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IV

Les maîtres morts à part, et l'honnête Dominiquin dont
il respectait le gros labeur, Nicolas Poussin qui n'éprouvait
que du dédain pour les honneurs dont on voulait l'embar-
rasser et ne resta que deux ans à Paris, bien qu'il fût logé
au Louvre comme premier peintre du roi, Nicolas Poussin
méprisait les divers fabricants de sculpture et de peinture
qui l'entouraient. Nous ne savons pas s'il rencontre La
Tour en Italie, où celui-ci, si l'on en croit son Saint Sébas-
tien, a presque sûrement vécu. C'est improbable, car si
tout le monde, à cette époque, subit l'empreinte de Pous-
sin, La Tour en reste tout à fait indemne — et Poussin,
d'autre part, semble avoir ignoré La Tour. Autour de lui,
— Claude à part — rien qui ait l'accent de la force. Quand
il était arrivé à Rome, aux abords de la trentaine, on venait
d'élire d'enthousiasme prince de l'Académie de Saint-Luc
ce Simon Vouet qui devait intriguer plus tard pour le forcer
à fuir la cour et à lui abandonner son os. C'est dire en quel
état s'y trouvait la peinture. L'École y triomphait dans ce
qu'elle a de plus étroit et de plus vide. Le peintre français
ignorait à peu près l'École. Mais la dépouille des héros est
la nourriture habituelle des parasites de l'esprit. Le Brun
avait reçu à Rome les conseils du maître dont l'Académie
de Paris devait plus tard accaparer l'exemple au point de
l'appeler encore après sa mort « M. le Poussin ». La reli-
gion se constituait. Son dogme passait d'Italie en France
après avoir été filtré et transvasé par les missionnaires
dévots que Colbert envoyait à Rome. Il ne restait plus qu'à
l'adapter aux besoins impérieux de la monarchie française
qui allait tenter pendant un demi-siècle d'imposer à la
France une unité d'action et de pensée peut-être nécessaire,
mais dont elle manqua mourir.

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