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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 4
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Jardins, 26: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0372

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Teau se précipite avec autant de bruit que de violence. Quelquefois vous
voyez des prairies remplies de bétail, ou des champs de riz qui s’avan-
cent dans des lacs et qui laissent entre eux des passages pour des vais-
seaux. D’autres fois, ce sont des bosquets, pénétrés en divers endroits par
des rivières et des ruisseaux capables de porter des barques.

« Les rivières suivent rarement la ligne droite; elles serpentent et
sont interrompues par diverses irrégularités. On y construit des moulins
et d’autres machines hydrauliques dont le mouvement sert à animer la
scène. Ils ont aussi un grand nombre de bateaux, de formes et de dimen-
sions différentes. Leurs lacs sont semés d’îles, les unes stériles et entou-
rées d’écueils, les autres enrichies de tout ce que l’art et la nature
offrent de plus parfait. Ils y introduisent aussi des rocs artificiels et ils
surpassent tous les peuples dans ce genre d’imitation.

« Pour les bosquets, les Chinois varient toujours les formes et les
couleurs des arbres, joignant ceux dont les branches sont grandes et
touffues avec ceux qui s’élèvent en pyramides, et les verts foncés avec
les verts gais... Ordinairement ils évitent les lignes droites, mais ils ne
les rejettent pas toujours. Ils font quelquefois une avenue lorsqu’ils ont à
mettre en vue un objet intéressant. Quant aux chemins, ils sont constam-
ment pratiqués en ligne droite, à moins qu’un obstacle naturel ne s’y
oppose. Il leur paraît absurde de faire une route qui serpente, car, disent-
ils, c’est ou l'art ou le passage constant de voyageurs qui l’a tracée, et il
n’est pas à supposer que l’homme ait volontairement choisi la ligne
courbe. En un mot, les jardiniers chinois traitent un jardin comme nos
peintres composent un tableau... »

On le voit, la variété, le mouvement, le contraste, l’étrangeté, le
pittoresque, tels sont les éléments que les Chinois mettent en œuvre dans
l’art des jardins. Leur principe étant l’imitation de la nature, ils devin-
rent les meilleurs guides à suivre pour créer un genre qui fût l’opposé
au style français. Aussi ce fut bientôt, en Angleterre, à qui jetterait le
désordre dans son jardin, afin de le rendre semblable en petit aux grands
parcs dessinés par Kent à Esher, à Claremont et à Stowe près de Bucking-
ham. Du temps de Walpole, il n’y avait pas un citadin qui ne prît autant
de peine pour tourmenter son arpent et demi de terre qu’il n’en eût pris
auparavant pour le tenir aussi régulier que sa cravate {as formai as his
cravat). Kent avait été, dit Walpole, le Calvin de cette réforme; mais,
comme cet autre champion de la vérité, après avoir vaincu l’erreur,
emporté par le zèle du sectaire, il avait poussé les conséquences de sa
discipline jusqu’à la laideur du vrai. Non content de bannir la symétrie,
il avait imité la nature, même dans ses défauts, en plantant des arbres
 
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