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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Gruyer, François-Anatole: Le triomphe de Galatée
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0456

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

est d'ailleurs très-inférieure à celle du reste de la fresque. Les chairs du
triton sont trop rouges, et, bien qu'il y ait encore de belles parties clans
la poitrine de la nymphe, il ne reste plus rien du travail des demi-teintes,
sans doute mises à sec et que le temps a depuis longtemps elfacées. Mais
ce qui surtout fait qu'on hésite à reconnaître le pinceau de Raphaël,
c'est une certaine absence d'élévation et de retenue dans l'expression
de ces deux figures. Elles semblent appartenir déjà à une époque pos-
térieure, et font pressentir la décadence.

Sur un second plan, un dernier triton, monté sur un hippocampe et
soufflant clans un large coquillage, termine la fresque de ce côté. Cette
figure, en partie cachée par le voile de la nymphe, est plus noblement
dessinée que les deux précédentes. La tête, d'une beauté un peu sau-
vage, est bien celle qui convient à un des fils de Neptune1. Le triton et
l'hippocampe regardent l'un et l'autre vers le ciel. Ils remplissent l'air
de cris et^cle sons retentissants, qui semblent donner une expression
bruyante à la muette douleur qui brise le cœur de Galatée. La tête de
l'hippocampe, jetée en arrière et impatiente du frein, est pleine de
fougue et d'ardeur. Il semble que, sans les connaître, Raphaël ait pres-
senti les marbres du Parthénon, tant il y a cle noblesse et de poésie clans
ce coursier soumis à la puissance des flots2.

Tel est le chœur, formé d'êtres aux contours fantastiques et hardis,
qui compose le cortège cle Galatée.

Dans le ciel, quatre petits Amours lancent leurs traits contre les deux
nymphes qui accompagnent la fille célèbre? de Nérée. Chacun de ces char-
mants enfants est un chef-d'œuvre. Raphaël fut par excellence le peintre
de l'enfance. Nul n'a su mieux que lui comprendre et traduire la sponta-
néité cle cet âge, où l'humanité se reconnaît encore dans son premier état
d'innocence et de grâce. Quelle agilité, quelle souplesse et quelle variété
dans les mouvements cle ces Amours! Trois d'entre eux voltigent au-des-
sus cle Galatée, et forment clans le ciel comme une lointaine auréole à
cette tête idéale. Leurs arcs sont tendus et leurs traits vont partir; mais
ils ne les dirigent pas vers Galatée, dont* le cœur, fortifié par la douleur
et plein d'aspirations vers l'infini, est désormais invulnérable. Celui qui
fend l'air au sommet de la fresque, ainsi que celui qui, à droite, semble
sortir d'un léger nuage, visent la nymphe que le triton tient dans ses

1. Cette belle figure rappelle le remarquable buste du musée Pio-Clementino, plus
connu sous le nom de Mélicerle ou cle Palémon.

2. La partie du mur qui perte ce côté delà fresque a subi de graves avaries et est
lézardée en plusieurs endroits.
 
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