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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Exposition de Londres, [2]: peinture et sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0234

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222

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de l'école, excellent clans la représentation des scènes maritimes, dans
les vues de monuments, dans les couchers de soleil dorant au loin les
vagues apaisées. David Cox, que nous avons eu le tort de laisser mourir
il y a deux ans sans lui dire un mot d'adieu, est un paysagiste qui se
plaît aux frondaisons plantureuses, aux verdoyantes prairies. Puis ce sont
les contemporains : Cattermole, avec ses chevaliers aux lourdes armures,
ses pagesvêtus de satin, ses moines en belle humeur; J.-F. Lewis, orien-
taliste exact jusqu'à la minutie; Topham, dont les paysanneries sont aussi
aristocratiques que les peintures de Collins ; G. Warren, habile à peindre
les dessous de bois transpercés de rayons lumineux; "William Hunt (qu'il
ne faut pas confondre avec le préraphaélite), qui donne un éclat singulier
aux fleurs et aux fruits, et John Gilbert qui, pour se reposer de ses élo-
quentes illustrations de Shakespeare, manie le pinceau de l'aquarelliste
avec une fierté souveraine.

Mais nous en avons déjà trop dit. L'histoire de l'école anglaise ne
saurait être traitée sous forme de notes rapides : l'exposition de Kensing-
ton en a réuni les éléments principaux; il est facile aux plus nonchalants
de quitter pour quelques jours leur travail ou leur rêverie, et d'aller voir
par eux-mêmes ce qu'il y a eu, ce qu'il y a encore de sérieux dans ce
grand effort. Un coup d'œil sommaire jeté sur les événements principaux
de cette histoire de l'art anglais démontre avec évidence que les peuples
ont leur génie particulier, que le tempérament des nations est rebelle à
tout ce qui ne concorde pas avec sa loi secrète, que l'autorité d'une tra-
dition pareille ne saurait également s'imposer à tous les esprits, et que la
liberté est après tout une puissante institutrice. Cédant aux conseils d'élo-
quents théoriciens, guidée par des maîtres qui avaient étudié avec tout
leur cœur les merveilles de l'art héroïque, l'Angleterre s'est essayée plu-
sieurs fois dans la peinture cle style; elle n'y a jamais réussi, elle n'y
réussira jamais. Elle n'est point entrée en communion directe avec le
génie des races latines, elle a rompu avec le catholicisme, elle a écouté
sans les entendre les leçons de la muse italienne. Vainement voudrait-on
aujourd'hui la pousser dans une autre voie; que pourrait espérer la cri-
tique moderne là où Phidias lui-même a échoué? Laissons donc l'art
anglais suivre librement le chemin où l'entraîne son génie, et lorsqu'une
école a des peintres comme Reynolds, Gainsborough,Wilkie et Gonstable,
ne lui demandons pas de mentir à ses origines et cle renier ses dieux.

( La fin prochainement.)

PAUL M ANTZ.
 
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