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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Fournier, Edouard: L' art de la reliure en France, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0033

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L'ART DE LÀ RELIURE EN FRANCE.

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étaient soigneusement enfermés. Or, si par l'écrin on peut juger du dia-
mant, ces évangéliaires devaient être d'un prix énorme. Les cassettes
étaient aussi précieuses que les plus précieux reliquaires, car les saints
livres allaient alors de pair avec les plus saintes reliques : elles étaient
d'or massif [solido auro) et toutes couvertes de pierres précieuses1.

III

L'or et l'argent, lorsqu'ils ne constituaient pas eux-mêmes la matière
dont était faite la couverture du livre, n'étaient employés dans son orne-
mentation que pour les riches fermoirs avec leurs ombilici, ou boutons,
et les clous ouvrés, qu'on jetait comme un semis brillant sur le velours
ou le cuir qui lui servait de robe. On ne s'était pas ingénié encore des
moindres délicatesses de la dorure pour ajouter à la richesse et à l'élé-
gance des livres. Le luxe des cuirs dorés de Gordoue, cuir doré, argenté
et figuré, cuir de mouton argenté frisé de figures de rouge, comme on lit
dans plusieurs comptes royaux, était réservé à la tenture des chambres
et des retraits.

Quand même le relieur, qui n'était au moyen âge qu'un humble ser-
vant de l'Université, un pauvre clerc en librairie2, eût alors connu les
secrets de cet art de la dorure, les privilèges du métier dont c'était l'in-
dustrie, nous diiions aujourd'hui la spécialité, lui eussent interdit de s'en
servir. Il lui fallait même se dispenser du maniement de tous les acces-
soires précieux qui entraient dans l'habillement des livres de prix. Us
étaient du ressort des orfèvres, qui n'avaient garde de s'en dessaisir. Leur
droit s'étendait même alors sur les tissus rares, tels que le veluyau (ve-
lours), le eamoeas et autres riches étoffes de soie 3.

Sous Charles M, l'argentier du duc d'Orléans, Denis Mariette, délivre
à Josset d'Esture 3 francs 10 sols tournois, « pour tissus de soie » four-
nis par lui et destinés à la couverture de « vingt des livres de la librairie

1. Grégoire le Grand, lib. XII, epist. 7, et Grégoire de Tours, Lib. de Glorios.
confess., cap. lxiii, Hist. Franc, lib. III, cap. x, ont par'é de ces riches étuis des
livres saints.

2. Voir, dans le Livre d'or des métiers, notre Histoire de la librairie, p. 20, 21, 31.

3. Au xvme siècle, le commerce des étoiles rares se faisait encore chez les bijou-
tiers. fYoir les Annonces-Affiches de 1769, p. 46.)
 
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