DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Arbaud, Léon: Mademoiselle Godefroid, [1]
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
permets de montrer mon griffonnage, veut bien servir un peu à me donner les moyens
de me défendre ou de me venger de petits dégoûts par le succès que cela m’assure à
la première visite de l’empereur, j’en serois reconnaissante. C’est une terrible chose
qu’un brimborion de petite célébrité, lui qui doit connaître le poids d’une vraie gloire ;
il verra que non-seulement le bien, mais le modeste mieux blesse tous les hommes et
qu’il y a un certain penchant de taper fort sur ceux dont on a un peu parlé. Hélas!
ma chère amie, dix mille et même six mille livres de rente m’eussent assuré bien du
repos, et je n’aurois pas brigué les succès de pédante en titre si je les avois eues; il faut
donc prendre tout cela comme nécessité, se défendre par les soins et le travail, et
patienter avec une résignation d’autant mieux motivée, qu’il n’y a pas un grand nombre
d’années à le supporter encore.
Dis-moi où en est le portrait de cette pauvre Adèle.
Mme y0isin ira te voir lundi.
GENEST CAMPAS.
La surintendante d’Écouen ne se trompait pas en voulant appuyer
son crédit chancelant sur l’amour que l’empereur portait à son fils. La
prédilection de Napoléon pour le portrait que Gérard avait fait du roi
.de Rome, l’émotion avec laquelle il avait vu pour la première fois cette
image de celui que son orgueil paternel aimait à croire l’héritier de son
empire, nous a été attestée par un billet du baron de Beausset, préfet du
palais :
M. T) E BEAUSSET, PRÉFET DU PALAIS, BARON DE L’EMPIRE.
Du camp de Mozaisck, 10 septembre 1812.
Mandez à Gérard qu’il a fait un chef-d’œuvre. Voilé, mon cher Apelles, les
expressions de Sa Majesté l’Empereur en contemplant les traits augustes du roi de Rome.
Ces mots disent plus que je ne pourrais vous en dire, et seront votre plus belle récom-
pense. Je suis arrivé à la tente de l’Empereur la veille de la grande et mémorable
bataille du 7. Sa Majesté n’a pu se refuser au plaisir de faire admirer votre portrait du
plus bel enfant de l’Empire par les officiers généraux de sa cour et de son état-major.
Il a été présenté à leur admiration, pendant quelques minutes, devant la tente de Sa
Majesté.
Recevez, etc. de beausset.
Il est midi, le canon gronde aux avant-postes, et probablement dans quelques jours
nous serons à Moscou, dont nous ne sommes plus qu’à vingt lieues.
Nous n’en avons pas Uni avec la correspondance de M'ne Gampan,
d’autres événements politiques nous y ramèneront; il nous faut à présent
essayer de peindre la brillante existence de Gérard et faire apprécier la
noble hospitalité qu’il offrait aux artistes et aux gens de lettres, et dont
M"e Godefroid aidait à faire les honneurs avec tant de réserve, de tact
et de discrétion.
LÉON A R HAUT).
(/.g suite prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
permets de montrer mon griffonnage, veut bien servir un peu à me donner les moyens
de me défendre ou de me venger de petits dégoûts par le succès que cela m’assure à
la première visite de l’empereur, j’en serois reconnaissante. C’est une terrible chose
qu’un brimborion de petite célébrité, lui qui doit connaître le poids d’une vraie gloire ;
il verra que non-seulement le bien, mais le modeste mieux blesse tous les hommes et
qu’il y a un certain penchant de taper fort sur ceux dont on a un peu parlé. Hélas!
ma chère amie, dix mille et même six mille livres de rente m’eussent assuré bien du
repos, et je n’aurois pas brigué les succès de pédante en titre si je les avois eues; il faut
donc prendre tout cela comme nécessité, se défendre par les soins et le travail, et
patienter avec une résignation d’autant mieux motivée, qu’il n’y a pas un grand nombre
d’années à le supporter encore.
Dis-moi où en est le portrait de cette pauvre Adèle.
Mme y0isin ira te voir lundi.
GENEST CAMPAS.
La surintendante d’Écouen ne se trompait pas en voulant appuyer
son crédit chancelant sur l’amour que l’empereur portait à son fils. La
prédilection de Napoléon pour le portrait que Gérard avait fait du roi
.de Rome, l’émotion avec laquelle il avait vu pour la première fois cette
image de celui que son orgueil paternel aimait à croire l’héritier de son
empire, nous a été attestée par un billet du baron de Beausset, préfet du
palais :
M. T) E BEAUSSET, PRÉFET DU PALAIS, BARON DE L’EMPIRE.
Du camp de Mozaisck, 10 septembre 1812.
Mandez à Gérard qu’il a fait un chef-d’œuvre. Voilé, mon cher Apelles, les
expressions de Sa Majesté l’Empereur en contemplant les traits augustes du roi de Rome.
Ces mots disent plus que je ne pourrais vous en dire, et seront votre plus belle récom-
pense. Je suis arrivé à la tente de l’Empereur la veille de la grande et mémorable
bataille du 7. Sa Majesté n’a pu se refuser au plaisir de faire admirer votre portrait du
plus bel enfant de l’Empire par les officiers généraux de sa cour et de son état-major.
Il a été présenté à leur admiration, pendant quelques minutes, devant la tente de Sa
Majesté.
Recevez, etc. de beausset.
Il est midi, le canon gronde aux avant-postes, et probablement dans quelques jours
nous serons à Moscou, dont nous ne sommes plus qu’à vingt lieues.
Nous n’en avons pas Uni avec la correspondance de M'ne Gampan,
d’autres événements politiques nous y ramèneront; il nous faut à présent
essayer de peindre la brillante existence de Gérard et faire apprécier la
noble hospitalité qu’il offrait aux artistes et aux gens de lettres, et dont
M"e Godefroid aidait à faire les honneurs avec tant de réserve, de tact
et de discrétion.
LÉON A R HAUT).
(/.g suite prochainement.)