L’ACADÉMIE DE FRANCE A ROME.
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Les premiers statuts de l’Académie furent arrêtés par Colbert le
li février 1(366. 11 serait inutile d’en reproduire le texte, imprimé déjà
deux fois1. Les principaux articles portent sur le respect de la religion et
des choses saintes, nécessaire dans un établissement « dédié à la vertu ; »
sur l’union des élèves ; sur leur nomination, attribuée au surintendant des
Bâtiments, arts et manufactures, à la condition qu’il les choisirait
parmi les lauréats de l’Académie de Paris; sur leur nombre, fixé à douze
(six peintres, quatre sculpteurs, deux architectes); sur les heures du tra-
vail et de la prière; sur l’objet des études. Les jeunes artistes, entretenus
aux frais du roi, devaient s’occuper à faire pour lui seul, et sous les
ordres d’un recteur, des copies de tous les beaux tableaux de Rome, des
statues d’après l’antique, des plans et élévations de tous les édifices
remarquables. Ils étaient obligés de suivre, en outre, des cours de mathé-
matiques, de perspective et d’anatomie. 11 leur était laissé un jour de
congé par semaine, le jeudi. Un prix devait être décerné chaque année,
le jour de la Saint-Louis, au plus méritant. Enfin l’Académie était ouverte
gratuitement à tous les gens du dehors qui voudraient y venir dessiner
au moment de la pose du modèle ; disposition libérale, qui amena par la
suite la création de places d’externes, donnant droit au logement seul,
sans la pension.
Le poste de recteur, réservé aux peintres du roi et aux anciens offi-
ciers de l’Académie de Paris, fut confié, comme on l’a vu, à Charles
Er rard. Cet artiste, à la fois peintre et architecte, avait déjà visité l’Italie
en 1627, en compagnie de son père, peintre comme lui, de son frère et
de Claude le Lorrain 2 ; il y était retourné une seconde fois, envoyé par
Sublet des Noyers, alors surintendant des Bâtiments et protecteur des
arts 3. Il avait donc une connaissance très-suffisante des merveilles de
Rome, et, s’il n’était pas lui-même un maître de premier ordre, il pou-
vait, mieux que beaucoup d’autres, diriger la jeunesse dans l’étude des
chefs-d’œuvre anciens et modernes. Il fit ses adieux à l’Académie de pein-
ture le 6 mars 1666, après lui avoir présenté les douze jeunes gens qu’il
emmenait avec lui 4 5. Les noms de ces premiers pensionnaires ne sont pas
tous venus jusqu’à nous : mais on comptait parmi eux les peintres Cor-
neille jeune et Monnier, le sculpteur Raon, et sans doute aussi l’un des
fils de Jacques Sarrazin, peintre et sculpteur du roi 3.
1. Dict. de l’Acad. des beaux-arts, art. cité; P. Clément, V, 510.
2. Jal, Dictionn., art. Errard.
3. Mëm. inédits, etc., I, 74.
4. V. les procès-verbaux conservés à l'École des beaux-arts.
5. Arch. de l’art français, V, 275; lettre d’Errard du 13 août 1669.
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Les premiers statuts de l’Académie furent arrêtés par Colbert le
li février 1(366. 11 serait inutile d’en reproduire le texte, imprimé déjà
deux fois1. Les principaux articles portent sur le respect de la religion et
des choses saintes, nécessaire dans un établissement « dédié à la vertu ; »
sur l’union des élèves ; sur leur nomination, attribuée au surintendant des
Bâtiments, arts et manufactures, à la condition qu’il les choisirait
parmi les lauréats de l’Académie de Paris; sur leur nombre, fixé à douze
(six peintres, quatre sculpteurs, deux architectes); sur les heures du tra-
vail et de la prière; sur l’objet des études. Les jeunes artistes, entretenus
aux frais du roi, devaient s’occuper à faire pour lui seul, et sous les
ordres d’un recteur, des copies de tous les beaux tableaux de Rome, des
statues d’après l’antique, des plans et élévations de tous les édifices
remarquables. Ils étaient obligés de suivre, en outre, des cours de mathé-
matiques, de perspective et d’anatomie. 11 leur était laissé un jour de
congé par semaine, le jeudi. Un prix devait être décerné chaque année,
le jour de la Saint-Louis, au plus méritant. Enfin l’Académie était ouverte
gratuitement à tous les gens du dehors qui voudraient y venir dessiner
au moment de la pose du modèle ; disposition libérale, qui amena par la
suite la création de places d’externes, donnant droit au logement seul,
sans la pension.
Le poste de recteur, réservé aux peintres du roi et aux anciens offi-
ciers de l’Académie de Paris, fut confié, comme on l’a vu, à Charles
Er rard. Cet artiste, à la fois peintre et architecte, avait déjà visité l’Italie
en 1627, en compagnie de son père, peintre comme lui, de son frère et
de Claude le Lorrain 2 ; il y était retourné une seconde fois, envoyé par
Sublet des Noyers, alors surintendant des Bâtiments et protecteur des
arts 3. Il avait donc une connaissance très-suffisante des merveilles de
Rome, et, s’il n’était pas lui-même un maître de premier ordre, il pou-
vait, mieux que beaucoup d’autres, diriger la jeunesse dans l’étude des
chefs-d’œuvre anciens et modernes. Il fit ses adieux à l’Académie de pein-
ture le 6 mars 1666, après lui avoir présenté les douze jeunes gens qu’il
emmenait avec lui 4 5. Les noms de ces premiers pensionnaires ne sont pas
tous venus jusqu’à nous : mais on comptait parmi eux les peintres Cor-
neille jeune et Monnier, le sculpteur Raon, et sans doute aussi l’un des
fils de Jacques Sarrazin, peintre et sculpteur du roi 3.
1. Dict. de l’Acad. des beaux-arts, art. cité; P. Clément, V, 510.
2. Jal, Dictionn., art. Errard.
3. Mëm. inédits, etc., I, 74.
4. V. les procès-verbaux conservés à l'École des beaux-arts.
5. Arch. de l’art français, V, 275; lettre d’Errard du 13 août 1669.