DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Scheltema, P.: Meindert Hobbema: quelques renseignements sur ses œuvres et sa vie
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0244
226
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Phénomène remarquable, que, de tant d’hommes éminents qu'Amsterdam posséda,
si peu participèrent aux faveurs de la fortune. Hobbema meurt pauvre; Yondél, en sa
vieillesse, tomba dans l’indigence; Rembrandt et Bilderdijk ne purent payer leurs dettes,
et leurs biens furent la proie de la Chambre des Insolvables (Desolale Boedelskamer).
D’où vient cette fatalité? De ce que le mérite de ces hommes ne fut pas justement
apprécié et récompensé durant leur vie. Chez certains génies privilégiés, l’art semble
n’avoir pas besoin d’un appui étranger, et ils ont en eux-mêmes la puissance de s’élever
par leurs propres ailes jusqu’au sommet de la plus haute perfection; mais ce sont là de
rares exceptions et des dérogations à la règle commune. Suivant moi, l’art, chez une
nation civilisée, n’exige pas seulement la sympathie collective, il lui faut encore une pro-
tection spéciale. C’est là ce que nos pères, malgré leurs éminentes qualités, qui les
placent bien au-dessus de nous, n’ont pas suffisamment compris, et c’est à nous de
réparer, de toutes nos forces, cette injustice involontaire, et aussi de relever l’art
dans la personne de l’artiste. La culture des beaux-arts en général y trouverait un
encouragement indubitable, et la peinture en particulier n’en éprouverait certes aucun
préjudice 1.
n r l> . SCHELT E M A .
témoin dans l’acte de mariage. Aux baptêmes de ses enfants, les témoins sont des inconnus; de
noms d’artistes, point. Etait-il donc si peu en relation avec eux, qu'ils n’assistent pas à ccs fêtes
auxquelles, d’habitude, sont appelés des amis? Vainement nous avons parcouru le gros in-folio
de Dappcr : Description de la ville d’Amsterdam, 1GGS, et d’autres volumes encore, où sont
inscrits la plupart des noms d’artistes ses contemporains, nous n’avons pas rencontré une seule
fois son nom. Hobbema pourtant, habitait Amsterdam depuis longues années. Pourquoi l’auteur
d’une Description d’Amsterdam en 1608 ne mentionne-t-il point ce grand peintre, estimé au-
jourd’hui comme un des premiers maîtres de l’école hollandaise? ■— D. R.
1. Cet article a été lu par moi, comme un discours, à la Société Arti et amicitiœ, le jeudi
26 mars 1863. — S.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Phénomène remarquable, que, de tant d’hommes éminents qu'Amsterdam posséda,
si peu participèrent aux faveurs de la fortune. Hobbema meurt pauvre; Yondél, en sa
vieillesse, tomba dans l’indigence; Rembrandt et Bilderdijk ne purent payer leurs dettes,
et leurs biens furent la proie de la Chambre des Insolvables (Desolale Boedelskamer).
D’où vient cette fatalité? De ce que le mérite de ces hommes ne fut pas justement
apprécié et récompensé durant leur vie. Chez certains génies privilégiés, l’art semble
n’avoir pas besoin d’un appui étranger, et ils ont en eux-mêmes la puissance de s’élever
par leurs propres ailes jusqu’au sommet de la plus haute perfection; mais ce sont là de
rares exceptions et des dérogations à la règle commune. Suivant moi, l’art, chez une
nation civilisée, n’exige pas seulement la sympathie collective, il lui faut encore une pro-
tection spéciale. C’est là ce que nos pères, malgré leurs éminentes qualités, qui les
placent bien au-dessus de nous, n’ont pas suffisamment compris, et c’est à nous de
réparer, de toutes nos forces, cette injustice involontaire, et aussi de relever l’art
dans la personne de l’artiste. La culture des beaux-arts en général y trouverait un
encouragement indubitable, et la peinture en particulier n’en éprouverait certes aucun
préjudice 1.
n r l> . SCHELT E M A .
témoin dans l’acte de mariage. Aux baptêmes de ses enfants, les témoins sont des inconnus; de
noms d’artistes, point. Etait-il donc si peu en relation avec eux, qu'ils n’assistent pas à ccs fêtes
auxquelles, d’habitude, sont appelés des amis? Vainement nous avons parcouru le gros in-folio
de Dappcr : Description de la ville d’Amsterdam, 1GGS, et d’autres volumes encore, où sont
inscrits la plupart des noms d’artistes ses contemporains, nous n’avons pas rencontré une seule
fois son nom. Hobbema pourtant, habitait Amsterdam depuis longues années. Pourquoi l’auteur
d’une Description d’Amsterdam en 1608 ne mentionne-t-il point ce grand peintre, estimé au-
jourd’hui comme un des premiers maîtres de l’école hollandaise? ■— D. R.
1. Cet article a été lu par moi, comme un discours, à la Société Arti et amicitiœ, le jeudi
26 mars 1863. — S.