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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 6
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Lagrange, Léon: Le Salon de 1864, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0528

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502

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aucun intérêt à nous applaudir de l’élévation de la moyenne, constatons
avec tristesse l’absence d’une œuvre forte qui nous paye en une fois de
l’attention dépensée en détails

Ce qui donne à la figure humaine une physionomie, c’est l’idée, c’est
aussi le caractère. Le sentiment ne fait que glisser, la pensée marque :
la volonté, source du caractère, imprime sur les traits un cachet ineffa-
çable. Le Salon de I86/1 n’a pas de physionomie, parce qu’il ne s’y ren-
contre aucune de ces œuvres qui vivent par l’idée, parce qu’on y voit en
trop petit nombre ces études sérieuses qui vivent par le caractère. C’est
là ce que ne saurait remplacer l’abondance d’œuvres moyennes , offrant
pour toute idée et pour tout caractère l’aspect général de l’art. Combien
de fois, dans une assemblée, ne vous est-il pas arrivé de chercher des
physionomies, et vous ne trouviez que des têtes, appartenant de près ou
de loin au genre liomo?

D’autres causes contribuent à cette physionomie négative. Conten-
tons-nous d’en signaler deux. Sait-on dans quelle proportion comptent,
sur la liste des peintres exposants, les peintres nés à l’étranger ? Dans la
proportion d’un sixième L Tous sont plus ou moins naturalisés français
par l’éducation, les commandes ou les distinctions, je l’accorde. On con-
viendra néanmoins qu’un pareil fait suffirait à entamer singulièrement la
physionomie du Salon, s’il venait à l’idée de personne d’y chercher l’ex-
pression de l’art français en 186/i. Il ne peut être question, bien entendu,
de discuter ici l’hospitalité offerte à nos voisins. J’aime à croire qu’elle
est réciproque. J’admets volontiers que la qualité de Français, exigée
pour des actes souvent peu importants de la vie civile, cesse d’être une
condition légale dès qu’il 11e s’agit que de faire montre de talent et de
disputer des récompenses. Loin de nous la crainte que ces importations
étrangères lancent jamais nos artistes sur la route de l’imitation ! L’art
français consentirait-il à se modeler sur l’art d’outre-Rhin ? Et parce que
l’école de Munich, qui produisit Cornélius, Schadow et Overbeck, a cédé
la place aux maîtres plus aimables de Dusseldorf,' un destin analogue
menacerait-il l’école française? Il faudrait avoir l’esprit bien mal fait
pour le croire et pour voir dans M. Marchai le successeur de M. Ingres.
Toutefois, si les expositions annuelles doivent devenir des expositions
universelles au petit pied, osons applaudir le jury des récompenses, qui,
sur les quarante médailles de la peinture, n’en a accordé que six à des
peintres allemands, hollandais, belges et italiens. Puisque le souvenir
d’Albert Durer, de Rembrandt, de Rubens, de Raphaël et de Titien est

1,323 peintres exposants; 222 étrangers.
 
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