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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Mantz, Paul: Sonnets et eaux-fortes
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0059

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GAZETTE I)HS BEAUX-A IM S.

54

Bientôt le groupe est devenu légion, de nouvelles recrues ont grossi la
petite armée, et il est peu de peintres qui ne puissent griffonner, sur
un bout de cuivre, une piquante eau-forte. Plus d’un qui, il y a vingt
ans, ne songeait pas à ce moyen d’expression, est heureux aujourd’hui de
pouvoir ajouter à l’éloquence de son pinceau celle de la gravure, et
surtout de cette gravure qui, dans son brillant caprice, exprime si bien
l’esprit de la France.

Et comme toutes les formes de l’art ont entre elles une solidarité
mystérieuse, on a pu voir reparaître, en même temps, dans la poésie
rajeunie aux sources d’une inspiration meilleure, les rhythmes longtemps
négligés, les combinaisons mélodiques injustement tombées en oubli.
Les poètes se sont repris d’une belle passion pour une de ces formes qui,
bien à tort, était passée démodé, le sonnet, et les chefs-d’œuvre du genre
ayant été amoureusement étudiés, notre école en a bientôt compris la
grâce et le tour.

Le sonnet est une des préoccupations des poètes de la génération
nouvelle ; on s’y applique avec succès dans cette libre académie qui a
établi ses assises chez un libraire du passage Choiseul, M. A. Lemerre,
et dont les membres nous ont donné, en réunissant leurs efforts, le Par-
nasse contemporain, et, isolés, toute une série de gracieux volumes qui
représentent si bien la poésie d’aujourd’hui, peut-être même celle de
demain. Ces deux formes, la nouvelle poésie et l’eau-forte nouvelle ne
pouvaient longtemps s’ignorer; on s’est rencontré, on s’est aisément
entendu. L’éditeur, M. Lemerre, a voulu marier ces deux jeunesses, et
l’on assure que notre camarade Burty a dressé le contrat en qualité de
tabellion.

De là est né le recueil que nous annonçons et qui, par la nouveauté
du spectacle qu’il présente aux yeux, par l’intérêt qu’il éveille pour l’es-
prit, paraît devoir faire quelque bruit dans Paris.

Les traditions de la Gazelle ne lui permettent pas de s’immiscer dans
la discussion des questions littéraires; mais, outre qu’il est pour la poésie
des grâces d’état, nous aurions peine à séparer, dans notre critique, les
deux éléments, d’ailleurs si parfaitement harmonieux, que les auteurs ont
voulu réunir. Du reste, sous la main des poètes de la génération nou-
velle, le sonnet est absolument une œuvre d’art. Sans dépasser nos fron-
tières, nous pouvons parler d’un sonnet, comme nous parlerions d’un
émail, d’un camée ou d’un bijou. La renaissance du petit poème de
quatorze vers a coïncidé avec celle de tous les arts que nous aimons.
C’est au moment où reparaissaient la ciselure, l’émaillerie, l’industrie du
métal ouvré que les poètes de l’heure glorieuse, les poètes de 1830 ont
 
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