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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 5
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Burty, Philippe: La collection du Lau
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0496

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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ton et d’arrangement. Puis, après avoir noté une très-violente aquarelle
de M. Eugène Lami, une Marie-Stuart, peut-être, je passe aux paysa-
gistes.

D’abord deux Decamps, deux scènes de chasse à la bécasse ; l’une
d’elles a été lithographiée dans les Artistes contemporains sous ce titre
le Chasseur. Le temps les a émaillés d’une patine qui pourrait lutter
avec les majoliques de maestro Giorgio ; — puis un Ziem, un Coucher de
soleil à Venise, sur la lagune qui s’étend au delà de l’entrée de la Zu-
decca; une gondole passe, rayant de son sillage l’eau, qui reflète
un ciel doux à l’œil comme un bouquet de violettes de Pai’me; —
un Joncking, naïf et hardi comme le talent qui s’ignore; une vue de
l’ancien Pont-Neuf, avec ses boutiques en demi-cercle sur l’axe des
piles. Il sera très-intéressant de voir à quel prix montera cette œuvre
presque capitale d’un des coloristes les plus sincères de notre temps.
M. du Lau avait choisi, dans l’œuvre des maîtres que nous citons, avec
un goût très-sur, des œuvres qui les caractérisaient. Un bon Cabat, un
peu triste peut-être, mais non pas gourmé et sans préoccupation
d’institut; — un Corot, très-mâle, très-fermement établi, avec un ciel
comme les plus fins Hollandais l’ont entendu, c’est-à-dire voilé de vapeurs
moites et lumineuses et sans aucune déchirure de bleu; — un Daubigny,
pris dans un rayon de cinq lieues aux environs de Paris, un de ces bords
de rivière tranquille avec quelques cabarets et la maison du maire sur
le chemin de halage : c’est là que Daubigny excelle, et c’est par ces
toiles moyennes qu’il restera.

Puis, côte à côte, et comme luttant, l’un fiévreusement, l’autre avec
les sages ménagements d’un athlète jamais vaincu, un Jules Dupré
et un Théodore Rousseau. Le Jules Dupré, c’est un Chêne qui se dresse
sur le bord d’une mare où viennent boire les vaches et se découpe en
violence sur le ciel bleu, roulant des nuages ou blancs ou gris de tourte-
relle; au second plan, il y a un autre bouquet plus feuillu. Cette superbe
composition est bien connue; elle a été un des honneurs de la vente
Véron. — Au contraire Théodore Rousseau nous promène sur la rive ga-
zonnée d’une rivière qui coule, paresseuse et fraîche, au milieu d’un
pays boisé; c’est tout au commencement de l’été, et les verdures n’ont
pas dépouillé toute la tendresse du printemps ; la fraîcheur qu’on respire
est délicieuse. C’est, dans l’un et dans l’autre, avec des accents plus ou
moins vigoureux, de la poésie toute française, aimable, pénétrante, et
que l’on n’oublie plus.

J’ai regret de parler si brièvement d’œuvres qui disent elles-mêmes
 
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