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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1912

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Pélissier, Léon-Gabriel: Vivant Denon suspect à Venise (1793)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18478#0309

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— 289 —

souvent, il envoie chercher ses repas chez un traiteur, je
ne sais lequel; le matin, il se lève tard et s’installe à sa
table à graver ou à dessiner dans son atelier, où je
m’exerce aussi et pareillement mes camarades Novelli et
Sardi. Après déjeuner, je n’y retourne pas, je sais que
Denon travaille peu à ces heures-là; puis il sort de chez
lui; il va souvent calle Furbera, chez son imprimeur
Pietro, car il tient à assister au tirage des épreuves de ses
estampes. Il a l’habitude d’aller chez Mme Teotochi Marini,
à laquelle il montre comme à une critique ses œuvres
qu’il lui offre. J’ai appris qu’il fréquente le café aile Rive
et qu’il voit beaucoup de nobles, parmi lesquels le procu-
reur Memmo, le procureur Pesaro, Anzolo Querini, Carlo-
Antonio Marini, C. Zacco et divers autres, qui m’é-
chappent, lesquels estiment fort Denon, qui est une per-
sonne polie, noble, d’excellentes manières, excellent gra-
veur, faisant tout par une extrême passion dans cet art.

Chez lui vient de loin en loin quelque Français pour
voir ses œuvres et les nôtres; j’en ai pour ma part vendu
des séries en telle occasion à ceux qui venaient les voir.
11 y a quelques mois, la duchesse de Polignac vint voir
lesdites œuvres, je lui ai vendu une collection de mes
études et une autre à un comte de sa compagnie.

Il y a quelques jours, vers midi, vint chez Denon G.-A.
Molin pour voir les œuvres de nous autres élèves, et après
il a acheté une partie des miennes et une partie de celles
de Novello.

Je ne lui ai jamais parlé des révolutions actuelles de la
France, parce que je l’ai vu affligé par la lecture de lettres
qu’il recevait de son pays, et je l’ai entendu prononcer ces
paroles textuelles : quelle grande irréligion il y a dans
mon pays ! Il a ses revenus en Bourgogne qui lui par-
viennent par le moyen du banquier Reverdini. Il a été à
Naples, secrétaire d’ambassade pour la France, mais je
ne sais s’il a de ce chef quelque pension.

Il a de bonnes mœurs; je ne lui connais point de vices
ni qu’il ait causé le moindre scandale, car toutes ses pen-
sées sont tournées vers le dessin et la gravure qui sont
ses seuls plaisirs.
 
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