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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 2
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Triqueti, Henri Joseph François de: Un tableau de Michel-Ange dans la Galerie Nationale de Londres
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0165

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158

GAZETTE I)ES BEAUX-ARTS.

Si l’état dans lequel on a trouvé la Mise au tombeau l’empêche
d’égaler en beauté les deux autres, on a cependant le droit de dire
qu’elle l’emporte de beaucoup sur elles, par l’importance de la compo-
sition .

Ainsi que la Vierge de lord Taunton, ainsi que le plus grand nombre
des œuvres de cet impatient génie, la Mise au tombeau est restée ina-
chevée : on remarque trois états distincts dans la peinture de ce panneau,
les deux tiers presque sont terminés, du troisième une moitié est restée
à l’état d’ébauche, le reste montre l’apprêt blanc que le peintre n’a point
recouvert.

La composition devait être de sept figures, mais six seulement ont
été peintes : la place de la septième est restée vide, on ne la reconnaît
que par sa silhouette extérieure.

Le panneau porte 5 pieds 1/2 de hauteur sur 5 de large, mesure
anglaise, revenant à 1 m. 52 cent., sur 1 m. 67 cent.

Au milieu, la ligure du Christ mort, d’environ 1 m. 30 de proportion,
paraît de face, supportée à droite par une femme vue de dos, à gaiîche
par saint Jean vu de face : ils transportent le corps à l’aide d’une bande
de toile passée sous les cuisses, tandis que Joseph d’Arimathie placé
derrière le Christ soutient la partie supérieure par l’appui que sa poitrine
offre à la tête divine, et par une seconde bande de toile qui traverse les
pectoraux et passe sous les bras.

Au premier plan du tableau à gauche, une femme assise à terre semble
destinée à porter un vase rempli d’aromates ; une figure dans une position
analogue est restée en blanc dans l’angle droit.

Au-dessus de ce vide, on voit au second plan une femme; évidem-
ment l’une des Maries. Ses bras étendus expriment la douleur : il est pro-
bable que la figure de femme vue de dos et soutenant le Christ est Marie
Madeleine.

Le Christ est entièrement peint. Sa tête admirable de beauté porte
un type qui n’appartient qu’à Michel-Ange. Un ton gris uniforme, d’une
extrême finesse, convenant à la couleur livide d’un corps mort, a permis
au grand peintre de modeler ses formes comme un marbre; il semble voir
une statue. Le dessin en est d’une élégance remarquable, même dans ses
défauts : ainsi les extrémités sont trop petites, mais d’une beauté digne
de l’antique.

L’inertie de la mort est supérieurement rendue dans le mouvement
des jambes et des pieds traînant sur le sol, et dans l’abandon de la tête.

bien qu’authentique et pleine d’intérêt, elle ne peut figurer dans l’œuvre du grand
maître qu’à titre d’intéressante curiosité.
 
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