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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 6
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Blanc, Charles: La reine de la paix par M. le baron Marochetti
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0594

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LA REINE DE LA PAIX

PAR M. LE BARON MAROCHETTI.

I] nous est arrivé quelquefois, dans ce recueil, d’avoir, à nous prononcer sur le
principe de la polychromie en matière de sculpture. Déjà notre collaborateur, M. Paul
Mantz, en rendant compte, il y a deux ans, de l’Exposition de Londres, où figurait une
fort belle statue de M. le baron Marochetti, a eu occasion d’exprimer sur le statuaire
polychrome une opinion qui s’appuyait sur des raisons excellentes, une opinion qui est
la nôtre et qui, jusqu’à présent, n’a soulevé parmi nous aucune dissidence. Toutefois,
quelque rigoureux que soient les principes en fait d’art, il y entre toujours une part de
relatif, et, par exemple, si la polychromie nous paraît monstrueuse appliquée à des
statues de grandeur naturelle et à plus forte raison de grandeur colossale, elle peut
devenir tolérable dans une statuette qui, destinée à l’ornement d’une habitation intime,
obéit nécessairement à d’autres lois qu’une œuvre monumentale.

Il n’v a pas longtemps, nous avons vu à Londres chez un de nos compatriotes,
M.. Camille Silvy, un artiste qui a fait entrer dans la photographie autant d’art qu’elle
en comporte, nous avons vu, disons-nous, une statuette polychrome exécutée par
M. le baron Marochetti, et représentant, sous les traits de la reine Victoria, le génie de
la Paix et de l’Abondance. La reine, en costume d’apparat et le diadème au front, est
assise sur un trône élevé de plusieurs marches. Calme et la tète haute, elle tient d’une
main le sceptre royal, de l’autre le symbole consacré de la paix, un rameau d’olivier.
Au sommet du trône brille la couronne, posée sur un coussin de velours aux glands
d’or qui est comme encadré par des cornes d’abondance, emblème du règne prospère de
la reine Victoria. La figure se détache sur un fond en bronze doré et émaillé, que
décorent les armes d’Angleterre. Aux montants et au bas du trône grimpent et s’entre-
lacent des groupes de fleurs gravées en mosaïque, la rose d’Angleterre, le chardon
d’Écosse et le trèfle d’Irlande, bouquet symbolique du Royaume-Un i. Sur le trône retombe
en plis heureux le manteau de pourpre doublé d’hermine, retenu aux épaules et à la
ceinture par une cordelière d’or. Ajoutons que la statue est fouillée du ciseau le plus
délicat et qu’elle est scrupuleusement finie, usque ad unguem.

Une fois converti au système de la polychromie, VI. Marochetti y est entré franche-
ment et il n’a pas craint de prodiguer à son œuvre les richesses de la coloration et les
matières les plus précieuses. Le marbre de Paros dans lequel est taillée la figure a
disparu entièrement sous une couche de couleur mordorée, et il a perdu l’éclat de ces
paillettes qui lui prêtent quelque chose de vibrant. Le trône, en marbre rouge
antique, a été couvert par des mosaïques et des émaux, et l’ouvrage dans son ensemble
produit l’effet d’un bijou d’une difnension extraordinaire. C’est à la fois un monument
en miniature et un joyau colossal. Et ce qui achève de lui imprimer ce double carac-
tère, c’est la destination toute spéciale que lui a donnée l'intelligent possesseur.
 
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