet.
 
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