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Faure, Élie
Histoire de l'art ([Band 4]): L'art moderne — Paris: Librarie Plon, 1948

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https://doi.org/10.11588/diglit.71101#0039
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LA FLANDRE

I
LE jour où Rubens naquit, hors de ses Flandres, d'une
mère résignée et vaillante et d'un père un peu fou qui
était devenu dans leur commun exil, l'amant de la
femme de Guillaume d'Orange après avoir été l'un des meil-
leurs compagnons du héros, Anvers n'était pas relevée.
Quand sa mère, devenue veuve, l'y ramena à dix ans, le feu
couvait encore sous les ruines du grand port. Il n'avait pas
oublié les bûchers et les potences, les statues arrachées des
temples, la mer de sang répandue, la face livide du duc
d'Albe dans son armure de fer.
Anvers ne devait retrouver sa substance que deux siècles
et demi plus tard, avec la liberté. Ce n'était plus, pour les
artistes, le milieu vivant qui avait essayé avec Quentin
Matsys, réussi avec Breughel, de sortir du gothique brugeois
pour entrer dans l'esprit moderne par l'effort individuel.
Seulement, de cet effort même, étaient nés les gueux. Rubens
avait été conçu en plein orage, il portait en lui, avec l'espoir
exaspéré d'un peuple et l'énergie de son plus beau moment
d'action, toutes ses conquêtes passées. La décadence de la
Flandre et d'Anvers ne pouvait atteindre que ceux qui
viendraient après lui. Il profita de la minute brève où l'Es-
pagne desserrait un peu le carcan pour faire passer dans un

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