LES ARTS A LA COUR DES MALATESTA AU XVe SIÈCLE. 47
Ce Roberto est l’original clu bas-relief de Paolo Romano, qu’on voit
au Louvre dans la salle de la Renaissance. Isotta devait avoir cinquante-
trois ans au moment de sa mort, si du moins on accepte la date que
nous fixons pour sa naissance.
Avec une telle femme aux côtés de Sigismond, on ne s’étonne point
que, de 1445 à 1465, cette petite cour des Malatesta ait jeté un aussi vif
éclat et tenu une telle place dans l’histoire des lettres, des sciences et
des arts en Italie. Le mouvement s’y développa avec une rare intensité;
ce petit port de l’Adriatique devint un centre intellectuel, un port de
refuge pour les lettrés et les artistes, toujours sûrs d’un favorable accueil.
Il ne fallut rien moins que la volonté toute-puissante d’un souverain
pontife, les offres brillantes du sénat de Venise, la jalousie toujours en
éveil des ducs d’Urbin, ou l’enthousiasme ardent des Este et le prestige
incomparable des Médicis, pour enlever à Rimini les artistes de premier
ordre qui vinrent consacrer leurs talents à Sigismond Malatesta, et aux-
quels il voulut, pour les mieux enchaînera sa cour, accorder le titre de
pensionnaires.
Je ne puis qu’indiquer d’un trait cette admirable période, aurore de
la grande Renaissance, digne d’une plus longue étude qui devra s’ap-
puyer sur les documents irréfutables. Sigismond a élevé dans la ville de
Rimini un monument qui, à lui seul, symbolise admirablement l’époque
de sa domination ; encore que ce monument soit une église ou plutôt un
temple et un Panthéon —■ on l’appelle aujourd’hui le Dôme, — San-
Francesco est connu dans l’histoire des arts en Italie sous le nom de
Tempio Malatesiiano. La monographie de ce temple ne peut s’écrire
qu’à la condition de se lier étroitement au récit de la vie de Sigis-
mond, de celle d’Isotta et des artistes qui furent leurs collaborateurs
dans cette œuvre considérable. Il y a eu là une pléiade, et, à San-Fran-
cesco, les satellites, par une pensée touchante et grandiose de Malatesta,
devaient reposer autour de ceux qui les avaient vivifiés par la chaleur de
leur enthousiasme. Nous retrouverons donc les poètes, les savants et les
artistes à notre entrée dans le temple des Malatesta; mais nous devions
nous arrêter au seuil afin de restituer d’abord les deux figures principales
de cette époque, à Rimini : celles de Sigismond fils de Pandolphe, et celle
d’Isotta degli Atti, sa maîtresse, plus tard sa femme, et la souveraine
de Rimini.
(La suite ‘prochainement.)
CHARLES YRIARTE.
Ce Roberto est l’original clu bas-relief de Paolo Romano, qu’on voit
au Louvre dans la salle de la Renaissance. Isotta devait avoir cinquante-
trois ans au moment de sa mort, si du moins on accepte la date que
nous fixons pour sa naissance.
Avec une telle femme aux côtés de Sigismond, on ne s’étonne point
que, de 1445 à 1465, cette petite cour des Malatesta ait jeté un aussi vif
éclat et tenu une telle place dans l’histoire des lettres, des sciences et
des arts en Italie. Le mouvement s’y développa avec une rare intensité;
ce petit port de l’Adriatique devint un centre intellectuel, un port de
refuge pour les lettrés et les artistes, toujours sûrs d’un favorable accueil.
Il ne fallut rien moins que la volonté toute-puissante d’un souverain
pontife, les offres brillantes du sénat de Venise, la jalousie toujours en
éveil des ducs d’Urbin, ou l’enthousiasme ardent des Este et le prestige
incomparable des Médicis, pour enlever à Rimini les artistes de premier
ordre qui vinrent consacrer leurs talents à Sigismond Malatesta, et aux-
quels il voulut, pour les mieux enchaînera sa cour, accorder le titre de
pensionnaires.
Je ne puis qu’indiquer d’un trait cette admirable période, aurore de
la grande Renaissance, digne d’une plus longue étude qui devra s’ap-
puyer sur les documents irréfutables. Sigismond a élevé dans la ville de
Rimini un monument qui, à lui seul, symbolise admirablement l’époque
de sa domination ; encore que ce monument soit une église ou plutôt un
temple et un Panthéon —■ on l’appelle aujourd’hui le Dôme, — San-
Francesco est connu dans l’histoire des arts en Italie sous le nom de
Tempio Malatesiiano. La monographie de ce temple ne peut s’écrire
qu’à la condition de se lier étroitement au récit de la vie de Sigis-
mond, de celle d’Isotta et des artistes qui furent leurs collaborateurs
dans cette œuvre considérable. Il y a eu là une pléiade, et, à San-Fran-
cesco, les satellites, par une pensée touchante et grandiose de Malatesta,
devaient reposer autour de ceux qui les avaient vivifiés par la chaleur de
leur enthousiasme. Nous retrouverons donc les poètes, les savants et les
artistes à notre entrée dans le temple des Malatesta; mais nous devions
nous arrêter au seuil afin de restituer d’abord les deux figures principales
de cette époque, à Rimini : celles de Sigismond fils de Pandolphe, et celle
d’Isotta degli Atti, sa maîtresse, plus tard sa femme, et la souveraine
de Rimini.
(La suite ‘prochainement.)
CHARLES YRIARTE.