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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 6
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Hugo, Victor: Les rues et maisons du vieux Blois
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0526

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

longtemps. Vous Pavez reproduite comme je l’ai vue, toute
vieille, toute jeune, charmante. C’efl une de vos meilleures
planches. Je crois bien que la Rouennerie en gros, conflatée par
vous vis-à-vis l’hôtel d’Amboife, était déjà là de mon temps.
Vous avez un talent vrai & fin, le coup d’œil qui faifit le flyle,
la touche ferme, agile & forte, beaucoup d’efprit dans le burin
& beaucoup de naïveté, & ce don rare de la lumière dans
l’ombre. Ce qui me frappe & me charme dans vos eaux-fortes,
c’efl le grand jour, la gaieté, l’afpect fouriant, cette joie du
commencement qui eft toute la grâce du matin. Des planches
femblent baignées d’aurore. C’eft bien là Blois, mon Blois à
moi, ma ville lumineufe. Car la première imprefîion de l’arrivée
m’eft reliée. Blois eft pour moi radieux. Je ne vois Blois que
dans le foleil levant. Ce font là des effets de jeunefîe & de
patrie.

Je me fuis laiffé aller à caufer longuement avec vous,
Monfieur, parce que vous m’avez fait plaifîr. Vous m’avez pris
par mon faible, vous avez touché le coin lacré des fouvenirs.
J’ai quelquefois de la trifleffe amère, vous m’avez donné de la

A

trifleffe douce. Etre doucement trille, c’efl là le plaifîr. Je vous
en fuis reconnaiffant. Je fuis heureux qu’elle foit fi bien con-
fervée, b peu défaite, & fi pareille encore à ce que je l’ai vue
il y a quarante ans, cette ville à laquelle m’attache cet invifible
écheveau des fils de l’âme, impofîîbles à rompre, ce Blois qui
m’a vu adolefcent, ce Blois où les rues me connaiffent, où une
maifon m’a aimé, & où je viens de me promener en votre com-
pagnie, cherchant les cheveux blancs de mon père & trouvant
les miens.

Je vous ferre la main, Monfieur.
 
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