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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 6
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 2, Sculpture, 1-4: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0508

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A82

et qui en est, pour ainsi dire, l’appareil; que, réglée par la pro-
portion et la symétrie, libre par le mouvement, supérieure parla beauté,
la forme humaine est, de toutes les formes vivantes, la seule capable
de manifester pleinement l’idée. Alors il imite le corps humain pour
arriver à exprimer ses propres pensées et non plus celles que la nature
antérieure à l’homme semblait lui révéler et lui voiler tout ensemble.
Alors naît la sculpture. Mais ce n’est encore qu’un signe, un langage;
lorsqu’elle s’efforcera de manifester le beau, elle sera un art.

Pour parler aux générations futures, à la postérité la plus éloignée,
les premiers peuples se servirent d’une écriture qui leur promettait de
durer éternellement. Ils gravèrent dans le basalte, ils incrustèrent dans le
granit leurs pensées. Ce fut l’imprimerie de ces temps reculés que nous
prenons pour le commencement de l’histoire, parce qu’ils marquent la
limite que nos recherches n’ont pu jusqu’à présent dépasser. Or, les
objets qui n’ont point de corps ne peuvent exister dans la pensée que sous
la forme d’un mot qui devient leur corps; mais les objets qui ont un
corps visible et tangible se font comprendre par leur seule figure. Voilà
comment l’imitation est naturelle à la sculpture et lui est indispensable.
Ce qui est arbitraire et changeant dans les signes de l’écriture est de-
venu imitatif dans cette écriture imagée qui est la première sculpture.
Et si ce langage est mystérieux chez les peuples qui nous paraissent en
posséder les origines, c’est que les artistes les plus anciens de la terre
furent les prêtres, qui aimaient la poésie du mystère et qui en connais-
saient tout le pouvoir sur les consciences religieuses, toute l’importance
pour leur propre domination.

Limitation est donc l’instrument nécessaire de la sculpture, son
moyen obligé, mais son moyen seulement; car elle n’imite pas pour
imiter, elle imite pour représenter une idée ou un sentiment par une
image. C’est au point que l’imitation la plus directe, la plus sommaire lui
suffit d’abord. L’artiste ne prend à la réalité que ce dont il a besoin pour
être compris de ceux qui doivent le comprendre. Dans les premiers âges
de l’an, les plantes, les animaux, le corps humain sont figurés à l’état de
types acceptés, consacrés, à l’état de purs symboles. La plante régularisée
par le sculpteur est beaucoup moins une copie fidèle qu’une allusion aux
énergies de la nature. L’animal, moitié réel, moitié imaginaire, est le plus
souvent un emblème, quelquefois une énigme, un sphinx. Quant à la
figure de l’homme, roide, impassible, les bras collés au corps, elle pré-
sente une tête de profil sur une poitrine de face, ordinairement les deux
 
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