Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Faure, Élie
Histoire de l'art ([Band 4]): L'art moderne — Paris: Librarie Plon, 1948

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.71101#0211
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
l'or passé de ses murs. Il y a rencontré Longhi, lequel y suit
la mascarade comme il la suit sur la lagune, dans les ruelles
et les places, partout où la ville traverse son siècle sous l'ano-
nymat du domino. L'amour public, mais secret, l'y accom-
pagne, l'équivoque fête italienne, frelatée, un peu amère,
le précède et dure après lui. Il piste entre les rios ces femmes
qui n'enlèvent jamais leur loup. Il pénètre partout derrière
elles, dans les concerts, les bals, les théâtres, les foires et le
carnaval. Il est près d'elles, au premier rang, quand elles
s'arrêtent au bord des tréteaux du géant ou de l'acrobate,
ou aventurent leurs mules de satin sur la paille de l'étable
où gîte le monstre bizarre, éléphant, rhinocéros, qu'une
tartane a débarqué, la veille, sur le quai des Esclavons. On
dirait d'un Carpaccio ayant renoncé aux voyages imagi-
naires et important l'exotisme et le rêve dans les baraques,
les tripots et les salons. Ses scènes galantes, certes, n'ont ni
l'esprit ni l'indécence de celles des chroniqueurs français
du même temps, mais une sorte de nostalgie anxieuse y
flotte, celle de Watteau, dont il a vu au moins quelques des-
sins et, je suppose, des gravures. Lueur des bougies dans
les glaces, velours des masques noirs sur les soies argentées,
c'est en tout cas un peu de l'âme du grand maître mélanco-
lique des bois parisiens et des fêtes galantes qu'on voit flotter
autour de ses ombres qui passent, mêlée à un peu du mystère
et du secret de Velazquez.

III

Car il est vrai. Cette grandeur italienne qui jette encore
de-ci de-là une lueur, puise sa distinction effacée, mais très
sûre, et inattendue après l'orgie du rococo, la boursouflure
de l'École, la vulgarité bolonaise, dans le pressentiment
qu'elle va sombrer. Si l'on veut bien comprendre, il faut se
transporter à Rome où, un siècle plus tôt, avec les statues

— 163 —
 
Annotationen