MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
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me pris à douter que l'imagination de nos pères, si riche quelle fût, eût su varier dans les au-
tres édifices contemporains les motifs qui me charmaient. Jetais dans l'erreur. Je visitai les
principales cathédrales de France, d'Angleterre et d'Allemagne , et je trouvai partout des com-
binaisons différentes, malgré l'identité du style, et partout des types rivaux en élégance. Cette
découverte me fit concevoir l'idée d'ajouter aux Udruna? & une suite considérable
d d'ornementnûon recueillies de toutes parts dans la peinture sur verre des XII , XHi et
Xiv" siècles. Reims et Strasbourg, Le Mans et Angers, Lyon et Châlons-sur-Marne, Sens et
Auxerre, Fribourg enBrisgau et Cologne, Salisbury surtout, grossirent mon petit trésor et dé-
passèrent bientôt les limites que m opposait une publication restée sans Mécène parmi les ri-
ches et devenue inaccessible aux autres. Les monuments recueillis dans ces huit planches sont
quelques épis de cette première récolte, négligés dans notre moisson des
sans autre motif que 1 embarras delà surabondance. Ils renoueront à notre premier travail ces
Mélanges où ont dominé jusqu'ici les études sur l'orfevrerie, la peinture en émail, les miniatu-
res, les anciennes étoffes de l'Orient et de l'Occident.
Nous sommes encouragés à revenir sur ce sujet d études par les succès croissants de 1 art de la
peinture sur verre, qui ne saurait trop s'étayer de la connaissance approfondie des formes an-
tiques. Dans son renouvellement à peu près simultané en Allemagne , en Angleterre et en
France, cette belle industrie, totalement abandonnée vers le milieu du dernier siècle , et par
conséquent, sans traditions d'atelier, a suivi trois voies différentes où le degré de savoir archéo-
logique ne me paraît pas avoir été sans importance.
A Munich, la peinture sur verre, favorisée par le roi Louis et exploitée presque exclusive-
ment pat l'Etat, sous la direction d'un peintre habile, M. Henri Hess, a reçu et conservé, si je
puis parler ainsi, un caractère tout aristocratique. Trop peu préoccupé , selon moi, des don-
nées archéologiques et de l'effet architectural , le directeur n'a guère fait que transporter sur
verre les effets de la peinture savante des temps modernes. Qu'au moyen de ce système, l école
de Bavière ait obtenu de très-beaux résultats, ce n est pas après avoir vu la charmante église de
Notre Dame-d'Aau, près de Munich, que l'on en saurait douter. Si la transparence du verre
nuit nécessairement à la vérité des clairs obscurs et à la profondeur des perspectives, ces désa-
vantages sont assez heureusement combattus par des empâtements de couleur et compensés
en quelque sorte par la beauté des tons et l'harmonie des nuances. Nulle part, que je sache, la
peinture avancée exécutée sur verre n'a été traitée avec autant d'habileté qu'à Munich; mais un
inconvénient inséparable du procédé est le prix excessif du travail, objet de luxe aussi inabor-
dable pour les particuliers que les grands vases de porcelaine de Sèvres ou les tapisseries des
Uobelins. Or, quand on se résigne à une telle dépense, comment ne pas regretter qu elle s'ap-
plique à une matière aussi fragile? Une autre critique, assez grave selon moi, concerne le peu
de rapport ordinairement établi dans les peintures sur verre de Munich entre la composition
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me pris à douter que l'imagination de nos pères, si riche quelle fût, eût su varier dans les au-
tres édifices contemporains les motifs qui me charmaient. Jetais dans l'erreur. Je visitai les
principales cathédrales de France, d'Angleterre et d'Allemagne , et je trouvai partout des com-
binaisons différentes, malgré l'identité du style, et partout des types rivaux en élégance. Cette
découverte me fit concevoir l'idée d'ajouter aux Udruna? & une suite considérable
d d'ornementnûon recueillies de toutes parts dans la peinture sur verre des XII , XHi et
Xiv" siècles. Reims et Strasbourg, Le Mans et Angers, Lyon et Châlons-sur-Marne, Sens et
Auxerre, Fribourg enBrisgau et Cologne, Salisbury surtout, grossirent mon petit trésor et dé-
passèrent bientôt les limites que m opposait une publication restée sans Mécène parmi les ri-
ches et devenue inaccessible aux autres. Les monuments recueillis dans ces huit planches sont
quelques épis de cette première récolte, négligés dans notre moisson des
sans autre motif que 1 embarras delà surabondance. Ils renoueront à notre premier travail ces
Mélanges où ont dominé jusqu'ici les études sur l'orfevrerie, la peinture en émail, les miniatu-
res, les anciennes étoffes de l'Orient et de l'Occident.
Nous sommes encouragés à revenir sur ce sujet d études par les succès croissants de 1 art de la
peinture sur verre, qui ne saurait trop s'étayer de la connaissance approfondie des formes an-
tiques. Dans son renouvellement à peu près simultané en Allemagne , en Angleterre et en
France, cette belle industrie, totalement abandonnée vers le milieu du dernier siècle , et par
conséquent, sans traditions d'atelier, a suivi trois voies différentes où le degré de savoir archéo-
logique ne me paraît pas avoir été sans importance.
A Munich, la peinture sur verre, favorisée par le roi Louis et exploitée presque exclusive-
ment pat l'Etat, sous la direction d'un peintre habile, M. Henri Hess, a reçu et conservé, si je
puis parler ainsi, un caractère tout aristocratique. Trop peu préoccupé , selon moi, des don-
nées archéologiques et de l'effet architectural , le directeur n'a guère fait que transporter sur
verre les effets de la peinture savante des temps modernes. Qu'au moyen de ce système, l école
de Bavière ait obtenu de très-beaux résultats, ce n est pas après avoir vu la charmante église de
Notre Dame-d'Aau, près de Munich, que l'on en saurait douter. Si la transparence du verre
nuit nécessairement à la vérité des clairs obscurs et à la profondeur des perspectives, ces désa-
vantages sont assez heureusement combattus par des empâtements de couleur et compensés
en quelque sorte par la beauté des tons et l'harmonie des nuances. Nulle part, que je sache, la
peinture avancée exécutée sur verre n'a été traitée avec autant d'habileté qu'à Munich; mais un
inconvénient inséparable du procédé est le prix excessif du travail, objet de luxe aussi inabor-
dable pour les particuliers que les grands vases de porcelaine de Sèvres ou les tapisseries des
Uobelins. Or, quand on se résigne à une telle dépense, comment ne pas regretter qu elle s'ap-
plique à une matière aussi fragile? Une autre critique, assez grave selon moi, concerne le peu
de rapport ordinairement établi dans les peintures sur verre de Munich entre la composition