FONTS BAPTISMAUX DE LIÈGE.
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style y puisse faire soupçonner la lin du xtE siècle, il faut remonter plus haut sous peine
d'être contredit par d anciens écrivains liégeois qui vont jusqu'à désigner 1 année, le dona-
teur et l'artiste. Par le fait, ces indications s'accordent fort bien avec un certain air de
gaucherie un peu rude que présentent les figures; le voisinage du xnf siècle aurait assoupli
davantage cette rudesse, ce semble.
La chronique de Tongres ', sous la rubrique i 113 (a. s.), dit : '< Helinus, abbas Sanctæ
^ Mariæ, fontes fecit in eadem ecclesia opéré fusili. " Gilles d Orval, racontant ce qui s'est
passé sous l'évèque Otbert (mort en 1118), donne une large part aux pieuses fondations
de ce même Helinus, et cite des vers contemporains d'Otbert, où les fonts de Notre-Dame
sont décrits à ne pas s'y tromper - :
« Fontes fecit opéré fusili
Fusos arte vix comparabili.
Dnodecim qui fontes sustinent
Boves, typum gratiae continent ;
Materia est de mysterio.
Quae tractatur in baptisterio :
Hic baptizat Johannes Dominutn,
Hic gentilem Petrus Cornelium ;
Baptizatur Graton philosophus, *
Ad Johannem confluit populus.
Hoc quod fontes desuper operit,
Apostolos, prophetas exerit. "
La partie complémentaire que les derniers vers décrivent, n'existe plus aujourd'hui.
Jean d'Outremeuse ^ ajoute à ces données une indication précieuse, quand il nous
apprend que " Lambert Patras, le batteur de Dinant, les fist en l'an 1112; ils lui avaient
t< été demandés par Hélin, chanoine de Saint-Laurent et abbé de Sainte-Marie. "
La réputation des ouvrages en cuivre jaune fabriqués à Dinant dura des siècles, si bien
que cette industrie spéciale fut nommée Dmun&n'e,- cependant, malgré quelques beaux
vestiges qui subsistent encore, rien n'en saurait donner une idée plus haute que cet ou-
vrage de Lambert Patras. Sous Louis XI (13 décembre, 1^65), les Dinantais, réclamant une
cargaison de leurs produits, du poids de 11,200 livres, que des vaisseaux français avaient
saisie avec deux navires allant d Anvers en Angleterre ', représentent au roi que de tout
temps leur ville a exporté sa èaùerie de cuivre, non-seulement en France, mais en Es-
* Chronicontungrense, ap. Chapeavdlc, po?zn- publiéparM.Quicberat, le nom de 1 abbé (ou archidiacre)
/icMM leorÙMM., t. Il, 51. liégeois serait Hiiiinus.
s Chapeaville, ibid., 50. — Bibliotb. de l'école des ' Ap. Polain, 205.
Chartes (2" série), t. III, 226. D'après ce dernier texte, ' E, C. de Gerlacbe, RAf. & LA'ye, p. 175.
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style y puisse faire soupçonner la lin du xtE siècle, il faut remonter plus haut sous peine
d'être contredit par d anciens écrivains liégeois qui vont jusqu'à désigner 1 année, le dona-
teur et l'artiste. Par le fait, ces indications s'accordent fort bien avec un certain air de
gaucherie un peu rude que présentent les figures; le voisinage du xnf siècle aurait assoupli
davantage cette rudesse, ce semble.
La chronique de Tongres ', sous la rubrique i 113 (a. s.), dit : '< Helinus, abbas Sanctæ
^ Mariæ, fontes fecit in eadem ecclesia opéré fusili. " Gilles d Orval, racontant ce qui s'est
passé sous l'évèque Otbert (mort en 1118), donne une large part aux pieuses fondations
de ce même Helinus, et cite des vers contemporains d'Otbert, où les fonts de Notre-Dame
sont décrits à ne pas s'y tromper - :
« Fontes fecit opéré fusili
Fusos arte vix comparabili.
Dnodecim qui fontes sustinent
Boves, typum gratiae continent ;
Materia est de mysterio.
Quae tractatur in baptisterio :
Hic baptizat Johannes Dominutn,
Hic gentilem Petrus Cornelium ;
Baptizatur Graton philosophus, *
Ad Johannem confluit populus.
Hoc quod fontes desuper operit,
Apostolos, prophetas exerit. "
La partie complémentaire que les derniers vers décrivent, n'existe plus aujourd'hui.
Jean d'Outremeuse ^ ajoute à ces données une indication précieuse, quand il nous
apprend que " Lambert Patras, le batteur de Dinant, les fist en l'an 1112; ils lui avaient
t< été demandés par Hélin, chanoine de Saint-Laurent et abbé de Sainte-Marie. "
La réputation des ouvrages en cuivre jaune fabriqués à Dinant dura des siècles, si bien
que cette industrie spéciale fut nommée Dmun&n'e,- cependant, malgré quelques beaux
vestiges qui subsistent encore, rien n'en saurait donner une idée plus haute que cet ou-
vrage de Lambert Patras. Sous Louis XI (13 décembre, 1^65), les Dinantais, réclamant une
cargaison de leurs produits, du poids de 11,200 livres, que des vaisseaux français avaient
saisie avec deux navires allant d Anvers en Angleterre ', représentent au roi que de tout
temps leur ville a exporté sa èaùerie de cuivre, non-seulement en France, mais en Es-
* Chronicontungrense, ap. Chapeavdlc, po?zn- publiéparM.Quicberat, le nom de 1 abbé (ou archidiacre)
/icMM leorÙMM., t. Il, 51. liégeois serait Hiiiinus.
s Chapeaville, ibid., 50. — Bibliotb. de l'école des ' Ap. Polain, 205.
Chartes (2" série), t. III, 226. D'après ce dernier texte, ' E, C. de Gerlacbe, RAf. & LA'ye, p. 175.