DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Les collectionneurs de l'ancienne France, [1]: notes d'un amateur
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0283
268
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
plus belle page d’architecture qu’aucun artiste ait produite depuis la
Renaissance », le Louvre, est un « monument tout français, élevé par un
génie français pour des princes français, et dont on chercherait vainement
non-seulement le modèle, mais l’égal en Italie 1 ». La France a définiti-
vement reconquis la place quelle avait perdue depuis le xme siècle.
Ainsi la Renaissance a retenu de l’architecture gothique ce qui était
purement national : la franchise d’allures, la variété des plans, l’agré-
ment des façades, la multiplicité des ouvertures, l’heureux ajustement
des lucarnes et des cheminées, la silhouette de la toiture, la convenance
générale. Avec ces éléments assaisonnés d’une dose d’esprit italien 2, nos
artistes ont heureusement tempéré la sévérité un peu monotone des
ordonnances antiques. Grâce à l’intelligence de ces excellents ouvriers,
l’art français, en changeant de vêtement, n’a pas changé de caractère.
Ap,çès Henri II, l’influence de Catherine de Médicis réussit encore pen-
dant quelques années à maintenir l’art à son niveau. Catherine avait
apporté en France les collêctions de sa famille. Il lui fallait un écrin digne
d’un pareil trésor; elle fit choix de Philibert Delorme et de Jean Bullant,
qui lui bâtirent les Tuileries. Combien l’étoile italienne avait dû pâlir pour
*»
qu’en 1564 une Médicis s’adressât de préférence à des architectes
français !
Mais déjà la Renaissance touche elle-même à son déclin. Les troubles
civils et les persécutions religieuses ont jeté le désarroi parmi les artistes;
un grand nombre de cabinets ont été pillés et dispersés. Vienne la Ligue,
et les beaux-arts, encore tout meurtris, recevront le dernier coup, et la
curiosité sombrera dans le naufrage général.
1. Léon Vaudoycr, Entretiens sur l’architecture.
2. L. Vitet, Eustache Lesueur.
UN AMATEUR.
{La fin prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
plus belle page d’architecture qu’aucun artiste ait produite depuis la
Renaissance », le Louvre, est un « monument tout français, élevé par un
génie français pour des princes français, et dont on chercherait vainement
non-seulement le modèle, mais l’égal en Italie 1 ». La France a définiti-
vement reconquis la place quelle avait perdue depuis le xme siècle.
Ainsi la Renaissance a retenu de l’architecture gothique ce qui était
purement national : la franchise d’allures, la variété des plans, l’agré-
ment des façades, la multiplicité des ouvertures, l’heureux ajustement
des lucarnes et des cheminées, la silhouette de la toiture, la convenance
générale. Avec ces éléments assaisonnés d’une dose d’esprit italien 2, nos
artistes ont heureusement tempéré la sévérité un peu monotone des
ordonnances antiques. Grâce à l’intelligence de ces excellents ouvriers,
l’art français, en changeant de vêtement, n’a pas changé de caractère.
Ap,çès Henri II, l’influence de Catherine de Médicis réussit encore pen-
dant quelques années à maintenir l’art à son niveau. Catherine avait
apporté en France les collêctions de sa famille. Il lui fallait un écrin digne
d’un pareil trésor; elle fit choix de Philibert Delorme et de Jean Bullant,
qui lui bâtirent les Tuileries. Combien l’étoile italienne avait dû pâlir pour
*»
qu’en 1564 une Médicis s’adressât de préférence à des architectes
français !
Mais déjà la Renaissance touche elle-même à son déclin. Les troubles
civils et les persécutions religieuses ont jeté le désarroi parmi les artistes;
un grand nombre de cabinets ont été pillés et dispersés. Vienne la Ligue,
et les beaux-arts, encore tout meurtris, recevront le dernier coup, et la
curiosité sombrera dans le naufrage général.
1. Léon Vaudoycr, Entretiens sur l’architecture.
2. L. Vitet, Eustache Lesueur.
UN AMATEUR.
{La fin prochainement.)