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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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hollandais, » il faut connaître la Hollande de son époque, l’état de l’art avant lui et
autour de lui, les idées et les mœurs au milieu desquelles apparaît cette puissante indi-
vidualité.

Il y a donc, dans le livre de M. Yosmaer, trois points principaux, un peu confusé-
ment entremêlés peut-être : une analyse des faits sociaux et politiques, littéraires et
artistiques, à la fin du xvie siècle et au commencement du xvne, en Hollande ; une
étude des peintres qui ont précédé Rembrandt; et un examen critique des faits qui con-
cernent Rembrandt lui-même, depuis sa famille et sa naissance jusqu’à son établisse-
ment à Amsterdam en 1630.

L’esprit nouveau qui animait la Hollande, émancipée du despotisme politique et reli-
gieux, est esquissé à grands traits par M.Yosmaer, ainsi que la rénovation littéraire.
Chose singulière, si la langue se fixait, si d’illustres écrivains comme Ilooft et Yondel
« créaient la poésie et la prose hollandaises, » Ja littérature de cette époque glorieuse
est cependant imprégnée d’un « faux classicisme dont l’élément autochthone ne sut
jamais triompher, et ce fut seulement dans la peinture que le sentiment national trouva
une expression indépendante. »

C’est là ce qui fait l’originalité de Rembrandt et ce qui donne tant d’intérêt à l’école
hollandaise du xvne siècle : elle est de son temps et de son pays.

Mais si Rembrandt résume cette nouveauté de l’art hollandais, elle était déjà en
germe dans le groupe d’artistes nés à la fin du xvi° siècle et que nous avons appelés
nous-même les précurseurs de Rembrandt. M. Yosmaer les passe en revue et fait res-
sortir la part qu’ils ont eue dans l’éclosion de la grande école du xvne siècle. Mierevelt,
Moreelse, Ravestein, Frans Hais, Honthorst, van Schooten, Adrien van der Venne, van
Goijen, Esaias van de Yelde, Gerritz Cuijp, Nicolas Moyaert, Lastman, Pinas, les de
Grebber, les de Keijser, Bramer, Roghman1, et même l’Allemand Elzheimer, qui doit
compter aussi comme influence dans les origines de l’art hollandais, sont appréciés avec
une sympathie très-clairvoyante. De quelques-uns, M. Yosmaer donne même des mo-
nographies assez complètes, par exemple de Lastman. On lui doit aussi beaucoup
d’éclaircissements sur la famille des van Swanenburch.

Prenons maintenant l’homme de génie auquel est consacré le livre. M. Yosmaer exa-
mine à nouveau les renseignements déjà acquis sur les parents de Rembrandt2; il les

1. Le Louvre, que les Français considèrent comme un musée si complet, n’a rien de la plu-
part de ces grands maîtres. Pden de Moreelse, de Ravestein, de van Schooten, d’Esaias van de
Velde, de Gerritz Cuijp, de Moyaert, de Lastman, des Pinas, des de Grebber, des de Keijser, de
Bramer, de Roghman! Je connais une modeste collection d’artiste à Paris, où l’on voit des
tableaux de quinze à vingt maîtres, absents du Louvre, Gerritz Cuijp, le père d’Aalbert, Pieter
Potter, le père de Paul Potter, G. Camphuijsen, l’élève de Paul Potter, van der Meer de Delft,
Fabritius, les Koninck, de Keijser, Heda, van Es, van Beijeren, Gillig, Barent Graat, Job
Berkheijden, etc., tous maîtres bien connus et bien estimés au delà des frontières françaises. Il
n’est pas étonnant que les amateurs, artistes, experts, soient, en France, peu éclairés sur
l’école néerlandaise.

2. Charles Blanc, dans son beau livre sur VOEuvreïle Rembrandt, a donné la plupart de ces
renseignements, d’après M. Scheltema.

Nota. L’œuvre complet de Rembrandt, décrit et commenté par M. Charles Blanc, est ter-
miné. Dans un de ses prochains numéros, la Gazette des Beaux-Arts en fera un compte rendu
tel que le veulent l’importance de ce superbe ouvrage et le nom de l’auteur.

{Note du Directeur.)
 
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