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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: L' enseignement des arts, [1]: il y a quelque chose à faire
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0080

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72

GAZETTE DES BEAUX - A RTS.

élever une demeure ridicule et dangereuse, mais encore d'en faire
élever pour son voisin.

Qu'est-ce donc que l'architecture? C'est, pour le plus grand nombre,
un art mal défini, une science que chacun possède par intuition, une
direction supérieure exercée sur des ouvriers qui se chargent des détails
de l'exécution, direction que chacun peut prendre avec du savoir-faire.
« Tout le monde est architecte, disait un fonctionnaire éminent, et ceux
qui prennent ce titre ne sont autre chose que des metteurs en œuvre
plus ou moins actifs et plus ou moins adroits. »

Dans l'antiquité cependant, comme à l'époque du moyen âge et de
la Renaissance, si Ton en croit les auteurs qui ont écrit sur la matière,
et si l'on examine les monuments, l'architecte devait réunir un nombre
si varié et si étendu de connaissances, que la vie d'un homme suffit à
peine à les acquérir. C'était l'avis du bon Philibert de L'Orme en 1576,
qui déjà cle son temps trouvait la vie de l'architecte « fort briefve, » et
se plaignait des prétentions des amateurs de bâtiments, lesquels, dit-il,
« si, par fortune, demandoient à quelques-uns l'advis cle leur délibéra-
« tion et entreprinse, c'étoit à un maistre maçon, ou à un maistre char-
« pentier, comme l'on a accoustumé cle faire, ou bien à quelque peintre,
« quelque notaire, et autres qui se disent fort habiles, et le plus sou-
a vent n'ont guères meilleur jugement et conseil que ceux qui le leur
« demandent. »

Depuis le xvie siècle l'art cle bâtir ne s'est pas simplifié; que dirait
donc aujourd'hui Philibert de L'Orme? Il entendrait probablement qu'à
toutes les connaissances dont il dotait l'architecte de son temps, il serait
nécessaire d'en joindre de nouvelles, et s'empresserait de se rendre à
l'École des beaux-arts pour savoir ce qu'on y enseigne; sa surprise
serait grande si on lui disait que de notre temps l'architecte à l'état
d'embryon est habituellement un jeune homme de quinze à dix-huit ans,
qui n'a pas terminé ses études classiques, ou qui, ne les ayant jamais
commencées, apprend l'art auquel il se destine dans une école où on ne
l'enseigne pas, auquel, pendant six ou huit ans, on fait faire des projets
d'édifices n'ayant, le plus souvent, que des rapports éloignés avec les
besoins et les usages de notre temps, sans jamais exiger de lui que ces
projets soient d'une exécution possible, sans qu'on lui ait donné une
connaissance, même superficielle, des matériaux mis à notre disposi-
tion et de leur emploi, sans qu'il ait été instruit des divers modes de
bâtir adoptés à toutes les époques connues , sans qu'il ait reçu la
moindre teinture de l'administration et de la conduite des travaux: si
on ajoutait qu'après ce temps passé à faire des projets sans but et sans
 
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