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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Eugène Delacroix, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0106

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EUGÈNE DELACROIX

DEUXIÈME PARTIE1

ien des peintres auraient vécu toute leur
vie sur les souvenirs d’un voyage au Ma-
roc. L’impression que leur eût faite un
pays inexploré avant eux, l’originalité des
costumes et des mœurs, le rôle que joue
dans la vie des Marocains le plus pitto-
resque des animaux, la nouveauté d’une
lumière qui est splendide sans être aveu-
glante, tout cela eût suffi à défrayer d’un
bout à l’autre une carrière d’artiste, celle
par exemple d’un Léopold Robert, d’un
Decamps, d’un Marilhat. Mais Delacroix
était capable d’embrasser les horizons les plus divers et d’atteindre à
l’universalité, ne fût-ce que par la souplesse et la pénétration. Il avait
d’ailleurs l’esprit vaste, parce qu’il l’avait agile et singulièrement élevé :
c’était, comme dit Chenavard, une nature ailée.

Il lui fallut une intelligence supérieure pour ne pas succomber à la
situation compromettante que lui faisait l’enthousiasme des romantiques.
Dans le monde, où il figurait, nous l’avons dit, avec tant de distinction,
il exerçait un ascendant ou, pour dire mieux, une séduction irrésistible.
Il déconcertait ses adversaires par l’accent d’une conviction ardente; il
gagnait à sa cause de brillants journalistes; il subjuguait les femmes
influentes; il avait pour lui la jeunesse, et il n’était pas jusqu’aux mor-
sures de la critique ennemie qui ne servissent à sa renommée dans un
pays comme le nôtre, où l’on ne cède l’admiration qu’après l’avoir long-
temps contestée, disputée, où l’on se fait arracher la gloire. Quant au

\. Voir pour la première partie de ce travail à la page 5 de ce volume.

XVI.

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