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appel. « Je n'ai rien négligé, » disait-il à ses amis. Le carac-
tère est aussi haut que la faculté de comprendre dont la
progression est l'ouvrage d'un désir universel toujours prêt
à spiritualiser ses conquêtes. Les grappes, les fruits mûrs,
le pain, le blé, la rousseur dorée de l'automne ou bien l'eau
pure de l'été ou les feuillages printaniers que le vent argente
et fait frémir, sont le centre sensuel de ses symphonies abs-
traites dont la grave coloration répond à un souci d'unité
volontaire qui donne d'autant plus d'éclat à ce corps de
femme étendu, à cette lyre d'or brillant sur une poitrine
sombre, à ce cuivre allumé par la chute du jour, à cette
feuille de laurier qui luit ainsi qu'un bronze vert. Comme
Homère comparait à un tronc d'arbre la taille d'une jeune
fille, il retrouvait la forme des colonnes dans le torse fémi-
nin. La pénétration constante et fidèle du monde l'emplis-
sait d'harmonies morales ordonnées comme un temple et
l'arbre et les seins ronds et l'arête d'un monument ou d'un
rocher sur le ciel entraient dans le rythme des danses pour
unir leur courbe aux résonances musicales et les purifier
ensemble par leur passage dans l'esprit.
Qu'il promenât sa rêverie lucide dans le paysage orageux
des bacchanales, sous les nuées grises et noires et le profond
azur et les feuillages épais, ou qu'il se penchât sur les eaux
pour surprendre, dans leurs ténèbres immobiles, la silhouette
argentée des dieux, jamais le mythe antique et l'ardeur ita-
lienne ne manquaient de faire appel à la mesure et à la net-
teté françaises pour exprimer la noblesse de son calme sen-
timent. L'étagement régulier des maisons sur les collines,
le front droit des colonnades, les énormes tours rondes cou-
ronnant les hauteurs, tout l'engageait à retrouver dans la
disposition des arbres, la masse des ondulations terrestres
et jusque dans la forme du ciel chargé de nuages puissants,
ce sens architectural du monde qui est particulier aux
artistes de sa race et qu'ils traduisent, de l'église romane et
de la nef gothique aux jardins de Le Nôtre, aux châteaux
de Mansard, à la musique de Rameau, aux palais de Gabriel
et aux poèmes de Vigny avec le même lyrisme contenu et

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