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il a la liberté, l'aisance, le sentiment puissant et direct de la
solidarité permanente et complexe de la forme, de la cou-
leur, de la conscience et de l'espace, et dès la première heure,
il est Hollandais. Et dès lors, ni chez lui, ni chez aucun de
ceux qui vont paraître on ne trouvera trace de ces rythmes
italiens dont Rubens et ses successeurs animent la matière
du Nord. L'art hollandais se fait d'un bloc, reste jusqu'à sa
dernière heure dans les limites matérielles et morales de la
Hollande et, du commencement à la fin, révèle les forces
intérieures à qui la révolution a violemment donné le jour.
Il est l'affirmation la plus fortement et uniquement natio-
nale que l'histoire ait apportée.

II
Les enfants artistes qui naissaient tous les jours et par-
tout de l'énergie de la révolte derrière l'épaulement des
digues d'où l'on ne voit que le ciel et sur les bords des canaux
où les voiles passent contre les haies, eurent envie de peindre
presque en ouvrant les yeux. De peindre seulement. Non pas
d'imaginer, de démontrer, non pas de chercher, par delà la
vie sensible, le monde d'idées qu'elle enferme, mais de
peindre, mais de fixer l'ombre des voiles sur l'eau, les coups
de soleil dans la brume, les taches blanches et noires des
bestiaux dans le polder, les filets bleus qui sèchent dans la
forêt des mâts. Et comme on les appelait dans les grosses
villes marchandes où s'épaisissaient les rangs d'une bour-
geoisie enrichie par les trafics et consolidée par la victoire,
ils y apportaient toutes fraîches les harmonies de leur ciel.
D'ailleurs, les chemins d'eau qui parcouraient les cam-
pagnes s'entre-croisaient dans les villes entre leurs maisons
de brique et de verre, les gros bateaux ventrus déposaient
sur les quais étroits la farine, le lait, le beurre, le fourrage, les
fleurs qu'ils apportaient des champs. Et puis, le vent d'ouest

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