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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 1
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Arbaud, Léon: Mademoiselle Godefroid, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0044

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MAI) E M OISELL E COI) E F K 011 ).

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plus digne d’ètre atteint; et les hommes qui, comme Gérard, ont partagé ces grandes
convictions, paraîtront d’une autre trempe que ce qui s’agite autour de nous.

La réaction annoncée est-elle accomplie? Nous n’oserions l’affirmer;
mais ce qui nous paraît incontestable, c’est qu’il se produit dans l’opinion
publique un mouvement qui tend à replacer les maîtres de l’école de
David au rang qu’ils n’auraient jamais dû perdre dans l’admiration des
connaisseurs. Au reste, ce n’est point une discussion d’esthétique et
d’école que nous avons le projet de soulever ici, nous nous proposons un
but moins ambitieux : celui de faire connaître une femme à laquelle la
rare distinction de son esprit, l'élévation de son âme et son talent d’ar-
tiste eussent valu la renommée, si sa modestie et l’ardeur de son dévoue-
ment ne l’avaient fait s’effacer constamment et se fondre en quelque
sorte dans la personnalité plus haute de François Gérard, son maître
vénéré.

Vers 1727 ou 28, un jeune peintre du nom de Godefroid, originaire
d’Anvers, et sa femme, artiste comme lui, quittèrent leur ville natale et
vinrent se fixer à Paris. On ne sait trop quelle était fa valeur de leurs
pinceaux; mais, à défaut de grands talents, ils pratiquaient et appor-
tèrent en France le secret du rentoilage des tableaux, opération qui,
jusqu’alors inconnue chez nous, était environnée d’un grand mystère.
Ils firent rapidement de fort brillantes affaires, et avaient sept enfants
lorsque le malheureux Godefroid fut tué en duel par un Hollandais,
Oukstout, son rival dans la restauration et le rentoilage des tableaux.
La veuve avait heureusement du courage et de la tête, elle continua
l’industrie de son mari avec l’aide de son fils aîné, Ferdinand-Joseph,
âgé de dix-huit à vingt ans. Mais le jeune homme n’ignorait pas que
Oukstout avait assailli son père au sortir d’un déjeuner et traîtreusement
profité du trouble où il était pour lui ôter la vie, et il ne respirait que la
vengeance. Ayant un jour rencontré son ennemi sous un guichet du
Louvre, il le poursuivit l’épée à la main et l’eût tué sans un tourniquet
dont l’homme profita pour s’esquiver. L’affaire fit assez de bruit pour
arriver aux oreilles de M. de Marigny, surintendant général des bâtiments.
Godefroid, souvent employé par le roi, était connu de Louis XV, qui
s’intéressait à sa veuve. On arrangea que Ferdinand Godefroid, qui suivait
la peinture et annonçait de belles dispositions, irait passer quelques
années à Rome, et on lui donna une pension avec laquelle il y séjourna
sept ans. Ce Ferdinand-Joseph fut le père de notre héroïne, Marie-
Éléonore, qui naquit à Paris le 29 juin 1778.

Quelques notes manuscrites de cette femme distinguée, dont le sou-
 
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